Grandiose spectacle, cohérence artistique hors du commun, jusqu'auboutisme qui fait plaisir

Note globale


Image et son qui ont vieilli, bonus malingres

Editeur : Midi Nette
Durée totale : 1 h 30

(PCM)

Image        NTSC

Portraits vidéo des 4 membres (9 min)

Horriblement à l'étroit dans un 4/3 bien carré (sic), le spectacle ne manque pourtant pas de piquant. La compression est assez épatante compte tenu de la source, et si la définition est juste moyenne, les couleurs et effets de scène passent très bien. Ne vous fiez pas aux captures.
Mélanger la perfection de synthétiseurs en studio et de chant lyrique en live au fond d'une immense salle ne va jamais sans petits bobos. Aussi étant donné la difficulté de mixer correctement une telle musique, un bon 7 vaut mieux qu'un long discours.
On pourra arguer que ça manque des premiers titres du groupe, mais la cohérence d'un spectacle "darker than darkness" en aurait pâti. Donc dans les limites imposées par le style, c'est un beau panel.
Uniquement 4 backstages en sepia, souvent ridicules, faits pour "dédramatiser" le groupe. Et 2,24 minutes pile pour chacun des membres. Pourquoi une telle précision ? Parce que Malice Mizer est un groupe hautement démocratique, voyons !

On doit trouver dans chaque style musical ce qu'on appelle la panacée, la pierre angulaire, une poignée d'artistes et d'albums qui représentent la quintessence, la sève même de ce que ledit style veut exprimer. Et peu importe les défauts qui lui sont inhérents, le style doit pouvoir être clairement défini par ce petit échantillon de chansons et d'artistes ; qu'on aime ou pas est une autre histoire, mais au moins on saura, de façon claire, à quoi on avait affaire. Le but d'un site comme D.D.S., et comme tous ses illustres confrères, est en partie de recenser l'essentiel de ces poignées, qui vont de la country blues au funk américain 70s en passant par le death metal mélodique, le romantisme européen des années 1800, et toutes ces sous-classes et sous-sous-classes qui font autant la richesse de la musique que sa segmentation. En l'occurence, il sera difficile de nier que, plus qu'un bon concert et un groupe mythique, ce live de Malice Mizer représente à lui tout seul un des pans fondateurs du style, ou plutôt des styles Visual Kei.
Forme extrême de rock japonais mariant le classique et le metal, le progressif et un sens certain de la mise en scène et des costumes extravagants, puisant ses racines identitaires dans le romantisme à paillettes de la France de Louis XIV mêlé au spleen d'un Baudelaire en avance sur son temps, le Gothic Visual peut fasciner, repousser, faire l'objet de moqueries ou au contraire d'une admiration sans bornes. Il suffira de regarder ce live pour vous faire une idée. Bara Ni... représente tout ce qui fait le succès (ou pas) de ce style, poussé dans ses derniers retranchements. Mégalobarockoco à fond dans son trip, avec costumes ahurissants, décor unique mais exceptionnel (et parfaitement utilisé), Malice Mizer pratique en public et sans aucune retenue ce que Kaworu appelle du "Castlevania Metal". Les guitares subissent d'intenses tricotages, les grandes orgues sont omniprésentes, avec du lyrisme en veux-tu en-voilà, le chanteur amoureux de sa main droite déclâme son spleen avec le sérieux d'un vicaire potassant son missel, et le tout n'a qu'un but : en faire plus, repousser les quelques piteuses barrières de ce qu'on appelle "le bon goût" pour assommer le public.
De fait, à partir du moment où l'on comprend et accepte le principe (il s'agit avant tout d'une veillée mortuaire en l'honneur de leur ancien batteur subitement décédé), il y a peu à redire ; si ce n'est qu'avant tout, il faille percevoir ce live comme un spectacle, et non comme un "vrai concert". Les claviers sont tous sur bande, une partie des choeurs aussi que ça ne m'étonnerait pas, le batteur est bien live mais uniquement sur la moitié des titres et de toutes façons est caché, seuls le chant, la basse et les guitares (tout droit issues d'un Mode & Travaux section point-de-croix) sont en live. D'ailleurs c'est facilement vérifiable : dôté d'une belle prestance mais devant passer derrière plus fort que lui (Camui Gackt qui ensuite a fait la carrière que l'on sait), le ténébreux Klaha et sa mèche de BatGoth est un poil à la peine pendant le second tiers du spectacle, pas niveau Tetsu mais c'est sensible ; sans compter qu'il doive se battre contre une langue étrangère particulièrement capr.. capré... caprishiôch. Et PHATALLLE !
Mana lui (oui, lui) non plus n'est pas en reste lorsqu'au bout d'une joute guitaristique intense il oubliera simplement de s'arrêter. Ah ! Mana, parlons-en, avec son éternel sourire, sa jovialité de commentateur de Tour de France et son sens unique de la danse et de la chorégraphie. Littéralement vénéré par un public qui fait une flaque à chacune de ses apparitions, il a le mérite de se jeter au feu et d'être au centre d'une scène qui rerésente tout ce qu'on pourrait détester. C'est avec un aplomb digne de la pire crise d'égo d'Axl Rose qu'il mène sa troupe à la baguette (à la cravache plutôt), pour que le public sorte satisfait. Et comment ne le serait-il pas ? Les jeux de lumière sont exceptionnels, la mise en scène différente à chaque chanson, il y a du Danny Elfman dans ces comptines d'Halloween au clavecin, et du Mach (Mozart + Bach, dixit David St Hubbins) dans ces envolées de violons dégoulinants et de choeurs de nonnes effarouchées. Et si vous détestez, ce sera pour une bonne raison : rien n'a été fait à moitié dans cette débauche de gothisme de cathédrale à faire passer les shows de Pink Floyd pour une session unplugged.

Le seul souci avec les oeuvres angulaires, c'est qu'elles sont souvent victimes de leur âge ; ce sera pareil pour Bara qui, filmé en 2000, subit l'affront et les outrages d'un tournage en vidéo 4/3 et mixage stéréo, alors que toute cette grandiloquence aurait bien mérité un Blu-Ray de type langue pendante. Regrets mis à part, il faut avouer que les couleurs sont souvent belles, le montage pas cheap, le spectacle fort bien rendu, et que la stéréo mélangeant bandes et live avec le peu de précision que l'on en attend s'en tire mieux que prévu, les nombreux effets sonores faisant mouche. Attenton cependant, il est essentiel d'acheter uniquement la version japonaise d'origine, les contrefaçons asiatiques habituelles ayant une désynchro image/son terrifiante. Et ce serait dommage de ne pas profiter correctement d'un tel programme audiovisuel, car il a tout pour lui. Est-ce redondant ? Oui, mais il ne dure que 80 minutes. Est-ce kitsch ? Oui, mais avec une expressivité et une force identitaire hors du commun. Est-ce que ça peut réunir fans de metal et de classique ? Non, ça pourrait même faire le contraire, et c'est ça qui est génial : mode éphémère ou art véritable, le Visual a le mérite de sacrément secouer le cocotier. Et ce DVD qui extérieurement ne paie pas de mine en est le plus parfait représentant. Que ça vous plaise ou non.


06-11-2010

31 aout et 1er septembre 2000 - Nippon Budokan (Japon)


01. Saikai no chi to bara
02. Bara ni irodorareta akui to higeki no makuake
03. Seinaru toki eien no inori
04. Kagami no butô genwaku no yoru
05. Chikasuimyaku no meiro
06. Mayonaka ni kawashita yakusoku
07. Bara no sôretsu
08. Kyômu no naka de no yûgi
09. Bara no Senrei
10. Gensô rakuen
11. Chinurareta kajitsu
12. Hôkai jôkyoku
13. Kioku to sora ~ saikai soshite yakusoku
14. Hakai no hate
15. Unmei no deai
16. Shiroi hada ni kuruu ai to kanashimi no rondo
17. Yakusoku


Klaha - Chant   
   Mana - Guitare, diction et "total concept direction" (je cite verbatim !)
Közi - Guitare, choeurs   
   Yu~Ki - Basse, choeurs
Shue - Batterie