Laurent Voulzy - La 7ème vague     


Making-of très réussi, Voulzy toujours aussi charismatique et professionnel, chanson en duo émouvante et chaleureuse

Note globale


(Note album : 2)


Oh, côté DVD pas grand-chose... c'est l'album qui est atroce !

Editeur : Sony / BMG
Durée totale : 0 h 41

Image        PAL

Du pris-sur-le-vif et du studio, les deux étant agréables. Quelques caméras mobiles un peu chaotiques (vous n'aurez pas de photo des cordes à cuase de ça), mais dans l'ensemble se laisse parfaitement regarder.
Making-of (34 min)
Clip de Derniers Baisers, version normale ou karaoke (format respecté, 3 min)
Galerie de photos (1 min)
59th Street Bridge Song en duo avec Alain Souchon ET CHEZ DRUCKER (2 min)
Très clair, le "son stéréo télé" à la française : ça ne pète pas, ça n'est pas super-dynamique, mais c'est très propre, intelligible, suave. Rien à redire.
Making-of brillant, où l'on comprend tout (hélas !), avec un connardier de fin réjouissant, et une chanson à qui la performance en duo donne une émotion légitime.
Au départ c'était un projet allèchant. Laurent Voulzy, l'un de nos tous meilleurs orfèvres en matière de pop, donnant dans l'album de reprises. Joie ! le bonhomme sait y faire : la version live de Rockollection en est la plus éclatante des preuves. En prime, des rumeurs (mais pas claires, hein... vagues !) faisaient état de plus de 130 chansons sélectionnées. Tabernacle dze couille de czaribou, sur 130 titres il y en aura bien 10 de bons ! Au final, c'est presque le double : 18, plus une ghost track, faisant de ce 7ème reflux marin l'album le plus long de Voulzy. Et puis, pendant la sortie tant attendue, un drame est survenu. Un de ces cauchemars qui font les délices des Delarue et autres Pradel : l'album fut estampillé "album de l'été" sur RTL. Aïe aïe aïe, ma qué catastrophe... Puis vint un premier extrait, nul. Très nul. Puis un second, absolument abominable. On aurait pu se dire que, comme dans tous les bons albums, les singles n'étaient point représentatifs.
Plus de quatre mille cinq cent interminables secondes plus tard, l'auditeur à moitié endormi, migraineux et bougon, doit se rendre à l'évidence : ce disque est le plus mauvais du père Lolo, et de très très loin. Si loin que comparer Avril à ce truc paraît improbable. Le disque débute d'ailleurs par une plaisanterie. Une reprise d'un standard californien mais version Rena Kitty, à 4 à l'heure, sans aucune rythmique, aucun ton dans la voix, aucun arrangement sophistiqué, rien. On se dit alors que c'est un gag. Las ! Ce n'en est point un, mais au contraire un parfait résumé de tout le skeud : des chansons pas toujours bonnes au départ, jouées de façon abominablement molle (non, ce n'est pas "éthéré", c'est MOU, c'est CHIANT, c'est Lolo qui nous sépare et nous laisse à part !), avec un accent frenchie très bizarre (Voulzy a toujours eu un accent anglais très correct, pourquoi l'aurait-il perdu d'un seul coup ? Consigne de Sarkozy RTL ?), des musiciens au moins aussi mous que sur le En Passant de Goldman, et de sacrées fautes de goût, en commençant par les deux singles.
Ah les faquines ! Ah les maraudes ! Imaginez : Derniers Baisers, le slow sirupeux tendance Strepsils (fait également effet d'anesthésiant local) que les ados boutonneux se passaient dans les années 1936, et pire, parce que les tortures se raffinent avec l'âge, la "charmante", certes, mais rétroactivement laxative Madrague de Brigitte Bardot, moins mal chantée (pas dur) puisque pas chantée, mais sussurée façon Gros Nounours et Pimprenelle. Oh les sales singles ! Ah, qu'ils nous auront broyé les gonades tout l'été !!! Et le reste est du même acabit. Le milieu tente de relever le niveau, en transformant molesse en croonerie avec Le Piano de la Plage et sa cousine Shadow of your Smile, plus ambiancées que véritablement molles, et ça retombe avec un Captain of Her Heart passé au pilon, avec son piano General Midi digne de Didier Super. Le final est à se flinguer, une ghost track (on comprend qu'elle soit planquée) ratée au possible d'Etienne Daho où Laurent a moins de voix que l'original (il faut le faire), et une rep... pardon, une version des Doors qui trouvera le moyen d'épouvanter tout le monde : ceux qui détestent Light my Fire, ceux qui l'adorent. Enfin, ne passons pas à côté d'un sacrilège : A Bicyclette. Toute co-conne qu'elle paraisse, on mesure à quel point elle était jolie et rafraîchissante sous la langue méridionale du Papet : ici, elle est mas-sa-crée. Une boucherie sans nom. Avant, on les entendait, on les voyait, on les sentait, les rainettes. Là, on dirait juste qu'on a écrasé un crapaud. A bicyclette. Ca, disque de l'été 2006 ? Et on se demande pourquoi les Français ont le bourdon ? N'importe quel epic mal chanté à 35 BPM de My Dying Bride est moins déprimant que cette collection de ratages, mais le coup de grâce, le doigt sur la gâchette, c'est de savoir que son auteur est le plus talentueux de nos mélodistes. Au final, quelle idée d'appeler son album la septième vague, quand il n'en fait aucune !
Mais bon, nous ne sommes pas là pour nous navrer sur la qualité (ou pas) de ce disque, mais plutôt sur le DVD bonus accompagnant sa troisième version (les acheteurs de la première... vague doivent être bien fiers, tiens). Et ledit bonus est désolant. Oh, non pas parce qu'il serait minable. Bien au contraire. Parce qu'il est infiniment plus réussi, plus drôle, plus frais que son sujet. Parce que Laurent Voulzy s'y montre encore une fois charmant, taquin, passionné, grand déconneur, professionnel, honnête, exubérant, sans prétention, et passionnANT. Non seulement ce toujours jeune homme fait très bien son métier, mais il sait encore mieux en parler. Pire, certains extraits pris sur le vif semblent agréables (certains, et semblent, restons modestes). Le résultat final est d'autant plus incompréhensible. A la rigueur, quitte à donner dans la coulitude tendance doigts de pieds en éventail, on prefèrera regarder et re-regarder ce documentaire bien fait et hautement sympathique (connardier de fin inclus) plutôt qu'écouter le disque, la différence de molesse étant inretranscriptible en mots.

Le documentaire n'est pas le seul bonus. A part une galerie photos inutile mais relaxante, Sony nous offre un clip du glutidifiant Derniers Baisers, et histoire d'ajouter l'insulte à la blessure, le complète avec une version karaoke qui achève tout. Karaoke où en plein milieu, quelques mots s'échappent... Mais comment font-ils leurs karaokes, ils appuient sur un bouton qui a 425 kilos de pression au centimètre carré ? Et enfin, joli bonus qui vous donnera le sourire, un duo Voulzy / Souchon sur 59th Street. Duo vraiment sympa. Il faudra juste passer outre qu'il provienne d'une emission soporificodominicale de Michel Drucker, autre chantre de la Fadeur Nationale Agréée avec le RTL susnommé, ce qui malheureusement n'est qu'une pièce de plus à apporter à l'accablant dossier de cette septième vague, dont le DVD bonus est vingt fois plus intéressant que le CD qu'il accompagne. On ne comprendra pas tout des raisons de l'échec artistique, même si des pistes sont lancées, mais au moins, on passe un bon moment, soit de rire méchant, soit de vrai grand sourire jovial et franc. C'est déjà ça de pris, et du reste, Vouvoul va jouer encore plus les fainéants en enchaînant avec un autre album de reprises. Mais la fainéantise peut être un art bien consommé, et la cuisson vous sera révélée plus avant dans notre prochain épisode...


16-09-2008