L'excellence de Greg Phillinganes et Nathan East, au mieux de leur forme en funk

Note globale


Clapton et Collins pas vraiment à leur place, concert charcuté de toutes pièces

Editeur : Eagle Vision Classics
Durée totale : 0 h 58

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Image        PAL

Rien

Vidéo un peu passée, beaucoup de noirs brumeux, et des ralentis et effets dont on pouvait parfaitement se passer. Pour les fans de Red Dwarf, ça ressemble beaucoup à la première saison, c'est dire si on est loin d'un chef-d'oeuvre.
Stéréo et Dolby 5.1 partagent une certaine chaleur et un étouffement de la bande passante très regrettable. Seul le DTS vous donnera satisfaction, sans pour autant être paré des atouts qu'il défend habituellement.
Non seulement le concert est totalement mis en pièces, mais en prime les 4 titres "nouveaux" sont tous regroupés. Trop court, trop bancal, pas digne des grandes heures de Slowhand.
Absolument rien, à part un texte relativement drôle en soi.

1986 : Chirac devient premier ministre, Moroder crée les Sigue Sigue Sputnik, Amstrad fait croire que les disquettes 3 pouces vont dominer le monde et les douaniers ont paraît-il reconduit les radiations de Tchernobyl à la frontière parce qu'elles n'avaient pas leurs papiers. L'heure est aux escrocs, on dirait. Et certains de rajouter, avec une véhémence certaine, Phil Collins dans le panier, pour avoir en partie "détruit" la carrière de son ami Eric Clapton. Il est vrai que si l'album Behind the Sun s'était bien vendu, le cœur de cible n'était pas les fans du bluesman mais bien ceux du petit batteur. Cette année-là, le criminel frappe une seconde fois avec August, album très bien (sur-?) produit, avec du funk et du soleil à tous les étages, mais loin, très loin des splendeurs habituelles des années 70. Une tournée s'ensuivit, avec les musiciens du disque, pas des manchots comme vous allez le voir, et de cette période, l'une des pires pour Clapton à presque tous les niveaux, nous pouvons trouver pas un mais DEUX DVD live ! Tous deux édités par Eagle, l'un en Angleterre, l'autre à Montreux, et aux jaquettes assez semblables pour que j'aie confondu lors de mon achat, un peu tête en l'air il est vrai. Année des escrocs, vous avez dit ?
Avant de voir le festival de Montreux dans un prochain article, nous allons donc nous attarder sur cette "réunion d'amis". Ou plus exactement cette demi-réunion, car ce programme est présenté sous sa forme originelle : une retransmission de télé d'une toute petite heure... Soit presque la moitié du concert qui passe aux paquerettes ! La setlist est donc radicalement amputée et devient très douteusement putassière : en effet, on trouve sur ce live quatre "grands classiques" déjà trop entendus, quatre titres à la queue-leu-leu du dernier album (où tout le monde s'éclate) et, parce que vous n'y couperez pas, l'incongrue In The Air Tonight, où Eric Clapton est autant à l'aise qu'une baleine dans un briquet.
Deux axes majeurs donc : vieux et neuf, avec les musiciens du neuf. Il est donc peu surprenant que les meilleurs moments proviennent des quatre nouveaux titres, joués avec fougue par les deux musiciens les moins connus, et pourtant les plus appréciables de ce disque : Nathan East, à la basse transpirante, et le génial Greg Phillinganes Show, où le sympathique claviériste/chanteur passe son temps à faire le cabot. Ces deux-là forment une paire magique, et ne se départissent pas un instant de leur sourire, en plus de très bien chanter. Clapton, lui, semble moins heureux, n'est pas très à l'aise, mais se défend bien pour quelqu'un qui est en train de jouer des titres un peu hors de son créneau.

A tous ceux qui pensent que c'est une facétie de notre cher webmaster, je répondrais qu'il s'agit d'une capture non retouchée, et que ça en dit aussi long que mes 5 paragraphes de merde
Mais dès qu'on passe aux vieux morceaux, tout se gâte. Pas pour la paire East/Phillinganes, qui serait capable de swinguer sur du Benjamin Biolay, mais pour les deux autres. Disons-le franchement, Phil Collins n'est absolument pas adapté au groove Claptonesque et sa batterie sonne pauvre et datée. Quant à Clapton, il ne brille pas constamment, et pendant ses solos abuse des glissandos de manche ; quant un guitariste passe plus de temps à glisser sur le manche qu'à jouer, c'est le signe qu'il n'est pas inspiré, et croyez-moi, j'en connais un rayon sur le manque d'inspiration à la gratte (Médaille d'Argent aux Olympiades du Solo Pourri à Douarnenez en 1997). Evidemment, quand il est bon, il brille, il carbure, son toucher reste légendaire, mais sur la durée il est clairement en-dessous du niveau d'excellence auquel on le connaît habituellement. D'où la question : vaut-il mieux des chansons moyennes bien jouées, ou bien des chefs-d'oeuvre défigurés ?

Elle mérite d'être posée, cette question, mais on n'aura pas le temps de trouver la réponse, d'une part parce que Phillinganes donne vraiment le change sur un White Room pourtant très froid, d'autre part parce que ceux qui ne connaissent rien de Clapton peuvent tomber amoureux de titres comme Run ou Tearing Us Apart plus rapidement que prévu, enfin parce que 58 minutes, ça passe vite. Côté DVD, à part un petit texte qui, comme d'habitude chez Eagle, tente de vous faire croire que vous êtes tombé sur le meilleur DVD musical de tous les temps, on ne peut pas dire que quoi que ce soit émerge de l'océan de moyenneté où baigne ce disque. Le son en stereo est propre mais un peu étriqué, la guitare et les claviers ayant tendance à se chevaucher ; le 5.1 est pareil mais avec les gens derrière, et seul le DTS propose quelque chose de puissant et propre, avec un public arrière véritablement excellent, mais pas un atome de spatialisation. L'image ne restera pas dans les mémoires, très sombre, à la définition pauvre, et surtout bardée d'effets vidéo bien cheap, donnant en prime une sale impression de rajouts factices (des overdubs ? sur ce live ? vous n'y pensez pas, un manque d'inspiration, ça s'overdubbe pour l'effacer, ça ne se rajoute pas !). Le tout est donc agréable à voir pour Nathan et Greg, à écouter pour Greg et Nathan, mais si certains pensent férocement que le pire de Clapton se situait pendant que Collins lui faisait perdre le Phil, qu'ils ne se privent pas pour en avoir ici un exemple. Quant à moi, chers auditeurs, je vous retrouverai bientôt dans la station balnéaire de Montreux, pour y découvrir si ce petit live n'était qu'un faux pas. Un indice, chez vous : ils y jouent de nouveau In The Air Tonight. Oh Lord....


05-11-2007

15 juillet 1986 - N.E.C. (Birmingham, Royaume-Uni)


01. Crossroads
02. White room
03. Run
04. Miss you
05. Tearing us apart
06. Holy mother
07. In the air tonight
08. Layla
09. Instrumental closing (NDBaker : L'ai pas reconnu, et il n'est même pas chapîtré)
10. Sunshine of your love


Eric Clapton - Chant, guitare   
   Greg Phillinganes - Claviers, chant, choeurs
Nathan East - Basse, chant, choeurs   
   Phil Collins - Batterie, chant, choeurs