Humour décapant et à niveaux multiples, acteurs millimétrés, DVD complet, beau et pas cher, léger arôme de culte

Note globale


(I'm tired of giving 9 to everything that moves and that doesn't. Bleh, gibberish !)


Causage d'angliche indispensable, premier épisode vraiment nul

Editeur : Channel 4
Durée totale : 8 h 26

Image        PAL

Sous-titres anglais sur tous les épisodes
Bétisier (34 min st uk sauf saison 1)
Bande-annonces saisons 2 & 3 (4 min)
3 galeries de photos
Commentaires audio sur les saisons 1 et 2 (non st)
Scènes coupées de la saison 2 (2 min st uk)
Scènes coupées de la saison 3 (21 min st uk)
Black Dolls (5 min st uk)
Bernard's Letter (2 min st uk)

Ce n'est "que" de la télé anglaise, mais le DVD propose un 16/9 très aéré, au piqué vidéo impeccable, des couleurs bien saturées, une compression honorable. Au final, fort agréable à regarder.
Une stéréo qui ne fait pas de vraies merveilles, mais les épisodes ne s'y prêtent pas toujours. On entend parfaitement les dialogues, et c'est bien ça qui compte. Oh, ça et Mötörhead.
Oui, bien sûr, il faut parler anglais, il faut aimer l'humour anglais et ne pas être allergique aux sitcoms. Mais une fois les conditions réunies, on se tape des barres.
Dommage que les commentaires ne soient pas sous-titrés ! (Un euro à chaque fois que j'ai écrit cette phrase). Le bétisier vaut à lui seul l'achat du coffret.

Quel est le rapport entre Black Books et la musique ? Aucun. Absolument aucun. Au pire, le septième épisode parle-t-il vaguement de don pour le piano, d’une façon si ridicule que même un tel alibi de 25 grosses minutes ne peut être toléré. Alors ? Pourquoi faire rentrer ce coffret de 3 DVD dans notre petite base de données, qui pourtant attend bien d’autres cadeaux plus propices à flatter sa réputation, comme le live de Jean-Marc Thibault ou les clips de Shakira ? D’abord parce que c’est la période où l’on se fait un petit plaisir, et la dernière fois c’était Kaamelott. Pas rien quand même. Même que sa note de 8 me fait pitié à chaque relecture, et qu’il mérite définitivement un 9 (fallait pas confier la mise en page à Kadoc. Le caca du pigeon c'est caca.). Ensuite, Black Books est un moyen court, simple, pas trop stressant mais définitif de vous initier à l’une des plus belles inventions de l’histoire de l’humanité : l’humour anglais.

Ah ! Ben c’ui là, ça fait un bail qu’on en entend parler. Alors une bonne fois pour toutes : cékoidon, l’humour anglais ? Ce serait facile de le généraliser à une sorte de tournure en dérision d’un permanent pessimisme. Il y a de ça, évidemment. Ce serait aussi un raccourci trop rapide que de le placer dans la case « surréalisme », les comiques anglais ne passant pas leur temps à faire voler des poissons ou inventer des démarches à la con. Mais il y a de ça aussi. Non, si on veut faire le tour de l’humour anglais, il faut y rajouter trois ingrédients. D’abord, le goût pour le sucré-salé. C’est le mélange de gags un peu patauds et d’autres beaucoup plus fins qui donne toute sa saveur, pas tout d’un même tonneau (ça a beau être une île toute proche de Calais, on n’est pas chez les Ch’tis ici !). Ensuite, le jusqu’au-boutisme. Le surréalisme pur n’est pas toujours bienvenu, il a besoin aussi de situations cocasses où c’est l’entêtement (ou la malchance) qui provoque le rire, pas la situation elle-même. Enfin, et contrairement à ce que vous pourriez en croire, l’humour anglais aime aussi la vulgarité. Ce n’est absolument pas sa caractéristique principale, mais chez l’anglais, de temps en temps, plus c’est con, plus c’est bon.

Et Black Books, c’est très bon.

L’histoire se résume en quelques mots : il y a une librairie d’occasion, en plein Londres, tenue par Bernard Black, Irlandais alcoolique et capricieux. Il est épaulé par Manny, un jovial hippie qui a le cœur sur la main, et parfois l’autre main sur la bouteille. Les deux hommes sont liés d’amitié à Fran, une célibataire agressive qui aime également la chopine. La série raconte au travers de 18 épisodes leurs mésaventures entre paradis perdu, discussions philosophiques, vins, cigarettes, whiskies et livres rares.
Vous pouvez y aller, faire le tour complet de ce site, le relire deux fois, jamais vous ne trouverez, ni n’approcherez, un résumé (quelqu’il soit) moitié moins pourri que l’hideux paragraphe précédent. Idéal pour faire fuir. Les plus courageux pourraient essayer de regarder le premier épisode : ah, les sacrés bougres ! L’épisode pilote est… un épisode pilote : chiant à souhait et aussi drôle qu’un traité sur la Constitution Tchécoslovaque écrit par Sylviane Jospin et préfacé par Bernard Menez. Mais il suffit de plonger deux minutes dans l’épisode 2 pour être happé par le tourbillon, tel Joël dans la Bible (NDLR : Oui, Neal Morse est passé me voir ce matin). Les personnages ? Presque (presque) unilatéraux, ce qui serait un handicap s’ils n’allaient pas aussi loin dans leurs logiques respectives (picoler, le plus souvent). Les histoires ? De petites historiettes, la moitié du temps sans réelle conclusion, l’autre moitié noyées. Décors somptueux, rapport complexe entre les personnages, intrigues, personnages secondaires ? Pouarf ! Oubliez-moi tout ça.
Black Books est fait pour faire rire. Point barre. Ce n’est qu’une succession de gags. Absolument rien d’autre. Lorsque l’ultime épisode essaie de donner un minimum d’humanité à notre trio, le résultat retombe dans la gaudriole sans forcer. Non, Black Books, ce sont 9 heures de gags et de rire. Mais de gags anglais. Et ce qui force l’admiration, c’est cet enchevêtrement de sources de rire. Certaines séquences sont mises en place de longues minutes avant le gag, voire au tout début de l’épisode. Des détails déjà drôles sur le plan A, vont débouler sans prévenir sur le plan B. Un épisode peut aller jusqu’à E ou F, tant l’écriture se montre par moments minutieuse, pratiquement maniaque. L’épisode Midnight Cowboy, ou celui de Jason l’Aventurier par exemple, ou encore le magnifique épisode sur 88 F°, tout ceci montre une véritable passion pour la mécanique du rire.
Et la vulgarité dans tout ça ? Elle est présente dans la méchanceté pétillante, jouissive de Bernard envers tous (sauf lui, évidemment). Elle est aussi présente dans le politiquement incorrect : oui, il existe une série où les héros boivent, fument et baisent (enfin, ils boivent surtout) en toute impunité, et ce n’est pas (toujours) cela qui exhale leur côté obscur. C’était en 2001, remarquez. Une éternité. Et puis cette vulgarité se retrouve surtout dans la violence physique. Après chaque épisode, on se demande comment Manny peut encore être en vie. Humilié, brûlé, baffé, punaisé, étouffé, il lui arrive tous les malheurs du monde, pauvre Cosette à la solde d’un Thenardier ivre mort. Ce n’est pas très fin, certes. Mais ça soulage et ça décrasse les naseaux.
Rien de tout ça ne serait possible sans les acteurs. Ils sont simplement parfaits. Encore une fois, ne vous laissez pas rebuter par un premier épisode très fadasse. Les 17 autres sont un autel dressé à la gloire de Tasmin Grieg, désespérément moyenne (en tout, sauf en gaffe), de Bill Bailey, et surtout de Dylan Moran, co-auteur de la série et d’une aisance surnaturelle dans le domaine de la chafouinerie, de la moquerie, de la psychologie de bazar. Il arrive même sans peine à faire comprendre comment le taudis qui sert de magasin n’a pas encore fermé boutique : il s’y connaît en livres, beaucoup, à la folie. Ca et rien d’autre. Et du coup, tout passe, même les plus invraisemblables énormités. Le mélange sitcom / surnaturel est ce qui permet à chacun de s'accrocher au train comique qui déboule, parfois sans crier gare (train... gare... ça y est ? vous voulez une explication ? par fax ?). Et si vous laissez la logique au vestiaire, vous risquez de passer un excellent moment. Rares sont les séries où l'on se tient les côtes de rire, pour de vrai.

Comble du bonheur, le coffret 3 DVD présenté ici, outre qu'il soit régulièrement disponible à un prix ridicule sur amazon.co.uk, possède plusieurs atouts. L'image est en 16/9 et très sympathique, le son tout à fait correct, et tous les épisodes sont sous-titrés en anglais. Les bonus sont plus qu'honnêtes, et vous réservent de nombreux éclats de rire, surtout sur la demi-heure (!) de bétisier qui passe toute seule avec quelques passages d'ores et déjà cultes, au moins autant que ceux présents dans la série. Les deux premières saisons disposent aussi d'un commentaire audio des trois acteurs, non sous-titré, et totalement relâché. Hélas, il vous faudra un très solide niveau en anglais pour les suivre, mais l'ambiance de camaraderie est palpable à chaque instant. Je vous épargne le reste des surprises, qui ne pourront que réjouir les fans. Donc vous, car si vous comprenez l'anglais (condition sine qua non pour apprécier cette série), vous risquez fort de vous laisser piéger vous aussi et ne plus vouloir quitter cette petite boutique puante et poussiéreuse où l'on se sent si bien de se sentir mal. Quant à la VF qui traîne parfois sur les chaînes câblées, par pitié, ne tentez pas de découvrir la série par ce biais, oubliez-la, brûlez-la. Black Books est exclusivement british. Oh, so british !


23-11-2009

PS : Les deux premières saisons sont sorties en France avec une VF. Alors vous faites ce que vous voulez, mais si vous parlez un minimum anglais, l'édition 3 DVD anglaise restera deux fois moins chère qu'UNE saison en Français, quant à la qualité du doublage français, je préfère me taire. Disons que ce n'est pas avec la VF que cette série gagnera 9/10 dans votre coeur.

 

 

 

 


2000-2004 - Royaume-Uni


01. Cooking the books
02. Manny's first day
03. Grapes of wrath
04. The blackout
05. The big lockout
06. He's leaving home

07. The entertainer
08. Fever
09. The fixer
10. Blood
11. Hello sun
12. A nice change

13. Manny come home
14. Elephants and hens
15. Moo-Ma, Moo-Pa
16. A litle flutter
17. Travel writer
18. Party