Grosse surprise que ce live, chansons rares et géniales, groupe fantastique

Note globale


Un peu court Jim. Et surtout, la réalisation n'est pas à la hauteur de l'évènement.

Editeur : SWR
Durée totale : 1 h 06

- (PCM)

Image        PAL

Interview du producteur en anglais et en allemand (5 min, st fr)
Pub pour le matériel utilisé (3 min, st fr)
Liste des shows Ohne Filter
Biographie (nombreuses langues dont fr)

Ach ! Pas top. La définition et les couleurs sont moyennes, mais c'est normal vu la source (émission télé de 1994. Allemande, en plus.)... Le vrai souci, ce sont les cadrages et le montage. Ils sont agréables, mais à peine suffisants pour justifier le support vidéo.
Le son de la guitare paraît très éouffé, mais c'était le style de Luke à l'époque (très loin de la brillance heavy metal de Kingdom of Desire). Le reste du groupe sonne très bien, et le 5.1, non spatialisé, compense par une jolie ouverture qui laisse exploser le côté live brut de pomme.
Du pain béni : l'album Candyman, déjà bien live, en... live. Trop court, évidemment, ce mini-concert est malgré tout un régal pour les amoureux de FM West Coast qui se lâche en public et vômit des notes qu'on savait même pas qu'elles existaient, les coquines.
Comme pour le Ohne Filter de Popa Chubby. Comme tous les Ohne Filter à venir.

L'effet papilllon est une réalité. Le batteur de votre groupe pulvérise un insecticide dans son jardin de Los Angeles, trois ans plus tard vous vous retrouvez dans un studio télé en Allemagne. Irrécupérable trublion du groupe Toto, Steve Lukather a vu sa carrière basculer à la mort de son ami Jeff Porcaro, juste après la finition de l'album Kingdom of Desire (un chef-d'oeuvre du rock brut qu'on devra bien étudier en détail un jour). La tournée qui s'ensuivit, avec en batteur de remplacement l'excellent Simon Phillips fraîchement sorti de sa période Mike Oldfield, permit à 'Luke' comme ses fans l'appellent de tenir le coup et de prolonger Toto, afin de faire un gigantesque bras d'honneur à cette vieille catin perverse qu'est la Mort. Mais les tournées ont toutes une fin, et Steve Lukather choisit alors de faire son travail de deuil en quittant l'univers Toto pour livrer un album solo totalement décomplexé, enregistré pratiquement en live, quittant le FM pour des contrées plus jazz fusion, et fit pour cela appel à Los Lobotomys, son groupe alternatif écumant les bars de Hollywood le vendredi soir, et composé de pointures de studio. Oui, vu comme ça, les débuts de week-end à L.A., ça vous change des soirées karaoke spécial Stone et Charden dans les troquets de Chatenay Malabry.
Candyman fut donc le nom de cet album qui accèda rapidement au status de disque culte. Et pour cause : dôté d'un son énorme (il en existe une version 5.1 explosive bien que souffrant d'infidélités de mixage), possèdant des solos magiques, Candyman regorge d'une énergie positive et d'une débauche de technique que Toto n'avait jamais proposé même dans ses moments les plus débridés. Désireux de remettre le couvert en live, Luke et ses potes furent les invités de la célèbre émission allemande Ohne Filter, soit 55 minutes de musique sans interruption, en pur live. Coup de bol, l'émission en découlant est désormais disponible ! Et quelle chance de l'avoir, car elle représente tout simplement l'équivalent de Candyman en live, chose rare et qu'on risque bien de ne jamais revoir. Ce sont donc 6 titres (dont deux reprises) qui sont exécutés devant nos cousins Germains, plus un instrumental tiré des bœufs habituels de Los Lobotomys.
Et le moins qu'on puisse dire, c'est que la réputation des bonshommes n'est pas usurpée ! Ils ne sont que quatre, mais cela suffit à couvrir presque tout le spectre sonore de l'album original : Steve bien sûr, avec son jeu de scène toujours aussi Resident Evil-like, la voix chaude mais pas toujours en forme, et son toucher de guitare si distinct. David Garfield, qui remplace David Paich à tous les niveaux. Simon Phillips, tuant, dans une de ses meilleures prestations, tous roulés de caisse claire dehors. Et John Peña, un bassiste qui vous est peut-être inconnu, mais qui déchire tous les slips de l'armoire sans les dents et d'une seule main. Son toucher de basse renvoie aux oubliettes la plupart de vos héros. Bref, la musicalité est au rendez-vous, et elle a même apporté des chocolats. C'est particulièrement flagrant sur Dismemberment, jam jazz-rock déjantée où chacun peut s'exprimer librement, un morceau qui ravira, que dis-je, qui conquerra les amateurs du genre... et qui feront fuir les autres dès la première note de synthé ! Heureusement, Steve Lukather n'oublie pas ses racines, et les anti-jazzeux pourront se délecter de ses revisites Hendrixiennes. Point de ralliement pour les auditeurs qui seraient partagés : Never Walk Alone. Si vous appréciez les ballades blues déchirantes à la Gary Moore, celle-ci est un très gros morceau.

Dommage alors que le format de l'émission réduise cette formation à sept titres : on les aurait bien vu tenter Borrowed Time ou Froth (pour citer deux extrêmes), leur reprise de All Blues, ou encore deux-trois histoires de Toto. En même temps, sans Ohne Filter, aurait-on eu l'occasion de voir Los Lobotomys un jour ? C'est donc sans trop d'amertume que l'on se contente de ces 57 minutes brutes de fonderie, sans temps mort, sans présentateur blagueur, sans pubs, sans invités douteux : juste 4 musiciens qui font leur travail, et qui le font bien. Les DVD de Ohne Filter étant tous semblables, vous n'aurez pas de bonus particulier à part la discographie de Steve Lukather (dommage, on aurait aimé avoir celle des trois autres aussi). Le son est comme d'habitude un PCM correct (un peu étouffé sur la guitare cependant) et un 5.1 plus chaleureux, les arrières ne servant qu'à l'ouverture mais de façon très probante, surtout sur les nombreuses cymbales de Sir Phillips. L'image est plus décevante : non seulement c'est de la vidéo allemande de 1994 (Schimanski GrüneBild inside), mais les cadrages et le montage ne sont pas toujours à la hauteur. Attention, c'est très regardable, hein, seulement devant ces monstres de virtuosité, on aurait aimé une réalisation plus détaillée, plus précise, plus acérée, bref parfaite. On veut toujours la perfection, de toutes façons, même si on prétend piteusement le contraire, et si ce DVD ne l'offre pas, rien que son existence se raproche du miracle. Même Armande Altaï le dirait : pas question de faire la fine bouche.


17-10-2008

29 juin 1994 - Ohne Filter TV Studio (Baden-Baden, Allemagne)


01. Hero with a 1.000 eyes
02. Freedom
03. Extinction blues
04. Dismemberment
05. Never walk alone
06. The bomber
07. Party in Simon's pants


Steve Lukather - Chant, guitare   
   Simon Phillips - Batterie
David Garfield - Claviers   
   John Pena - Basse