Concert regorgeant d'émotion, excellence du 5.1, produit soigné et fédérateur, documentaire génial

Note globale


Setlist un peu trop "mécanique", choix purement technique du son discutable

Editeur : Rhino
Durée totale : 4 h 11

- (PCM)

Image        NTSC

Sous-titres fr uk sur les interventions
Documentaire "The story so far" (56 min, 5.1, st fr uk)
Animation d'Octavarium (3 min, 5.1)

Devant la beauté du décor, les lumières, les couleurs qui bavent peu pour du NTSC, la réalisation plutôt bien fichue, ça aurait mérité 10. Seulement voilà, la compression souffre terriblement.
Un PCM un peu sourd, un 5.1 absolument génial mais qui souffre des limites du Dolby Digital. Pas parfait donc, mais d'un niveau de détail et de chaleur inespéré.
Note très balancée : d'un côté, le concert n'a pas une unité suffisante pour enthousiasmer tout un chacun ; de l'autre côté, on ne peut que féliciter la volonté de ne présenter que des inédits sur DVD ou presque.
Trois live, mais surtout un documentaire passionnant de A à Z, très bien filmé, très bien documenté, très bien sous-titré, très bien en 5.1, très bien..

Qu'y a-t-il de meilleur qu'être le premier ? Etre le deuxième. Ce n'est pas que tous les regards se posent sur vous, mais on ne vous quitte jamais vraiment des yeux. Et quand par miracle vous dépassez le premier, les gens se disent "il y est enfin arrivé". On a une grande tradition de tendresse pour les deuxièmes en France, regardez Poulidor. Imaginez donc, dans notre univers un peu sclérosé et renfermé qu'est le DVD musical (de plus en plus de sorties, de moins en moins de ventes ?), le séisme qu'a dû être l' "affaire Score". Quelques poignées de jours avant sa mise en bacs était sorti LE DVD musical le plus attendu depuis l'avènement de ce média, le très fameux Pulse de Pink Floyd. Carton absolu qui s'assurait sans problèmes de truster la première place des charts de notre centre d'intérêt favori, qui l'a fait de façon spectaculaire, et qui a continué de le faire pendant des semaines, voire des mois (à l'heure qu'il est, Pulse est toujours numéro un des ventes dans certains magasins). Seulement, au milieu de ce hold-up médiatique, il y a eu une faille. A peine numéro un, Pulse venait de se faire détrôner ! Et le même jour dans les principaux pays du monde ! C'est ainsi que, pendant une ou deux semaines, le consommateur lambda passant devant les télés de démonstration eut la surprise de découvrir non pas les Pink Floyd, mais ce groupe en constante progression médiatique qui ici signait un joli coup : Dream Theater. Et le consommateur lambda de n'être finalement pas si surpris que ça. Car malgré ses petits défauts, il n'est pas difficile de comprendre comment Dream Theater a pu se hisser ainsi à une place aussi convoitée, et battre le géant. C'est que, exactement comme Pulse d'ailleurs, Score est de ces disques qui passés dans un magasin donnent au client l'envie de se payer, comme ça, pour une fois, pour le plaisir, un DVD musical.
Pour ceux qui l'ignorent encore, Score a trois significations en anglais : marquer un but, fêter son XXème anniversaire, ou bien il désigne une partition de musique écrite. Ce concert unique donné au très prestigieux Radio City Music Hall de New-York (salle mythique s'il en est, et réservée aux cadors) était l'occasion de combiner deux de ces sens : fêter dignement le vingtième anniversaire du groupe en incluant un orchestre à la musique du groupe. La troisième signification est venue à son tour puisqu'ils ont pété les... scores. On retrouve donc nos cinq Américains en terrain conquis, "à la maison", sortant d'une tournée triomphale (ils ont quand même ouvert pour Maiden dans un Parc des Princes plein comme un oeuf), gonflé a bloc. Le concert est en deux parties, la première sans orchestre, la seconde avec (la découverte des cordes et cuivres par les spectateurs étant un moment fort dans l'histoire de notre petit média chéri). Et il dure deux heures quarante très serrées pendant lesquelles tous se donnent à fond, à commencer par Mike Portnoy plus à l'aise que jamais (et pourtant il a une sacrée responsabilité sur les épaules !), qui pour suivre l'orchestre a trouvé l'astuce qui tue : un rétroviseur ! James LaBrie chante comme rarement, un pur régal. Overdubs ? Peut-être, mais pour une fois, on ne s'en plaindra pas : c'est sûrement sa voix qui a fait basculer pas mal d'exemplaires de Score "malencontreusement" au fond du caddie. Lui et l'orchestre qui, s'il n'est pas impressionnant, et a de sérieuses difficultés de "finition", donne effectivement à ce concert un côté pro et grandiose qui ne manque pas d'attirer regard et ouïe.
Quid du produit final ? Un tel succès signifie forcément un mérite à la hauteur ! Et c'est clair comme de l'eau de roche, on peut dire que Portnoy et Rhino n'ont pas fait les choses à moitié, mais avant de voir tout ce qui va bien (et il y a du monde), penchons-nous sur ce qui ne va pas. La set-list d'abord. On ne pourra que féliciter très chaleureusement l'initiative de Portnoy de proposer à chaque nouveau DVD des chansons différentes - et on ne peut pas en dire autant de tout le monde, n'est-ce pas U2, Depeche, Jarre, IQ, Sardou, Lara, Eddy, et Jean passe ? Donc, choix de titres intelligent et généreux, le hic est qu'il a choisi une setlist chronologique, ce qui l'affaiblit d'autant plus que les morceaux peu joués ou carrément inédits pour le grand public ne se marient pas tout à fait, donnant au concert un rythme bancal, la première partie surtout. On pourra en revanche s'enthousiasmer devant la présence de pépites : le très mesestimé Innocence Faded, l'inédit Raise the Knife (meilleur qu'en studio) et l'intégralité de la chanson 6 Degrees (40 minutes au compteur). Autre souci : l'orchestre, qui a donc donné une prestation pas tout à fait au niveau espéré, mais nous l'avons déjà vu. Et puis, il y a le choix technique du son opté pour le DVD. L'image aurait dû être de toute beauté : la salle est magnifique, le montage très reussi, mais le NTSC bave un peu, et surtout, la compression est particulièrement vilaine, laissant les gros carrés prendre le dessus plus souvent qu'à leur tour. La faute au son, puisque le DVD est proposé en PCM. Choix stupide, car d'une part le concert existe en CD (donc disponible en haute qualité sans problèmes), ensuite presque trois heures en PCM, ça ne laisse plus beaucoup de place à l'image qui en pâtit fatalement, enfin parce que la stereo malgré son traitement de faveur ne rivalise pas avec le 5.1. Et là, on va pouvoir parler de ce qui fait plaisir.
Quand on disait que DT avait mis les petits plats dans les grands, il subsistait un doute : la maitrise du surround. Doute balayé, atomisé, annihilé par Mr Elliot Scheiner en personne, Mister 5.1, qui délivre un son de toute beauté. Si malheureusement les basses ont tendance à écraser le reste (défaut récurrent dans tous les DVD de rock avec orchestre), la première partie donne aux arrières une belle reverb chaude et profonde, la guitare de Petrucci délayant suavement ses effets derrière vous (tandis que tous les instruments restent bien devant, évitant le semi-échec de Live at Budokan). Mais c'est surtout la seconde partie qui force le respect : l'orchestre est aussi en 5.1, et pas farouche avec ça ! Les violons de l'ouverture orchestrale sont très franchement derrière vous, les violoncelles font balance en stereo inversée, les timbales résonnent, les fausses notes tant décriées sont parfaitement repérables dans l'espace (dans ce cas précis, c'est une qualité), et vous serez donc entouré en permanence de détails, repoussant les limites du Dolby Digital (qui souffre beaucoup), et s'il ne deviendra pas un disque de démo (le groupe restant un peu trop fort), ce Score propose une bande-son d'une qualité nullement attendue. A la rigueur, quitte à sacrifier l'image au profit du son, on aurait bien troqué le PCM contre un joli DTS.

Toujours désireux d'en donner plus, les DT ont en prime créé un DVD bonus qui plaira aux fans plus que de raison. Outre trois titres bonus, eux aussi jamais sortis en DVD, nous trouvons un gros morceau de presque une heure : un documentaire rétrospectif sur la carrière du groupe. Et c'est Warner le distributeur de ce disque. Coincidence ? Peut-être, n'empêche : nous avons donc un documentaire au niveau de qualité Warner - sous-titré, passionnant, extrêmement bien documenté, drôle, qui aurait mérité de durer deux heures, et - cerise sur le gateau - lui aussi dans un 5.1 ... surprenant ! Un bonus d'une qualité rare, parfaitement en adéquation avec le programme principal. Car malgré les défauts énumérés, il ne faudrait pas ici oublier le matériau de base, celui qui a conquis les charts en un clin d'oeil : un concert long, varié, proposant tour à tour furie metallique et douceur mélodique, renforcée par un orchestre qui ne fait pas de la figuration, un chanteur nickel, beaucoup d'émotion(s), et un final en apothéose. Jouant trop longtemps, le groupe avait alors dépassé l'heure du couvre-feu et payé une amende. Grain de sable ? Non, preuve de la loyauté envers ses fans. Qui lui ont rendu la pareille sans hésiter, en achetant les premiers exemplaires du DVD "like it's going out of style". Au cas où vous ne seriez pas encore l'heureux propriétaire de ce disque, vous savez désormais non seulement qu'il est une des meilleures sorties de 2006, mais également pourquoi. Le succès est rarement dû au hasard, et quand ça se vérifie, en général c'est dans les grandes largeurs. Les grandes largeurs, voilà tout ce qu'on peut souhaiter à Dream Theater pour le futur. Mais quand on détrône Pink Floyd au hit-parade, franchement, on n'a pas trop de mouron à se faire.


16-04-2007

1er avril 2006 - Radio City Music Hall (New-York, U.S.A.)


01. The root of all evil
02. I walk beside you
03. Another won
04. Afterlife
05. Under a glass moon
06. Innocence faded
07. Raise the knife
08. The spirit carries on

09. Six degrees of inner turbulence
10. Vacant
11. The answer lies within
12. Sacrificed sons
13. Octavarium
14. Metropolis

15. Another day (1993) - Bonus
16. The great debate (2002) - Bonus
17. Honor thy father (2005) - Bonus


James LaBrie - Chant   
   Mike Portnoy - Batterie, choeurs
John Petrucci - Guitare, choeurs   
   Jordan Rudess - Claviers, continuum, lap steel guitar
John Myung - Basse   
   Jamshied Sharifi - Direction d'orchestre
Octavarium Orchestra - Cordes, cuivres, vents, percussions