Un spectacle INOUI, un DVD ultra-spectaculaire qui vous balance des uppercuts deux heures durant

Note globale


Manque absolu d'authenticité musicale, mais bon, on s'en doutait un peu...

Editeur : Warner Bros
Durée totale : 2 h 18

 - (PCM)

Image        PAL

Sous-titres fr uk sur les interventions
Making-of (12 min PCM st fr uk)
Module : They're Naughty Children (1 min PCM non st)
Module : Rollerskating (1 min PCM non st)
Galerie de photos (1 min PCM)
CD audio d'une sélection plutôt dance

C'est à tomber par terre. Non, votre "vieux" lecteur de DVD est loin d'être mort : 16/9 spectaculaire, définition parfaite, couleurs brûlantes, compression passée sous silence, contrastes nickel, un vrai disque de démo d'autant plus que les décors sont nombreux. Revendeurs chez Boulanger, vous savez ce qu'il vous reste à faire.
Un gros son qui tâche bien, un DTS énorme (peut-être trop même) qui spatialise les effets à tout-va. Le rendu est trop clinique et manque de chaleur, mais ce n'était pas l'intention de ce DVD qui n'est là que pour détruire les tympans. C'est réussi. Revendeurs chez Leclerc, vous savez...
Une setlist très déséquilibrée : 10 titres (sur 13 !) du dernier album ; pour le reste, 3 albums totalement passés sous silence dont l'avant-dernier (sic !) et quelques fautes. Par contre difficile de lutter contre le sens du spectacle qui tient en haleine pendant deux longues heures bien remplies.
Un CD audio privilégiant le rythme, un making-of très succint, et rien d'autre ou si peu. Par contre, le rapport qualité/prix avec un packaging "modèle CD" est à signaler.

Attention. Que ce soit bien clair : malgré sa présence dans nos colonnes, et son prix de "meilleur DVD de l'année" en Grande-Bretagne, The Confessions Tour n'est pas un DVD musical. Pas au sens propre. Après le DVD Drowned Tour, on ne donnait pas forcément cher de la peau de Madonna : ses pitreries avec le producteur Mirwaïs (le John Galliano du Bontempi à piles) l'avait conduite à créer un spectacle très riche mais sans réelle saveur, puis la voilà qui nous sort un "Confessions on the Dance Floor" pariant sur un revival disco, avec pompes flagrantes et production néo-kitsch. On se doutait qu'avec une telle direction musicale, la prochaine tournée serait encore plus axée danse, et moins musique. Mais on ignorait jusqu'à quel point.
Que l'on soit alors d'accord : Confessions Tour a beau proposer de la musique à 98% non stop, ce n'est absolument pas pour elle que ce disque est si élogieusement traité. Les musiciens ? Vous ne les verrez quasiment jamais. Ils sont de toutes façons soit en playback total, soit par moments dans un simili-live pris en otage par des dizaines de bandes. Ils jouent sur des instruments particulièrement louches, le synthé fait décoration, la batterie possède un son aussi réel que la poitrine de la Princesse Lychoum, quant aux guitaristes ils font pitié, s'époumonnant tout du long sur des guitares sèches qui ne sont pas branchées puisqu'elles ne sont même pas électro-acoustiques, le tout sans une seule note de guitare pendant toute la première heure du show. Madonna elle-même alterne chant live (presqu'exclusivement sur les vieux titres) et playback, allant jusqu'à passer de l'un à l'autre au sein d'un même morceau (changement de timbre de voix inclus). Et quand elle empoigne une guitare...
Terrifiant constat donc si on cherche l'authenticité : pratiquement rien de ce que vous entendrez ne sera réel. Mais pour une fois, il sera beaucoup pardonné, car tel n'était pas le propos de ce DVD. C'est très clair et ça a le mérite de l'être dès la première chanson. Le Confessions Tour était un simple prétexte à recréer une piste de danse de taille géante, pour donner envie de danser au public, et en proposant non pas un concert, mais un spectacle son et lumière haut de gamme. De ce point de vue, ce disque est simplement terrassant. Dès le début du show, le spectateur s'en prend absolument plein la gueule, visuellement et soniquement, et ce ne sera alors qu'une suite presque ininterrompue de tableaux vivants à couper le souffle.
La musique étant totalement figée dans le temps, Madonna a mis le paquet sur l'aspect visuel, peaufinant chaque détail au millimètre. Et l'on comprend mieux pourquoi elle reste si respectée dans le milieu : le résultat est là, magnifique. L'opulence de la mise en scène est à tomber à genoux, les danseurs sont tous géniaux, les décors et costumes magnifiques, les effets visuels sur scène bluffants, il y a quasiment un décor par chanson et tous, absolument tous sont impressionnants (sauf comme par hasard celui d'Erotic, aussi mou du gland que la chanson). Madonna fait tout passer : la culture hip-hop, le disco, le S.M. hippique, le "drague sur la plage way of life", même si vous êtes allergiques, vous ne pouvez qu'adhérer (exception notable du style post-White-Stripes puisque la chanson 'I Love New-York' est une merde sans nom). A côté de ce spectacle, Queensrÿche en 95 c'est Mickey 3D à Saint-Etienne, Pink Floyd c'est un récital Juliette Greco, Jarre c'est le feu d'artifice de la Garenne-Bezons, et Robert Hossein passe pour un nain de jardin modèle réduit. Quand on voit la perfection des chorégraphies, l'hallucinante ampleur des décors, la puissance visuelle, la taille et la qualité des rétro-projections, on se demande combien a pu coûter cette soirée à Londres... Let alone a fucking tour ! Et l'émotion dans tout ça ? Tenez-vous bien, elle trouve le moyen de s'insérer deux ou trois fois subrepticement, l'apothéose étant ce fantastique Live to Tell émouvant aux larmes et qui a défrayé la censure (qui après avoir extirpé ses extrémités digitales de son fondement s'est aperçu, pour la première fois en 2007, que Madonna utilisait le symbole de la croix. Et les boucles d'oreille sur son premier album, c'est quoi, un moule à cannelés ?)
Le tout est en prime présenté sur un écrin de satin : digipak avec joli livret, CD bonus qui est un quasi best-of du show, image et son au top. Ladite image, en 16/9 brillant, possède une définition de toute beauté et des couleurs superbes, vivantes sans être baveuses. La réalisation donne parfois dans le djeunisme ou les effets de mode (ralentis, faux plans sur plans etc), mais exceptionnellement on ne s'en plaindra pas : la caméra ne rate aucun détail, les effets mettent dans l'ambiance de chaque chanson et l'on peut ainsi profiter intégralement du spectacle. On ne voit pas les musiciens ? C'est vrai. Pratiquement jamais. Mais, croyez votre vieux Baker sur parole, ce n'est pas un mal.
L'autre choc, après une image tout à fait splendide, c'est le son. Déjà très agressif en stéréo, il bénéficie d'un DTS ultrapuissant (baissez votre caisson de grave, grave !), parfaitement enveloppant, détaillé, et assez souvent - tin tin tiiiiin - spatialisé, avec gros effets qui tourbillonnent, explosions derrière votre nuque et tutti quanti. On finissait par se demander si un jour un live en DVD postérieur à 2005 allait finir par être spatialisé ! Certes les instruments ne sont pas tous détachés dans l'espace, uniquement les bruitages et séquences, mais ce n'est pas grave, ça rajoute au côté factice (... et donc efficace) du spectacle et ça se rapproche autant que possible de ce qu'aurait été l'album Confessions... s'il était sorti en SACD. Un petit bonheur.

Inutile de préciser que deux heures avec autant de paillettes dans les mirettes et les esgourdes, ça vous épuise un homme. Pour tout dire, ce show "à l'Américaine" puissance dix est tellement chargé d'énergie que rien qu'à le regarder dans votre fauteuil, vous en ressortirez aussi flagada que si vous aviez dansé deux heures durant au milieu des Londoniens. Malheureusement, après cet exercice épuisant, vous pourrez vous reposer tranquillement, ce ne sont pas les bonus qui viendront vous achever. A peine un making-of intéressant mais bien trop court, faisant notamment l'impasse totale sur l'aspect purement technologique (décors, rétroprojections, euh... playback !). Encore une fois Madonna y parait hautaine et cassante, mais, c'est à peine croyable, là aussi on est prêts à lui pardonner. En fait depuis le début de cet article, on lui pardonne tout ; mégalomanie, manque de cohésion artistique, playback et bandes à gogo, dernier album pas top (qui passe dix milliards de fois mieux en live), pillage dans tous les sens, rien ne nous est épargné, et pourtant ce DVD reste un grand moment à passer, parce que tous ces ingrédients ont donné naissance à un des shows les plus spectaculaires de ces dix dernières années. A bientôt 50 ans (mazette !), la Ciccone a-t-elle délivré sa plus grande tournée ? Elle a beau clâmer le contraire, on ne voit pas très bien comment elle pourrait surpasser ce Confessions Tour totalement monstrueux. A moins de refaire la même chose mais avec du live complet, mais ça risque d'être dur : depuis deux Tours de France, la nandrolone en quantité industrielle devient difficile à se procurer.


03-04-2008

2006 - Wembley Arena (Royaume-Uni)


01. Future lovers / I feel love
02. Get together
03. Like a virgin
04. Jump
05. Confessions
06. Live to tell
07. Forbidden love
08. Isaac
09. Sorry
10. Like it or not
11. Sorry (remix)
12. I love New York
13. Ray of light
14. Let it will be
15. Drowned world / Substitute for love
16. Paradise (not for me)
17. Music
18. Erotica
19. La Isla Bonita
20. Lucky star
21. Hung up


Madonna - Chant, guitare   
   Stuart Price, Marcus Brown - Claviers
Steve Sidelnyk - Batterie   
   Monte Pittman - Guitare (voilà pourquoi on voit deux guitaristes tout le temps...)
Donna DeLory, Nicki Richards - Choeurs   
   Isaac Sinwani - Chant
....Et une kyrielle de danseurs fantastiques