Album charnière, ici en CD avec un remaster excellent, quelques sons "digged out" from zeu mixage, final de la dernière chanson au 5.1 diabolique, bonus sympa

Note globale


Gros problèmes du 5.1, tant techniquement qu'artistiquement, et globalement le sentiment que l'labum le plus "important" a été le moins choyé - et en plus il manque les deux faces B !

Editeur : Music for Nations
Durée totale : 1 h 42

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Image        NTSC

Une seule image par chanson, et "qui bouge". Qui bouge certes, mais également qui sent le Adobe After Effects approximatif, désolé les gars ! Le documentaire est curieusement regardable pour du camescope amateur de 1999.
Album complet en 5.1 (67 min)
Making-of (34 min, PCM, st uk sur les passages en suédois)
Livret et magnifique digibook comme d'habitude
Cette fois c'est la déception : certes les spatialisations sont de plus en plus nombreuses et intéressantes, mais c'est au détriment de la fluidité du mixage, et pire, de la qualité d'un élément assez important et pourtant souvent oublié qu'on appelle le son.
Sur mon échelle personnelle il ne mérite "que" 8, un énorme huit bien brillant, mais il faut avouer que ce disque est purement essentiel dans l'histoire du metal de ces quarante dernières années. Austère, violent, mais avec un fond "commercial" qui solidifie le tout, résistant aux années, aux armes, aux guerres.
Le documentaire est très bordélique et à mon avis n'avait même pas vocation à être rendu public un jour. Il n'empêche qu'il regorge de petites phrases intéressantes, et sous-titrées anglais qui plus est. Et comme d'habitude, le packaging est somptueux et le rapport qualité-prix plus qu'honnête.
Qu'ils soient méritants ou non, tous les albums culte ont ceci de commun qu'on les reconnaît de loin. Même banale, leur pochette devient emblématique. On la retrouve sur les sacs en bandoulière, en poster, en fond d'écran de portable, en pin's (vous vous souvenez des pin's, messieurs les publicitaires qui imposez vos cacas nerveux en les rebaptisant "fashion" ?). Dans le cas de votre serviteur, c'est avec un peu de malice, et non sans fierté, que j'exhibe quotidiennement à mon poignet gauche une montre Blackwater Park. C'est donc que cet album doit bien vouloir dire quelque chose. Et en vérité, alors que le XXIème siècle débutait à peine et que nous redoutions la mort totale de la musique, au profit d'un indéboulonnable triumvirat Hélène Segara - Papa Pingouin - Wesh trois-zéro, Opeth fut le premier groupe à décocher un tir en pleine cible. Par bonheur, il y eu des suiveurs. Tant et si bien qu'on a même eu l'idée d'en sortir une montre commémorative. Et dix ans plus tard, il y a toujours des couillons qui achètent.
En vérité, Blackwater Park n'a pas vraiment inventé la poudre. Le style dit "death metal progressif" existait déjà depuis des années, et l'un de ses plus grands chefs-d'oeuvre avait déjà été concocté par les mêmes Opeth : leur disque précédent, un Still Life qui reste encore en 2010 une absolue référence. Le parc à l'eau d'ébène continue sur la même lancée : mélange de death violent, de folk, d'entournures jazz sur les solos, nombreux passages en chant non grogné, chansons longues, souvent hypnotiques, toujours très mélodiques. La différence avec tous les autres 33 tours du même genre n'est pas palpable : comme le dit Akerfeldt dans le petit livret, ce disque a "quelque chose". C'est très certainement dû à la présence de Steven Wilson, ici producteur, chanteur, guitariste et pianiste... mais pas que. Mikael avoue même que ce n'est pas le meilleur album d'Opeth ni le mieux écrit : curieusement, je suis tout à fait d'accord, sacrilège ou pas. Il n'empêche, si le succès mondial de ce cinquième opus semble totalement mérité, on ne saurait expliquer pourquoi. Tout comme on n'explique pas pourquoi il a réussi à convertir tant de réfractaires au chant death et au metal extrême.
C'est bien sûr dû à l'énergie du groupe, à cette section rythmique fabuleuse ici très bien mise en valeur, à ces ambiances plus que jamais morbides et évocatrices (l'intro de Drapery est un cas d'école). C'est peut-être l'excellence de certaines mélodies vocales, moins éblouissantes que dans Stll Life mais mieux mises en lumière. C'est la production de Wilson, qui a fait grimper le groupe d'un sacré niveau. Ou bien c'est Bleak, leur chanson la plus accessible, avec ce refrain pop hurlé par un Steven Wilson un peu au taquet, ce pont à donner la chair de poule, ce riff d'intro mythique et un peu Zeppelinesque. Avec le recul, BP (le disque, pas les souilleurs de planète) présente évidemment quelques défauts, minimes, comme l'éparpillement (défaut récurrent, sinon que serait Opeth ?) ou une légère répétitivité sur la seconde moitié d'album. Mais cela n'empêche pas BP (le disque, pas les assassins océanocides) de rester un pilier de la musique contemporaine, et une excellente introduction au groupe. Qui portera ses fruits puisque depuis, les ventes ont quasiment doublé à chaque album.
Continuant sur leur excellente lancée, les suédois ont donc ressorti BP (le disque, pas les boucheurs de trou à la petite semaine) en 5.1, ou plus exactement en 5.0, le caisson de basse étant muet. Comme pour les autres titres de cette jolie collection, Park est livré avec un magnifique digibook, des liner notes, de belles photos, et un reportage amateur de l'époque. Extrêmement décousu, ce doc se montre malgré tout très intéressant, au-dessus du panier. Le suédois est sous-titré en anglais, on découvre quelques prises de son inédites, et on voit et entend même Wilson ! (qui bouffe des chips comme si sa vie en dépendait). Wilson producteur, on aurait pu croire qu'il se serait occupé du mixage surround, lui qui en plus est omniprésent sur le disque. Faux : une nouvelle fois le travail fut confié à Jens Bogren. Avec ses qualités... et ses défauts.
BP (le disque, pas ceux qui additionnés sont inférieurs au Total) est donc présenté dans un vrai surround, où les enceintes arrières sont actives. Effets et spatialisation sont bien présents, ainsi que la séparation des instruments. Le rendu global n'est pourtant pas irréprochable. Encore une fois, des parties entières de tricotages de guitares ne sont plus du tout fidèles à l'album original, et si leur écoute intéressera fortement les musiciens, elle décontenencera les simples auditeurs. Côté effets, si certains sont réussis (l'echo de Drapery), on regrettera que chaque growl long soit systématiquement tourbillonnant, gimmick vite saoûlant. Il reste bien sûr de bonnes choses : le piano de Wilson derrière nous sur Patterns, les chansons Funeral et Blackwater qui sont presque exemptes de défauts, surtout cette dernière dont le surround libère le final très Lovecraftien (au fond de la mare, Chtulhu la morte rêve et attend). Et comme toujours, les parties de guitare acoustique sonnent monstrueusement bien sur les arrières.

Mais au problème du changement de mixage, se rajoutent d'autres soucis plus techniques auxquels Opeth et Bogren ne nous avaient pas habitués. Déjà, les premiers pressages comportent un bug pas piqué des vers : sur la piste Dolby, le début de Drapery voit le riff de Harvest tourner en boucle sur l'enceinte arrière droite. Alors celle-là, même si on voulait le faire exprès, on pourrait pas... Ensuite, sur certains lecteurs, chaque début de titre est coupé d'un quart de seconde. Sur mon fidèle Pioneer DV-585, c'est le premier album sur environ 150 posant problème, pas glop (sur le DV-600, ça marche. Pas ma faute m'sieur le juge). Mais surtout, ce qui choque, c'est la qualité du son, carrément inférieure au CD. Les spatialisations d'instruments se font au détriment de la cohésion de l'ensemble, on l'avait déjà vu, mais aussi de la fluidité des balances. Certaines guitares, même acoustiques, sonnent brouillonnes, comme passées à travers un filtre (en Dolby comme en DTS). La caisse claire de Harvest sonne sale, les cymbales forment un voile bourdonnant. L'eventizer sur Dirge for November est en quasi-mono et d'une qualité franchement dégueulasse. Bref, écouter cet album en 5.1 est intéressant, mais pas toujours agréable, surtout pour les audiophiles qui seront consternés devant les saturations, chuintements et autres approximations. Cette ressortie, malgré ses qualités et notamment le documentaire, laisse donc un arrière-goût d'inachevé, et ne fait pas réellement honneur à la grandeur du disque qu'elle devait défendre. Mais il reste encore Deliverance et Damnation pour se rattraper... Car gageons qu'ils ne vont pas tarder à débouler. Ce serait dommage de gâcher.


02-06-2010

2001 - Suède


01. The leper affinity
02. Bleak
03. Harvest
04. The drapery falls
05. Dirge for november
06. The funeral portrait
07. Patterns in the Ivy
08. Blackwater Park


Mikael Akerfeldt - Chant, guitare   
   Steven Wilson - Guitare, claviers, chant, choeurs
Martin Lopez - Batterie   
   Martin Mendez - Basse
Peter Lindgren - Guitare