Prestation de Peter Nicholls, excellence du son 5.1, bel objet professionnel

Note globale


Concert un peu froid, et dédoublé sans grand gain

Editeur : Giant Electric Pea
Durée totale : 4 h 32

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Image       (DVD 2 : 4/3)     PAL

Soundcheck de NearFest (10 min non st)
Stage and screen (15 min non st)
Premier concert d'Andy (13 min)
Galerie de photos (5 min)

Vous voulez tester la profondeur des noirs de votre télé ? Bienvenue au paradis. Du fond de scène aux costumes, tout est plongé dans la pénombre de la sombrité pas claire. Problème : la définition, parfaite sur certains plans, se banane sur d'autres, et on ne peut pas dire que la réalisation aide à chauffer le spectateur.
Plus grand budget oblige, Martin Orford rattrape le concert des 20 ans un peu faiblard et délivre un mix 5.1 extrêmement réussi, spatialisé à mort et enveloppant d'un bout à l'autre. Dommage que la compression se fasse entendre surtout sur la voix, et que la stéréo ne soit pas le PCM tant attendu.
C'est bien, pro, parfaitement chanté, et les nouveaux titres passent bien. Mais on a une impression de déjà vu dédoublée par le DVD 2, ce qui s'appelle aggraver son cas.
Quelques backstages, un bout de concert purement pirate et c'est tout. Pas de quoi vraiment grimper au plafond.

Dark Matter : nouvel album de IQ, et donc nouvelle tournée. Comment traduire ce titre ? En ampoulant bien la traduction, ça pourrait donner bien évidemment "la matière obscure", mais aussi de façon plus philosophique, "les sujets qui préoccupent". La vache, c'est très capillotracté comme traduction, on se croirait dans une traduction de Latin (une langue fabuleuse qui joue beaucoup sur les métaphores). En tous cas, Dark Matter a permis à Peter Nicholls de lancer une question intéressante au milieu du très beau digipack composant ce DVD : "does dark matter ?". En gros : "est-ce que le côté sombre importe ?". La réponse est oui, mille fois oui. Surtout pour un groupe comme IQ, qui malgré le côté puissamment émotionnel de ses chansons (traitant des femmes battues, de la première guerre mondiale, de la vie carcérale et j'en passe), oui donc IQ, a toujours déconné sur scène. Même après un Subterranea, une heure quarante de progressif sublissime et froid à en geler Gina Gershon, ils arrivent à déconner comme des porcs sur les rappels. Sauf que là, c'est un peu trop. C'est la première chose qui frappe sur ce DVD : tout est dark, effectivement. Peter Nicholls a abandonné le marcel à trous blanc (enfin... gris) pour une veste anthracite super-classe. John Jowitt, pareil. Les lumières sont diffuses, et même les rétro-projections, bien que soignées, sont obscurcies. Et si on rajoute à cela le solennel du dernier album, il faut avouer qu'IQ sur ce DVD est trop obscur.
Le concert présent sur le premier disque est le clou du festival Nearfest de 2005, avec un public Américain aux anges qui attendait les britons sur leurs terres depuis un moment, et le ton est donné rapidement : belle rétroprojection, scène sombre, et premier extrait de Dark Matter qui sera très à l'honneur. Les versions jouées sont très fidèles à leurs homologues studio, ne surprenant donc personne. On notera comme principale différence le nouveau batteur Andy Edwards, qui a à lui tout seul plus de cheveux que les quatre autres réunis, et dont la frappe est assez semblable à celle de son prédécesseur Paul Cook, en un peu moins bourrin cependant (il n'écrase pas sa caisse claire comme un sourd, certains le regretteront, d'autres pas du tout). S'installe donc rapidement un spectacle rôdé, précis, pro, mais qui manque de fantaisie et de proximité. La faute en revient partiellement à la set list, qui à part le dernier album n'est pas particulièrement héroïque et aurait mérité de faire preuve d'un peu plus de bravitude, pour employer un mot à la con mode : elles ont beau être de splendides chansons, nos amies les Widow's Peak, Narrow Margin, Last Human Gateway et Leap of Faith commencent à sérieusement redonder au fil des DVDs, surtout quand on sait que Forever Live va également ressortir. Une seule chanson de la période Menel, pas un seul de leurs beaux inédits (Hollow Afternoon aurait fait bonne figure), et à part le rappel, pas une "petite" chanson qui aurait dédramatisé un peu le tout. Beau, mais extrêmement lisse, un peu comme les épaules de Racquel Darrian, hélas la chaleur en moins.
Il y a cependant trois éléments importants qui, sans rendre ce DVD indispensable, feront chaud au coeur des vieux fans du groupe. D'abord, tous les musiciens jouent au diapason, sans une erreur ou presque : quiconque a déjà vu IQ en vrai n'a pas pu rater le jeu de Martin Orford, véritable chronomètre vivant ; bon, il faut dire qu'il se barde de séquenceurs multiples, ça aide un peu, mais les autres zicos marchent dans ses pas au millimètre. Evidemment ça prononce ce côté froid et machinal sus-vu , mais leur application fait plaisir à voir (ne pas oublier qu'IQ malgré son succès croissant depuis vingt ans n'est pas un groupe 100 % "professionnel"). Ensuite, il y a le cas Peter Nicholls. Il chante parfaitement. Hein ? Ca y est, Baker a pété un boulard, ou alors il est devenu sourd (j'en entends même certains murmurer "...ça, on l'savait déjà"). Et pourtant non, je vous jure : sur ce concert, Peter Nicholls ne fait pas une seule fausse note, chante parfaitement de A à Z, et je n'hésite pas à proclamer qu'il n'a jamais aussi bien chanté y compris sur les albums studio ! Enfin, et là ça fera très plaisir surtout aux amoureux du dernier album, ainsi qu'aux audiophiles amateurs ou confirmés, Martin Orford a pris son temps pour nous pondre un son 5.1 de toute beauté : vos enceintes satellites sont constamment sollicitées qui par un arpège de guitare, qui par des effets sonores (extraordinaire Harvest Of Souls), qui par des pads onctueux de vieux synthé Roland, qui par l'écho de la voix, sans oublier un public qui à priori est beaucoup moins coincé du cul que moi sur ce coup-là, adore chaque note jouée pire qu'un adepte de Râ (au fait, à quand un DVD live de Râ-psody ?), et le fait savoir bruyamment. En fait, sachant que la moitié de Dark Matter est jouée, on a quasiment l'album studio, aussi bien joué, mais mieux chanté et avec un 5.1 jouissif. Ce qui renforce ce qu'on pense depuis des années, à savoir que le jour où IQ ressortira l'album studio de Subterranea en DTS 96/24 et en réintégrant les deux inédits présents sur Lost Attic, il y aura comme un petit tremblement de terre dans le monde sclérosé de la musique spatialisée. Putain, c'est bô.

Moins bô sera le second DVD car, rendant un vibrant hommage à Raymond Barre, il semble au départ bien parti pour devenir la séquelle de "Qu'est-ce qu'il fout là, le film". Il s'agit d'un autre concert de la tournée, complètement différent : en Allemagne, et en plein air, avec des moyens de tournage tout autres. Complètement différent ? Pas tout à fait, les gars. La setlist est la même, avec quelques morceaux en moins, donc pas de surprise (sauf la simple présence de Harvest of Souls, qui passe bien mieux en live). Musicalement, c'est la même interprétation mais un peu moins carrée ("plus détendue" est un peu cavalier) et le plein air n'empêche pas d'avoir la même mise en scène, donc aucune surprise. Même la spatialisation du son ressemble pas mal au premier disque, donc de surprise, point n'aurez. Non, en réalité, l'unique surprise vient de l'existence même de ce disque. Il ne sert à pas grand-chose, sinon avoir un testament de cette soirée teutonne et démontrer que les IQmen n'ont pas perdu leur bonne humeur comme on pouvait le craindre. Viennent s'ajouter un magnifique packaging, quelques bonus à l'intérêt limite mais pas désagréables (sauf le premier concert d'Andy, d'une qualité bootleg), et vous avez un produit curieux, qui laissera certains perplexes et d'autres sur le carreau. Evidemment les adorateurs de Dark Matter ne rateront pas pareille occasion, les autres auront d'autres priorités d'achat, en tous cas une telle sortie permet au moins de se rassurer sur un point : IQ n'est pas mort, loin de là. Il continue même de marcher sans déambulateur. Maintenant, on n'attend plus qu'une chose : qu'il se remette à la competition et regagne le cent mètres comme voilà dix ans.


26-01-2007

PS : Merci à Bwan du forum Progressia pour m'avoir signalé une bonne boulette !

9 juillet 2005 - NearFest Festival, Bethlehem (Pennsylvanie, U.S.A.)
16 juillet 2005 - Burg Herzberg Festival (Allemagne)


01. Sacred sound
02. It all stops here
03. Leap of faith
04. Born brillant
05. The seventh house
06. Drum solo
07. No love lost
08. Widow's peak
09. The narrow margin (middle section)
10. Guiding light
11. Harvest of souls
12. Awake and nervous
13. The last human gateway (middle section)
14. The wake

15. Sacred sound
16. It all stops here
17. Born brilliant
18. The seventh house
19. Drum solo
20. No love lost
21. Leap of faith
22. The wake
23. Harvest of souls
24. Awake and nervous


Peter Nicholls - Chant   
   Martin Orford - Claviers, choeurs
John Jowitt - Basse, choeurs   
   Mike Holmes - Guitare, choeurs
Andy Edwards - Batterie