La chronique de ce DVD a été modifiée afin que sa partie consacrée au son corresponde mieux aux critères hi-fi développés depuis quelques années. Nous tenons à présenter nos excuses pour les erreurs de jugement qui s'étaient glissées dans l'ancienne chronique et vous rappelons que si vous ne disposez pas d'un appareillage hi-fi adapté, particulièrement des décodeurs DTS ou Dolby Digital trop anciens ou mal exploités, vous pourrez subir à l'écoute de ce DVD des problèmes tels que des grésillements, des baisses intempestives de volume ou un mauvais équilibrage entre le caisson de basse et les différentes enceintes.

     


Des clips toujours soignés, belle identité visuelle, gros son qui tâche, excellent "best-of"

Note globale


Aurait mérité d'autres bonus que les vidéos amateurs présentes ici

Editeur : Sony Music Video
Durée totale : 1 h 33

- (PCM)

Image        PAL

Discographie (qui plante un peu)

Globalement, les clips sont très bien conservés. Effectivement, certains ont une définition plus hésitante que d'autres, et la colorimétrie qui tend vers les couleurs brûlées ou au contraire les gris pluvieux n'aide pas la compression. Mais dans l'ensemble on peut être satisfait.
La piste PCM est très ample, et très bien définie, un petit régal avec de la brillance partout. Le 5.1 aurait pu être génial, il n'est "que" bien, soigné mais avec quelques problèmes de niveaux et de compression audio. Et à ce propos, notez que le menu propose du DOBLY Digital : les fans de Spinal Tap apprécieront !!!
D'excellents clips, plus ou moins forts mais jamais mauvais ou inintéressants, et une sacrée plâtrée de bons titres que beaucoup d'entre vous ne connaissent peut-être pas encore : rattrapez-vous !
Une simple discographie, et des bribes de film amateur montrant le groupe en train de déconner et Mike Inez prendre soin de sa magnifique chevelure (chuis jaloux). Ca fait bien trop peu.

Il y a peut-être eu un malentendu au sujet d'Alice In Chains. On (et quand je dis on, j'inclus la presse, les acheteurs et les camarades musiciens) les a très rapidement catalogués dans la catégorie "grunge". Parce qu'ils avaient les cheveux gras, parce qu'ils venaient de Seattle et parce que le chanteur pleurait plus qu'il ne roucoulait. Et leur participation au film "Singles" (tiens, voilà un film qu'il serait bon de chroniquer ici, dix ans plus tard) a achevé de les propulser "grands copains de Nirvana, Pearl Jam et Soundgarden". Pourtant, à bien y regarder, les riffs plombés de Jerry Cantrell versaient bien plus dans le metal "pur" que dans ce grunge dont les exploits mélodiques ne sont pas ce qui en a fait la réputation. Cette compilation de clips, qui fait aussi office de best-of pour les non-initiés (il y en a beaucoup dans la jeune génération), permet de remettre les pendules à l'heure. Et si en 1994 vous passiez plus de temps devant votre ordinateur qu'à côté de votre chaine hi-fi, les plus fans de Doom en tomberont de leur siège en écoutant les riffs ultra-cultes de Them Bones et Angry Chair. Les autres tomberont encore et encore sur les lames qui se défont de la larme de le plafond en écoutant les merveilles que sont toutes les autres chansons, pratiquement sans exclusive.
Les compilations de clips sont pain béni pour les véritables amoureux des groupes, mais sont souvent perçus comme anecdotiques par les autres, et souvent à juste titre. Il faut une réelle valeur ajoutée pour que certaines se hissent au-dessus du panier. Fort heureusement, celle-ci en fait partie, car même si son achat n'est pas absolument indispensable à tout le monde, il faut avouer que la recherche artistique et l'univers pictural y sont plus soignés que d'habitude. C'est vrai que les années 90 ont hissé le niveau des clips de façon drastique, mais de la merde bien filmée, ça reste de la merde. Ici, nous avons un univers à la fois glauque et onirique ; cadavres d'insectes, vieillards croupissants, personnages en pâte à modeler et corps couverts de boue font des apparitions régulières, avec des photographies très soignées. On ne va pas dire que le paquet absolu a été mis sur le budget, mais il est indéniable que les réalisateurs responsables de tous ces clips, et crédités (ce qui est somme toute plutôt rare dans ces DVDs), ont un savoir-faire qui transpire à chaque plan. C'est beau. Enfin, c'est soigné, car 'beau' n'est certainement pas l'adjectif convenable, tant les images collent à l'univers poisseux, morbide, du groupe. Ici, pas de "mort" comme dans Slayer ou Opeth. Alice... préférait la maladie, celle qui pue, celle qui donne des cloques, celle qu'on est obligé de soigner et de subir quand on soigne, même si l'on est bien portant. A moins de laisser le malade crever, ce qui est une option souvent décrite dans des textes splendides déclâmés par le regretté Layne Stanley.
Stanley, dont le fantôme hante chaque seconde de ce programme. Avec son regard immanquablement triste, sa façon de chanter comme on prononce ses dernières volontés, il nous manque franchement. Le pire (ou est-ce le meilleur ?) étant le seul extrait du MTV Unplugged où, totalement affable physiquement, limite transparent, il délivre pourtant un chant hanté, passionné de l'intérieur. Et celà contraste d'autant plus cruellement avec les images backstages, placées entre chaque clip, je devrai même dire déplacées car elles tuent complètement l'unicité thématique desdits clips. On aurait préféré un hommage moins rigolard au chanteur, même si le fait de le voir rire juste avant de chanter Grind ne fait qu'amplifier la violence de ses propos : on a beau rire et rire encore, chacun a son démon qui le ronge ; lui, c'était les drogues dures (pour ceux qui ne le connaissent pas, les plus jeunes notamment, le chanteur a été retrouvé mort dans son appartement, plusieurs dizaines de jours après son décès, dans l'état que vous supposez et qui fait immanquablement penser à, justement, Grind). Et si la plupart des clips sont réussis, soignés, beaux dans leur laideur, et si l'on est extrêmement heureux de retrouver des extraits du sublime Jar of Flies (un EP composé et enregistré en 7 jours, une chanson par jour, et que des merveilles), il faut avouer que le clip de... Grind, revenons-y encore, est le plus émouvant car apparaît désormais comme incroyablement prophétique. On ne sait pas encore ce que donnera Alice avec un nouveau chanteur, mais il sera difficile d'oublier celui dont pourtant même les amis ne s'étaient pas inquiété pendant un mois d'un silence de... de mort.

Le DVD sorti par Sony propose les clips dans l'ordre chronologique avec une qualité d'image tout à fait convenable. Chacun des clips a été réalisé avec soin, et la colorimétrie comme le transfert vidéo ne font pas honte aux travaux des différents vidéastes (encore que les mêmes noms reviennent souvent, ce qui peut expliquer l'homogénéité picturale). Le chapitrage permet même aux plus courageux (et extrémistes) d'entre vous de zapper les petites séquences vidéo-gag pour ne garder que la musique, non stop. Musique présentée dans une stéréo PCM de très bonne facture et qui, sans ces foutues vidéos, aurait fourni un excellent best-of. La présence d'un format 5.1 est cependant le détail qui semblait le plus alléchant, et les premières secondes de We Die Young procurent une fantastique sensation de jouissance. Enfin, un groupe de hard avec un mixage soigné ! La spatialisation ne fait pas sa vierge effarouchée, et qu'on soit dans l'acoustique (magnifique I Stay Away) ou les grosses guitares doublées (Them Bones), c'est un régal. Sauf si vous avez un système de qualité moyenne. En effet, outre des problèmes de niveaux mal équilibrés (le son semble parfois à la limite de la rupture, sur ordinateur c'est la catastrophe), vous avez aussi un parfait exemple des limites du Dobly Dolby Digital, qui perd par moments les pédales et n'arrive pas à rendre justice à l'excellent travail de Toby Wright. Ou comment créer une chose belle et la retrouver légèrement déformée, comme pourrie de l'intérieur. Ce qui résume d'ailleurs le groupe : pas fauché en plein vol, mais lentement miné. Amoureux des tragédies, vous allez vous régaler : c'est plein de sang, d'horreur, de souffrance. Et avec une bande-son d'enfer. D'enfer, vraiment.


28-09-2006

(PS : The Drinking Game. Allez zou ! on boit une bière à chaque fois que j'ai écrit le mot 'soigné' !!!)

1990 - 1996


01. We die young
02. Man in the box
03. Sea of sorrow
04. Would ?
05. Them bones
06. Angry chair
07. Rooster
08. What the hell have I ?
09. Down in a hole
10. No excuses
11. I stay away
12. Grind
13. Heaven beside you
14. Again
15. Over now
16. Get born again