Encore un beau spectacle agréable à voir et à suivre, techniquement très beau

Note globale


Où sont passés, dans le désordre : le DTS, le commentaire, les bonus intéressants et l'intérêt dans sa discographie ?

Editeur : Warner Music Vision
Durée totale : 2 h 15

- (PCM)

Image        PAL

No comment (backstage, 13 min 16/9 non st)

Pas de chipotage possible : c'est magnifique même sur un écran de PC. C'est dire. Une des images les plus parfaites du support, haut la main.
Stereo très bien balancée et 5.1 qui essaie de repousser ses limites avec une énorme spatialisation et une musique très enveloppante. Seul bémol : l'orchestre sonne moins présent en 5.1 que prévu. Un p'tit DTS aurait peut-être été bienvenu ? Là par contre c'est du chipotage : le son global est génial.
Je ne parle pas du spectacle, qui est très beau (écrans géants intelligents, feux d'artifice partout), mais de l'intérêt musical dans la carrière de Jarre : c'est très, vraiment très très anecdotique et la moitié est en playback.
Un CD audio sympa mais court et un backstage entre le plutôt marrant et le, comme d'habitude, complètement anecdotique.

Avant le DVD, il y eut la cassette vidéo. Puis le LaserDisc. Deux médias propices aux vidéos musicales et que Jarre n'a pas eu peur d'utiliser. Depuis, l'annonce de ses meilleurs concerts sur notre support favori a fait nettre quelques traces réminiscentes de bave verdâtre au coin de nos lèvres, la perfection technique totale du concert en Chine 2004 n'ayant fait que renforcer notre impatience. Alors imaginez la tête qu'on a fait en découvrant que le second volet des aventures du Tintin des synthés serait L'Affaire Tournesol, au lieu d'un Tintin à Lyon ou Tintin qui grimpe la vieille dame (je parle de la Tour Eiffel, porcs que vous êtes !). On dirait même que Warner a sorti ce concert en partie pour peser de façon plus exacte le poids commercial du Jean-Mi dans nos bacs. De toutes façons, dès le premier contact, à savoir jaquette et packaging, on se doute que quelque chose cloche : la photo est une très mauvaise incrustation (alors qu'il y avait très largement matière à faire exactement la même photo sans truquer), et la version "collector" est, comme pour le concert en Chine, un "best-of" en CD qui dure 48 minutes. Quarante-huit. Ca tient sur un 33 tours, et là c'aurait été collector. Passons.
Qu'est-ce que Solidarnosc Live ? Eh bien souvenez-vous des concerts des Docklands : toujours à la recherche de lieux inhabituels pour donner ses spectacles, Jarre le magicien (non, pas David ! ^^) a renouvelé le concept de docks pour aller en Pologne, au berceau de la révolution des dockers, sidérurgistes et électriciens exploités par le régime coco, et que l'on connaît depuis plus de trente ans sous le nom de "Solidarité - Solidarnösc", ayant donné notamment lieu à un reportage choc du même nom, dont il me semble avoir aperçu des extraits pendant le concert, et qui a été réalisé par Serge Poljinski. Je dis ça juste parce que c'est mon ancien prof de réalisation, et comme il a passé le coco, je lui passe le coucou. En tous cas, le lieu était bien choisi puisque les docks de Gdansk furent le berceau de cette révolution, menée entre autres par un certain Lech Walesa devenu depuis maire de la ville. Jarre lui rendra directement hommage d'ailleurs, tout comme à son ami Jean-Paul II. La foule est en délire (de toutes façons le public polonais est mordu de prog), la pyrotechnie est sublime, et globalement le spectacle fut total et très agréable. On n'en attendait pas moins ni de Jean-Mimi, ni de la ville qui l'accueillait.
Maintenant, penchons-nous sur ce que musicalement ce concert a apporté à l'édifice Jarre. Pour être honnête, pas grand chose. D'abord, nous passerons rapidement sur le fait que le concert ait été un peu coupé, pas toujours finement d'ailleurs (ou alors Michou est champion du monde de saut à pieds joints), et que parmi les coupes (merci Kaworu) se trouve l'Emigrant, morceau qu'il n'a pas joué depuis fouyaya - certains d'entre vous n'étaient même pas nés. Non, il a préféré inclure Rendez-Vous 4, une petite face B australienne rare je suppose. Et pas lassante en plus. Question répétitions, s'il n'y avait que R-V IV, on aurait passé, mais non ! Si le concert débute bien, par un Revolution Industrielle qui était déjà l'intro du concert jumeau, celui des Docklands justement, on est encore plus frétillants en entendant les nouveaux arrangements de cordes : l'orchestre est dans le fond, musicalement comme scéniquement puisqu'on les voit à peine au fin fond du dock, mais il apporte un réel plus à ce fantastique morceau (NDKaworu : Malgré une nouvelle programmation rythmique pourrie). Las ! Ca ne durera pas longtemps.
Prenez le concert en Chine. Je ne parle que musicalement ; car côté image et spectacle populaire c'est vraiment bien et différent, mais si on s'en tient à la bande son, vous regardez tout ce que vous n'avez pas aimé à Pekin et vous le multipliez ici. Avant tout, on en revient à la configuration à deux (trois avec Claude qui fait semblant de jouer de l'orgue de barbarie, qui fait semblant de jouer de la guitare et qui fait semblant de s'amuser). Résultat : c'est froid, mais alors froid comme pas permis. Pas sur scène puisque Jarre en profite pour faire son aérobic, se prend pour Chirac (c'est le contact avec Bernadette qui l'a rendu ainsi ? elle est pas pour elle pourtant, elle est trop bonne actrice !), saute partout et, là on rigole moins, donne une sale impression de playback tout du long. Il n'y a qu'à voir les parties solo "déjantées", le son de trompette sur March 23, ou pire, l'interprétation solo de Oxygene 13 avec la main gauche tantôt dans le dos, tantôt se plantant grave sur l'Eminent sans conséquence sur le son. Et je resterai poli en disant que ses deux petites cymbales de clown qu'il martyrise à longueur de concert (enfin, quand il pense à taper dessus) faisaient mignon sur un titre en Chine; ici, sur deux heures et sachant que ça sent autant le playback que le reste, c'est gonflant.
Evidemment, c'est du Jarre, alors on ne peut pas se plaindre de tout, loin de là. Au rayon des bonnes nouvelles : Souvenir de Chine est lui aussi sublimé par l'orchestre, plus encore que la déjà excellent version à Pekin (un comble). Alors que Pekin nous avait offert un très inattendu Geometry of Love, Gdansk nous offre mieux : March 23, l'unique titre sauvable du très regrettable Sessions 2000, une surprise qui a ravi tous les fans. Enfin, Akropolis, rebaptisé pour l'occasion (c'est son troisième petit nom en cinq ans), est plus Vangelis que jamais avec le piano de Vangelis, le CS 80 de Vangelis, les choeurs de Vangelis (mais une lourdeur bien Jarresque, il faut l'avouer). D'ailleurs, restons sur les nouveaux baptêmes : le péquin moyen jetant un oeil sur la tracklist se dira que le Rocco du Kurzweil a été généreux en inédits. Bernique. Cette façon de changer trois notes et le titre pour en faire 'de nouveaux morceaux' est pour le moins horripilante (Je Me Souviens transformé en Aero, Tout Est Bleu changé en Light My Sky, j'en passe, et toujours moins bons que les originaux)... Et l'amateur de Jarre, de courte ou longue date, ne pourra qu'être d'accord avec mon diagnostic : ce Solidarnosc, en tant que disque live, frise la totale inutilité, et avec l'image, on en vient à demander plus de plans des (magnifiques et nombreux) feux d'artifice, ce qui en dit long sur l'intérêt qu'on porte aux musiciens. Même Patrick Rondat, génie d'entre les adorables génies (un mec qui joue avec Jarre, Misanthrope et Hauteville ne peut qu'être génial ET adorable), semble un poil moins à l'aise.

Heureusement que niveau technique, le Clark Gable de la table à grain est toujours aussi pointilleux : l'image a beau être en NTSC, elle est parfaite. Faites un arrêt sur image n'importe où, c'est beau. On voit les effets pyrotechniques et les rétroprojections, plus en tous cas que dans pas mal de concerts. On voit aussi, hélas, trop souvent Jarre, lui, lui et encore lui, ce qui permet de déceler les playbacks plus vite que notre ombre, sans s'arrêter assez sur le pauvre Francis Rimbert qui lui semble jouer beaucoup plus. Le son, bien qu'ayant perdu le DTS, ce qui est regrettable devant un tel fourmillement de couches synthétiques subtiles, donne pleine mesure aux zigouigouis un peu partout sans oublier le public chaud comme des poeles à charbon un soir de grève. Et puis, j'y reviens mais c'est essentiel, le spectacle dans son ensemble est pour le néophyte agréable : si on n'arrive pas à se passionner, force est de constater qu'on ne s'ennuie à aucun moment. L'acheteur de passage pourra se laisser berner et acheter ce disque, voire le regarder plusieurs fois le sourire aux lèvres; aurait-il mieux fait d'acheter le concert à Pekin ? Certainement, en tous cas si vous faites partie de cette caste, surtout n'achetez pas les deux, c'est le meilleur moyen de vous dégoûter du bonhomme. Mais celui-là seulement, comme ça, pour passer le temps, ma foi pourquoi pas ? Quant aux fans, eux, ils n'ont pas attendu le DVD, et pas même le concert, pour faire la moue et rêver déjà à des jours meilleurs.

avec une grosse aide de

26 aout 2005 - Chantier naval de Gdansk (Pologne)


01. Revolution industrielle
02. Suite for flute (aka intro d'Oxygene 2)
03. Oxygene 2
04. Tribute to Chopin
05. Aero (aka Je me souviens)
06. Oxygene 4
07. Souvenir (NDBaker : Il n'ose même pas l'appeler "de Chine")
08. Space of freedom (March 23)
09. Theremin memories
10. Chronologie 2
11. Mury
12. Chronologie 6
13. Oxygene 8
14. Light my sky (aka Tout est bleu)
15. Tribute to Jean-Paul II (Akropolis)
16. Rendez-vous 2
17. Vivaldi "Summer - Presto"
18. Oxygene 12
19. Rendez-vous 4
20. Solidarnosc (Oxygene 13)
21. Aerology Remix


Jean-Michel Jarre - Claviers, percussions, chant   
   Francis Rimbert - Claviers
Claude Samard - Claviers, guitare   
   Patrick Rondat - Guitare
Baltic Philharmonic & Gdansk University Choir - Chorale et cordes