Format alternatif intéressant, reportages passionnants et détaillés

Note globale


(7 si vous êtes fan et n'avez pas accès aux Official Bootlegs)


Image très bancale, groupe un peu en pilotage automatique, manque de sous-titres impardonnable

Editeur : Roadrunner
Durée totale : 6 h 11

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Image        NTSC

3 CD du live (quelques versions différentes du DVD)
Galerie de photos (1 min)
Documentaire : Behind the Chaos on the Road (87 min non st)
Projections de The Dark Eternal Night, The Ministry of Lost Souls et In The Presence of Enemies pt 2 (36 min)
Clips de Constant Motion, Forsaken, Forsaken (studio) et The Dark Eternal Night (studio) (25 min)
Délire Rock Juice (6 min non st caché)
Cauchemar capillaire (3 min non st caché)
Extorsion de fonds (9 min non st caché)
Visite de la scène (8 min non st caché et génial)
Visite des loges (5 min non st caché)

Une image très bootleg, réellement bootleg ! Parfois belle, mais rarement, elle alterne flous, caméras tremblantes, plan large fixe d'une minute et halos, sans compter un grain vidéo parfois épouvantable. Les parties documentaires sont bien meilleures.
Si on fait attention aux détails, le son est indigne du Dream Theater de maintenant, entre les baisses de volume voire disparitions d'instruments au hasard, batterie trop lourde ou trop étouffée, chant de James nasillard etc etc... Soyons honnête : c'est globalement très écoutable, et bien d'autres groupes rêveraient d'un tel son. Le 5.1 apporte un plus... Alors pourquoi 6 ? Parce qu'un live, c'est en public.
Le choix des titres, les revisites, le flow global (un poil trop bourrin) sont à noter. Le groupe est carré, James est fulgurant sur la plupart des titres. Seul bémol, mais quel bémol : pour la première fois, le déluge de notes fait baîller plus que bander. Fin d'un règne ? Mouifff... ou signe d'une maturité approchante !
Pour être franc (qui n'a plus cours), les bonus sont au coeur même de ce DVD. Le groupe est de nouveau drôle, attachant, terriblement professionnel, et le panel de sujets représentés est impressionnant. Impressionnant aussi est le manque de sous-titres qui confine au foutage de gueule.

Un album, un live. C'est une cadence que très peu d'artistes peuvent tenir. L'érosion peut se faire rapidement sentir, d'abord de par la redondance des setlists, d'autre part en rendant l'exercice du live banal, alors même que les meilleurs albums live le sont de par leur caractère exceptionnel. La démocratisation du DVD musical a démultiplié ce processus, et si beaucoup d'artistes sont tombés dans le piège (particulièrement les français), Dream Theater y avait jusqu'à présent échappé, proposant à chaque fois un DVD intéressant et enrichissant. Récemment ils avaient même tenté le diable avec un bootleg officiel : pari réussi. Aussi après la sortie de l'album Systematic Chaos, étions-nous soulagés d'apprendre que le groupe n'avait pas de projet de live particulier. Mais l'industrie du disque est à l'instar de la femme et du paradoxe temporel un des grands mystères de l'humanité, et d'apparaître dans les bacs ce Chaos in Motion, avec en édition limitée trois CD live, deux DVD bourrés jusqu'à la gueule, une pochette absolument géniale, et un jôôôôôôli sticker qui pose problème. Comment vanter autant les mérites d'un produit qui à la base n'aurait pas dû exister ?
Vieux briscard s'il en est, Mike Portnoy a néanmoins réfléchi au concept : si DVD live il doit y avoir, autant proposer un format inédit. Après le DVD-concept, le live au Japon, le live symphonique, la home video, DT se plie donc à l'exercice du live sur plusieurs dates, avec pour avantage principal de montrer la puissance de feu du groupe étalée sur tous les continents. L'inconvénient, lui, est bien sûr logistique. 115 concerts signifient 115 façons différentes de filmer un live, et naturellement la technique en a pâti. C'est d'ailleurs sur ce dernier point que Chaos in Motion pourra paraître le plus suspect, malgré les mises en garde de Sir Portnoy himself quant à la qualité image et son (nonobstant donc un packaging luxueux laissant entrevoir de moins sombres jours). Mais nous allons voir aussi que, comme on le dit souvent, la technique n'explique pas tout.
Le "concert" est donc filmé sur plusieurs dates entremêlées, et coupé en plusieurs endroits pour laisser place à de très intéressantes mini-interviews, des pubs et autres connardiers. Un système horripilant lorsqu'il coupe un vrai concert, mais tout à fait acceptable ici. Cependant, cher ami lecteur, prenons les parties live à bras le corps comme un véritable concert unique, et on peut dire que ça commence bien. Après le traditionnel film de bienvenue, au montage son foireux d'ailleurs, vient l'intro des musiciens... et quelle intro ! D'une mégalomanie sans précédent, elle ne peut pas être prise au sérieux une seule seconde et laisse un franc sourire au spectateur. Sourire qui s'étend en regardant la setlist et constatant la présence de Panic Attack, Blind Faith et Scarred, jusqu'à présent absentes des lives (officiels, les deux dernières ayant eu les faveurs du bootleg officiel Bucharest). Deux heures et demie plus tard, le constat est moins brillant : certes, DT est toujours une réunion de monstres de technique, leur cohésion est extrêmement impressionnante, James LaBrie a encore fait des efforts (il est de moins en moins souvent faux, et il est carrément fortiche sur certains titres)... Quant aux nouveaux titres, ils sont bien joués, très bien même, et on se rend compte que le solo-intro de Presence of Enemies gagne facilement ses galons de Grand Moment Dreamesque, mais...
...Mais technique ou pas, c'est bien le live de trop que semble nous livrer DT. L'humour, la décontraction, l'émotion, les surprises, tout y passe, et c'est avec un sentiment de contentement que l'on quitte la "salle", mais non sans grogner quelque peu pendant le voyage. Lorsque Jordan Rudess continue son exploration des sons les plus laids possibles à faire passer Keith Emerson pour Tori Amos, même avec l'aide de joujoux assez intéressants. Lorsque lui et John Petrucci se lancent dans des démonstrations techniques qui, pour la première fois chez DT, deviennent saoûlantes à force de répétition et de gratuité. Lorsqu'ils tentent de nous refaire le coup de Hollow Years, à savoir sublimer une ballade un peu sous-estimée, avec un Surrounded qui plie sous le poids d'un shred totalement hors-sujet. Enfin, lorsque le tout sonne pro, carré, pas même froid, mais roboratif. DT est devenu une véritable machine de guerre en live, et de ce fait la folie furieuse qui envahissait les foules semble mise sous contrôle. Ils ne sont pas les seuls coupables : le son aussi. Transition habile (NDKaworu : Tu trouves ?) vers la technique, ou plutôt les techniques.
Image et son ont été pris dans divers lieux, et le moins qu'on puisse dire c'est que le résultat est hétéroclite. L'image subit de sérieuses transformations d'une salle à l'autre. Mais plus inquiétant, également d'une caméra à l'autre. L'on navigue sans arrêt entre excellents gros plans limite HD et plans larges à la définition floue, aux blancs et bleus cramés, à la qualité parfois VHS, et durant de nombreuses (dizaines de) secondes. Le tout possède un rendu évidemment bootleg, et c'est là que Chaos in Motion peut choquer : proposer au grand public, qui peut ne jamais avoir vu le groupe de sa vie, un produit sensiblement identique à des bootlegs. Or, Dream est justement réputé pour proposer des bootlegs officiels : dilemne dilemne... Mais attention, malgré de très grosses fautes, l'image est tout de même regardable, en tous cas acceptable sur la durée. Il en est de même pour le son, dont le niveau global est satisfaisant même si chaque concert a son talon d'Achille (guitare trop forte, trop faible, batterie stridente, voix mal définie... jusqu'à la basse trop en avant, vous vous rendez compte ?). A noter que même les possesseurs de simple chaîne stéréo, voire de téléviseur seul, préfèreront sans doute la piste 5.1, plus vivante et plus claire. 5.1 qui ressemble à celui de Live at Budokan : dès que ça s'énerve, Petrouche passe à l'arrière droite et Rudess à la gauche. Bien, non ? Non. Car pour un bootleg, qui plus est censé nous faire partager l'universalité d'un groupe, il manque cruellement un détail : le public. Entre les morceaux ça va, mais dès qu'une intro retentit, on se croirait dans un studio capitonné. Sur Blind Faith, une fois le piano solo fini, la coupure de son à la reprise confirme nos doutes cités précédemment : ce live manque de life. Pas de cœur donc, mais d'oxygène.
Mais alors, pourquoi ne pas descendre en flammes ce qui de loin ressemble à, voire est cité par certains comme un sous-produit ? D'abord parce que même en pilotage automatique, DT n'arrive pas à sortir un live vraiment mauvais. Ici, on baîlle, on est exaspéré, mais il en ressort toujours des moments de grâce. Ensuite, et surtout, parce que l'accent a été volontairement mis sur l'aspect tournée, logistique, tour du monde, voyages, bref boulot, et à ce niveau nous sommes plutôt gâtés. Score présentait DT côté culte, studio et créativité. Chaos lui s'intéresse au fait que les ventes de DT flirtent désormais avec le million et que leurs tournées sont de véritables chantiers à large échelle. Et du conducteur de bus aux éclairagistes, du promoteur à l'ingé son, du responsable merchandising au crevard qui livre une croisade hilarante pour gratter cinq biftons, tous ont ici droit de parole. Cela explique-t-il, voire excuse-t-il le côté deshumanisé de cette tournée ? Non, mais on prend ainsi mieux conscience des enjeux colossaux (mieux se traduisant plus explicitement par "dans la gueule"), et que DT est réellement devenu un groupe essentiel, un des grands piliers de la musique contemporaine - ce ne sont plus les über-fans qui le proclament, ce sont les businessmen.

Vous aurez donc entre les chansons les intermèdes avec les musiciens s'exprimant tous (par tous, j'entends aussi John Myung), puis un documentaire très complet, 5 easter eggs plus ou moins délirants, quatre clips (deux très moyens et deux archi-nuls), les projections de fond de scène (la première est assez drôlatique), bref un sacré paquet d'heures de visionnages. Il n'y a qu'une seule chose que vous n'aurez pas, ce sont les sous-titres. Et pour un groupe qui naguère obtint sur ce site 9/10 en bonus uniquement grâce aux sous-titres, ça la fout mal. Félicitations à RoadRunner qui a bien fait son boulot, et... ah non Guy, on me souffle dans l'oreillette qu'ils n'ont pas bien fait leur boulot. C'est d'autant plus rageant que pour une fois, les documentaires ont une place plus importante que la musique dans un tel DVD. Rageant aussi de penser que ce disque, très bien distribué et numéro un des ventes un peu partout, peut être considéré comme un très bon produit représentatif de DT en DVD, alors que ce n'est absolument pas le cas. Les fans, eux, seront heureux d'avoir les inédits de Bucharest 2002 en... stéréo, les autres, novices et indécis, vous avez bien mieux àacheter, en commençant par Budokan et Score. Comme pour l'album studio accompagnant ce Chaos, le Roi a chû, sauf que cette fois on lui a fait un croche-patte. Allez, hardi les mecs, un sursaut d'orgueil, on coupe l'électricité à Jordan, Myung réécrit des poèmes, on écrit un solo à la Presence Of de 200 minutes histoire d'avoir de quoi piocher, et on sort l'album du siècle. Quant au live du siècle, rappelez-vous : le meilleur moyen de ne pas foirer un DVD, c'est encore de ne pas le sortir. La balle est dans...


14-10-2008

2007/2008 - Rotterdam, Buenos Aires, Toronto, Boston, Bangkok, Vancouver


01. Intro (laissons le suspens)
02. Constant motion
03. Panic attack
04. Blind faith
05. Surrounded
06. The dark eternal night
07. Jordan Rudess keyboard solo
08. Lines in the sand
09. Scarred
10. Forsaken
11. The ministry of lost souls
12. Take the time
13. In the presence of enemies
14. Schmedley Wilcox (Trial / Free / Learning / God / Octavarium)
15. Repentance (excerpt) - Bonus (w/ Akerfeldt au chant)


James LaBrie, Mikael Akerfeldt - Chant   
   John Petrucci - Guitare, choeurs
Mike Portnoy - Batterie, choeurs   
   John Myung - Basse
Jordan Rudess - Claviers de tous poil et ZenRiffer