Un tas de chansons fabuleuses, un 5.1 qui décoiffe

Note globale


Mixage original pas mal chamboulé une fois passé en 5.1, Dolby Digital limité, vidéos peu glorieuses (sont-ils les seuls ? hm hm...)

Editeur : Mercury
Durée totale : 1 h 07

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Image        NTSC

Le menu est moyen, les vidéos ont de la pêche mais souffrent de leur âge et de leur condition de vidéo à gros grain. Honnêtement, on ne pouvait pas s'attendre à mieux.
Album en 5.1 (46 min)
Clips de You give love a bad name, Livin' on a prayer, Wanted dead or alive, never say goodbye et Wild in the streets (20 min, 5.1)
La stéréo a gagné du punch, le 5.1 est très pêchu, très brillant, mais la compression laisse des traces et surtout la spatialisation donnera autant de merveilles que de doutes quant aux choix artistiques.
"Petit album" dynamisant. Des tubes à la pelle. Une musicalité indéniable. Et un tracklisting déplorable. Pas grave, enclenchez le mode "shuffle" et régalez-vous avec ces pépites du hard FM.
On ne réussit pas toujours du premier coup. Si quelques rares groupes (Pearl Jam, Chicago, Asia) ont pu dès leur premier album proposer un fulgurant chef-d'oeuvre, la plupart du temps il faut quelques années, et quelques sorties, pour voir leur talent se raffiner, avant de sortir ce qu'on appelle communément "l'album de la maturité". Terme cliché s'il en est, surtout quand c'est le troisième ou quatrième dans leur carrière (et là, on regrette que sexuellement on n'ait pas droit au même traitement de faveur). Et c'est très bien comme ça, que l'on doive attendre, que l'on ne soit pas sûr de ce que l'on va acheter, de la Xième chance que l'on donne à un groupe, car généralement, quand le fameux album "phare" nous arrive sur le groin, la puissance est décuplée par l'effet de surprise. Preuve par l'exemple : si les deux premiers albums de Bon Jovi n'étaient pas impérissables, on sentait tout de même poindre une bonne dose de professionnalisme et d'inspiration. Et puis est apparu ce troisième disque, avec une pochette mammairement grâcieuse, et derrière, dix titres dont au moins huit sont des tubes potentiels ou certifiés.
Les certifiés, d'abord. Qu'on n'aille pas me dire qu'on ne connaît ni Bad Name, ni Prayer, parce que c'est virtuellement impossible. Meme RTL connaît. Meme France Vieux connaît. Meme Jean-Bernard Hebey a déjà dû entendre ces deux morceaux une fois dans sa vie (et les trouver à chier, dans la grande tradition). Et franchement, c'est normal. Production ? Enorme. Riff ? Décapant. Voix ? Entraînante et puissante. Refrain ? Irrésistible. Pour les deux. Ca fait donc deux baffes qu'on se boulotte en l'espace de neuf minutes, façon Balboa (c'est la différence entre Ike Turner et Sylvester Stallone : le premier torgnolait une panthère alors que le second baffait un serpent). Sans compter que le premier titre de l'album, après une intro dans la lignée d'un certain Bach, est également une petite tuerie. Moins connue, mais tuerie quand même.
Et les autres titres ? Ils n'ont pas tous été certifiés par la FM. Mais par les auditeurs, si. En fait, presque rien n'est à jeter, jusqu'au très joli (et supra-efficace) "Goodbye" qui aurait dû clôre l'album. Aurait dû car il est mystérieusement suivi par un titre totalement déplacé, sans doute le moins bon de l'album, et qui n'a rien, strictement rien à foutre là. D'autant plus quand on a juste avant un "album closer" aussi évident. C'est le défaut majeur de cet album : la tracklist, un peu portnawak sur les bords (car aussi géniales soient-elles, mettre côte à côte Bad Name et Prayer, c'est également une faute de goût de débutant. Pas sûr que le groupe y soit pour quelque chose, celà dit). A part ça, pas grand chose à redire, sinon qu'effectivement, la production et ses détails, infiniment plus maîtrisés que sur 7800 °F, méritaient bien un traitement en surround. Et si les années 80 sont pour l'instant un peu pauvres en ce domaine, Dieu merci la popularité de Bon Jovi a encouragé MCA à nous livrer un DualDisc.
Et alleluhia ! La première bonne nouvelle, dès qu'on ouvre le boitier, c'est que la fameuse "infâme" pochette sus-citée est en page 2 ! Une petite pliure de livret et adieu censure, adieux ciseaux, adieu puritaneux de mes dismes ! La seconde bonne nouvelle, c'est que l'album dure quelques dizaines de secondes en plus. Ce ne sont que des bruitages en intro et outro, mais c'est toujours très plaisant. Troisième nouvelle : le son est en vrai 5.1. Et non, je n'ai pas oublié un adjectif. C'est qu'on a du bon et du moins bon. Avant tout, il faut préciser que ce DualDisc est également un DVD-A, ce qui fera plaisir aux plus fortunés d'entre vous. Car la partie qui nous intéresse est en Dolby Digital 5.1, et ça se sent. Ouh là que ça se sent. Quand on dit que le DD c'est le MP3 du riche, en voici un bel exemple : sifflements, grésillements et halos sonores sont légion. Heureusement, ça se sent aussi que c'est du 5.1 tout court, car nos amis instruments, et particulièrement les claviers, s'amusent à squatter régulièrement les enceintes arrières, et si le mixage manque de précision dans la définition, au moins vous sentirez-vous entouré, et bien entouré.

Peut-être d'ailleurs un peu trop, diront les puristes. Car on retrouve avec ce Bon Jovi le même "problème" qu'avec Toto ou Steve Lukather en solo par exemple : le disque en 5.1 n'est pas exactement le même que le stéreo, et certains instruments ont été clairement mis en avant par rapport à l'origine. Exemple le plus frappant : la talkbox de Richie Sambora pendant "Livin' on a Prayer" que l'on entend au premier plan pendant tout le couplet. Ce genre de détail, le mix en regorge et s'il permet d'obtenir un son plus "choc", plus riche, il change aussi un peu la personnalité de la chanson. Eclat technique du surround contre intégrité artistique : à vous de voir. Et puis, sinon ce ne serait pas drôle, vous avez les vidéos d'époque. Ah, les sales bêtes que voilà ! Elles sont au nombre de cinq, et elles sont plutôt mauvaises. Sympas, drôles, mais mauvaises. Et je ne parle pas là des permanentes type caniche, ou des futals en spandex, ni des bottes en cuir rouge, mais de l'intérêt artistique : ce sont toutes les cinq des faux live ! Il est regrettable qu'à part quelques inserts sur Goodbye, le réalisateur Wayne Isham, grand ponte du milieu de la vidéo rock, n'ait pas développé au moins une vidéo à thème. Celà en devient presque vulgaire, tant les chansons sont bonnes et semblent définitivement se suffire à elles-mêmes. D'ailleurs, l'album dans son ensemble ne souffre-t-il pas de ce syndrome ? Un peu, mais franchement, tout un chacun, y compris les possesseurs de l'original (et ils sont très nombreux) peuvent jeter leur dévolu sur ce DVD inégal mais qui en met plein la gueule, d'une façon ou d'une autre. Si vous n'êtes pas regardant sur les moyens utilisés, vous trouverez sûrement ce nouveau mixage très Bon. Non, pas de jeu de mots. C'est pas le genre de la maison, hein ? Hein ? Ah ben merci les gars, sympa...


02-04-2007