Des musiciens hors du commun à la technique époustouflante, une variété orchestrale inattendue, un show purement musical mais rôdé au millimètre

Note globale


Un tout petit manque de flamboyance dans l'image (mais très peu), un titre raté de A à Z, et un disque qui ne va pas vous faire faire que des amis !

Editeur : Sony / BMG
Durée totale : 2 h 04

 - - (PCM)

Image        PAL

Film de la tournée US (7 min non st)
EPK de Repressed (4 min non st)

La configuration de la salle fait qu'il y a peu de couleurs, et une fumée créant une sorte de voile. Et le montage a du mal à ralentir. Sinon, la définition est exemplaire, la compression se débrouille pas trop mal vu la fumée et le manque de place, et c'est une image classe.
De quoi se régaler : un PCM très précis, un 5.1 qui bourrine, un DTS qui mélange un peu les deux, peu de spatialisation mais un public en transe derrière vous. Du très beau travail surtout vu la configuration si particulière du groupe.
Mélange d'harmonies, de solis mélancoliques et de frénésie métallique contagieuse, ce concert court mais très intense a de quoi laisser tous les publics sur le carreau. Du grand art, ne manque que One de Metallica et c'était le concert de musique classique parfait ;-)
Des clips très beaux et montrant une autre facette de ce combo hors-normes. Un mini-reportage montrant autre chose que des jeunes cons bourrés à la bière. Bémol : une chanson nulle à tous les niveaux. Sinon, c'est très sympathique, rien à redire.

! Avouez que vous n'avez jamais lu une chronique débutant par une lettrine "!". Pourtant, si j'étais fainéant, ça résumerait parfaitement ce que tout être normalement constitué ressent à la vision et l'écoute de ce disque versatile (c'est bien le mot). Mais d'abord, une petite précision : pourquoi avoir placé ce DVD dans la catégorie classique ? Pour plein de raisons, la plupart pernicieuses d'ailleurs. La plus importante, et là je vais me faire plein de copains, c'est que ce DVD tient essentiellement en quatre violoncellistes, qui jouent sur instruments d'époque (je ne vous explique pas les assurances), et donc que intrinsèquement ce disque devrait intéresser avant tout les amateurs de musique classique. Excellente excuse pour qu'ils achètent ce concert et se prennent en plein dans la gueule tous les préjugés du monde, car la vraie raison d'avoir placé Apocalyptica en "classique", la raison profonde, jouissive en diable, c'est que les fans de metal ont souvent montré beaucoup plus d'ouverture d'esprit que les fans de classique. Paf, dans la face, c'est gratuit. Non, pas gratuit. Payant : 23 euros. Le prix que paieront les Ayatollah du classique pour essayer de comprendre comment tant de génie peut se cacher derrière le crâne de 4 chevelus tatoués.
Car Apocalyptica, c'est génial. Véritablement génial. Le fait de se tenir uniquement à 4 instruments, de plus assez ingrats aux yeux et oreilles du grand public, donne au quartet une force inédite. Le son global du concert est d'une richesse infinie : en mélodique, en contrepoint, en alto (pas souvent mais très bien), et surtout en rythmique, c'est éblouissant de virtuosité et de maîtrise ; dans les moments les plus thrashs, le son d'un archet crissant sur une corde est exactement, vraiment exactement le même que celui d'un médiator qui torture la partie haute (...donc basse) d'une guitare électrique. Du coup, vous avez sur scène, dans le public et dans vos enceintes, une furie tellurique apocalyptique MAIS qui reste techniquement dans le girond du classique. De quoi headbanger comme un malade (testé et approuvé), tout en restant ultimement classe. Et au niveau purement musical, cette formule inédite et couillue en diable me rappelle les musiques de vieux jeux vidéo : des tas de limites qui au final font exploser lesdites limites. Un instrument pour la basse, un pour la mélodie, un pour la rythmique, un pour la tierce ou la quinte, plus un batteur pour donner de la fougue (car à ses débuts Apocalyptica sans batteur était un peu redondant, pour rester poli), et une fois ces jalons posés, il ne reste plus que le talent mélodique à l'état pur.
Pour une formation aussi jeune, et avec une telle configuration, leur sens du show est impressionnant : le spectacle est parfaitement rôdé, la setlist alterne reprises et morceaux originaux, ballades et furies thrash avec bonheur, les musiciens n'hésitent pas à mouiller le maillot et jouer parfois dans des positions inattendues, bien loin des canons d'un quatuor à cordes habituel. On pouvait craindre certaines reprises, à tort : elles passent très bien, contenant même leur lot de surprises. Certains écarquilleront les yeux en voyant les solos de Kirk Hammett repris à la note près sur un tel instrument ! Les amateurs de choses plus calmes et les amoureux du violoncelle dit "classique" ne seront pas en reste, les images (au montage parfois trop rapide, sans être abrutissant) leur permettant de goûter avec délectation les différentes techniques de ces jeunes gens. Le détail qui tue : la furie barbare de certains morceaux ne les empêchent pas entre chaque morceau de devoir s'asseoir tranquillement et de passer un petit coup de colophane sur l'archet comme un bon violoncelliste syndiqué jouant du Mozart sur partition !

Comble du bonheur, le ramage et le plumage coïncident. L'image est classieuse, un 16/9 qui sied au classique comme une pantoufle de vai... de ve... comme une charentaise. Deux défauts cependant : un montage un peu trop vif, même si c'est très regardable (c'est surtout qu'on aimerait s'attarder sur certains plans), et une colorimétrie parfois trop blanche. Sinon, ça sent le travail de pro. Pareil pour le son : la stéréo est en PCM histoire de profiter des crissements d'archet, le 5.1 fait la part belle au caisson de basse sur la batterie, et le DTS explose (dans tous les sens du terme) en rendant le tout très compact et violent. Les bonus sont sympathiques aussi : clips (très réussis) et petit documentaire beaucoup plus intéressant que d'habitude. Deux bémols : le son du clip Seemann outrageusement compressé jusqu'à en donner la nausée (...c'est peut-être conceptuel vu le texte ?), et le clip de Repressed, un peu pourri, autant que la chanson et autant que son EPK (c'est ce qui s'appelle persévérer dans l'erreur). C'est pas grand-chose, ces petits manques, car globalement on a affaire à une surprise de taille, qui plaira autant aux amateurs de classique de que de metal, de rock instrumental ou de choses peu communes. La classe, tout simplement. Ou comment suer comme un boeuf et secouer les cheveux dans tous les sens en gueulant "oï oï", mais en smoking, s'il vous plaît. Eve Ruggieri, André Duo, vous êtes priés de vous présenter à l'accueil, y'a un paquet pour vous !


19-12-2006

2005 - Düsseldorf (Allemagne)


01. Path
02. Master of puppets
03. Somewhere around nothing
04. Fight fire with fire
05. Quutamo
06. Heat
07. Betrayal
08. Nothing else matters
09. Hope
10. Life burns
11. Fisheye
12. Bittersweet
13. Seek and destroy
14. Prologue
15. Creeping death
16. Inquisition symphony
17. Enter sandman
18. Refuse / Resist
19. Hall of the mountain king

   Clips
01. Bittersweet
02. Life burns
03. En vie
04. Faraway vol. 2
05. Somewhere around nothing
06. Seemann
07. Repressed


Eicca Toppinen, Paavo Lötjönen - Violoncelle   
   Perttu Kivilaasko, Antero Manninen - Violoncelle
Mikko Siren - Batterie