Marillion - Before first light     


Beyond You enfin joué PRESQUE magnifiquement, du mieux dans l'image, un super album, et on retrouve enfin le Kelly qu'on aime

Note globale


Pas de 5.1, pas de bonus, pas de diapason et pas de batteur

Editeur : Racket Records
Durée totale : 1 h 13

(PCM)

Image        NTSC

Générique avec le nom de tous les membres du public, que j'espère qu'ils ont fait signer un papier à tout le monde les informant que leur nom allait être utilisé, sur fond de la géniale démo piano d'Afraid of Sunlight (5 min 16/9)

Toujours d'énormes problèmes, toujours des tâches de couleur qui sont censés représenter Mark ou H, toujours des contrastes type "tout ou rien", mais on voit quand même bien plus que sur Brave, et le spectacle est plus cohérent.
Une stereo très propre qui donne la part belle aux pédales Taurus et aux claviers, mais un peu moins "précis" que prévu, surtout sur... la batterie (hem hem).
Encore un album fabuleux, qui se laisse onctueusement dévorer, mais avec une interprétation plus bancale que Brave. Et à part ça, un inédit mignon, un tube, et basta.
Pourquoi je mets un point ? Pour la jaquette. Elle est vraiment trop fantastique et je ne peux pas la passer sous silence. A part ça, rien, mais on s'en doutait.

48 heures, c'est un film de Walter Hill qui a fait date, d'une part pour avoir révélé au grand jour l'incroyable talent d'Eddie Murphy (oui, c'était il y a longtemps), d'autre part pour avoir mis au grand jour ce que l'être humain peut parfois avoir de pire. C'est que voyez-vous chers zyeuteurs, la petite galette argentée présentée ici, elle résume mine de rien tout ce que représente Marillion de nos jours. Son legs, le meilleur de ses chansons, une grande générosité envers les fans, mais aussi cette ridicule et pathétique course à la reconnaissance que l'on ne retrouve par ailleurs que dans des produits type Britney Spears ou Tom Cruise. Qu'est exactement ce Before First Light ? La rendition live, entière, non coupée, fidèle, d'un des vingt ou trente meilleurs disques de rock de tous les temps, pour la première et dernière fois, devant un parterre de fans en extase. Bref, sur le papier, un 10/10 incontestable. Sauf que, toujours à la recherche de l'idée du siècle de la décennie de l'univers du mieux que waouh trop bien, ces messieurs ont voulu battre un record du monde et tenter un défi technique. Ce qui est sympa, même très sympa. Mais pas quand on touche à Afraid Of Sunlight.
Ce DVD a donc fait parler de lui, et du groupe, pour encore une fois une raison qui n'a absolument rien à voir à quelque niveau que ce soit avec la qualité intrinsèque de la musique de Marillion. C'est un DVD qui a été filmé, monté, authoré et vendu 48 heures après son enregistrement. Bien, bravo. Ca mérite d'être mentionné dans ce site. Voilà, c'est fait, maintenant soyons sérieux cinq minutes : un DVD live de l'intégrale d'Afraid of Sunlight, ça ne se cuisine pas comme on réchauffe une soupe au micro-ondes. Ca aurait dû se bichonner, délicatement, avec des interviews, un son 5.1 qui tue, et autre chose qu'un sempiternel et indigeste Easter en guise de pauvre bonus. Mais surtout, surtout, vu la qualité des musiciens présents sur scène (nous allons y revenir), il aurait été judicieux de prendre un batteur. Qui joue. De la batterie. Ringo Starr, Nagui, Charlie Watts, moi bourré à la vodka-orange, n'importe quel manchot pourvu qu'il mette une once, un micron, un atome de vie dans son jeu.
Pourtant, ça partait bien. Oh que ça partait bien. Forts de leur excellent Brave 2002, c'est confiants que les Marillios envahissent la petite scène, après une mise en scène qui ne peut laisser augurer que du meilleur : le groupe est en forme, prend ce live très au sérieux mais n'hésite pas à déconner, et c'est un H grimé en boxeur qui, les poings gantés, entame un Gazpacho rarement joué en live et ici presque parfaitement rendu. Le gars est encore plus en forme vocalement et physiquement que sur Brave, et même si l'on sent qu'il a un peu peur de la suite, il se donne à fond, tapant des notes qu'on croyait impossibles en 2003. Pete reste fidèle à lui-même, Rothery ne bouge pas d'un pouce (il aurait d'ailleurs du mal, le pauvre) mais joue comme toujours la bonne note au bon moment, mais celui qui est vraiment à l'honneur, c'est Mark Kelly. Franchement, c'est un bonheur de l'écouter sur ce live : il ressort les sons originaux et s'amuse comme on ne l'a pas entendu depuis... fiouuuu, depuis la tournée Clutching, ça fait une paye.
Mais contrairement à Brave, et ce sans qu'on retire une once de génie à l'album Afraid, tout ne se passe pas de façon aussi paradisiaque. Déjà, cet éblouissant morceau qu'est Out Of This World, pierre angulaire du soft rock mélodique, est faux dans sa première partie. L'un des instruments pleure et fausse le tout, impossible de savoir lequel (la voix ? la guitare ? une nappe ? la pédale Taurus ?) mais c'est rageant surtout que les transitions sont passées les doigts dans le nez. Le flottement avant ce morceau déjà perceptible en studio est un peu plus flagrant ici (Beautiful, hallucinamment bien chantée, semble ne pas passer auprès du public, bizarre). Mais surtout, il y a, ou plutôt il n'y a pas Ian Mosley. Tout le monde, sur scène, dans le public, et même vous qui lisez ces lignes, absolument tout le monde se sent concerné et sait que jouer cette divine face B (celle de l'album vinyl, 4 titres en génie majeur) est un grand moment musical, mais lui, ne pensant qu'à sa prochaine cigarette, chie complètement le concert. Un robot aurait plus de feeling et des fills moins prévisibles. Il fait semblant de mettre en exergue une "sensibilité jazzy" alors qu'en fait il n'en branle pas une, le pire étant la reprise de Beyond You. Cette chanson est simplement parfaite, et enfin jouée dans une version complète, électrique et incroyablement émouvante - H met ses tripes sur la scène pendant le pont... et môssieur Mosley ne joue même pas la reprise à la batterie, il l'OUBLIE ! Regard médusé du fan qui se dit que Karen Cheryl et Samantha Fox auraient fait mieux, sans rire. D'ailleurs qui aurait le coeur à rire devant cette catastrophe ? Pourtant, il y a de quoi se marrer franchement. Mosley utilise ici une tactique bien connue des mauvais batteurs : si tu ne veux pas rater un fill, ne le joue pas. Le dernier batteur "de prog" à utiliser encore cette ruse de vieux Sioux fatigué n'est autre que... Mick Pointer. Respirez par le nez, ça va aller. Et ma critique de revenir au point A. Pas subtil, certes, mais à niveau hélas.
A part ça, vous n'aurez pas grand chose. Eh oui, en 48 heures on ne peut pas faire grand chose, scrogneugneu. Donc vous avez une chanson inédite, Faith, qui est mignonne comme tout (c'est au niveau line-up l'équivalent d'un Now She'll Never Know mais avec du talent), et Easter. Oui, encore, et les fans de hurler à la mort, genre on leur avait jamais fait le coup. D'habitude on leur offre des carottes rapées, ou des boulons, ou des roues de tracteurs, là c'est dingue, c'est Easter ! Inutile ? Pas tout à fait : certes elle est trop entendue, et puis conclure avec Easter un concert de 55 minutes c'est trop short pour être honnête, mais là aussi, H et Kelly se hissent au-dessus de leurs acolytes : l'un braille avec le coeur, l'autre fait encore mumuse avec des engins analogiques. Ensuite ? Ensuite vous avez le générique, et puis plus rien. Rien du tout. Pas un atome de bonus. A la rigueur, à part le concert lui-même, la seule chose intéressante est la jaquette, que je trouve absolument magnifique (une des dix plus belles de ce site, haut la main). Sinon, vous n'aurez vraiment rien du tout, pas un commentaire, pas une interview, pas une chanson bonus, rien de chez rien. C'est qu'en 48 heures, on n'a pas le temps de faire grand chose. On aurait dû, mais non, fallait faire parler de soi, rameuter les yeux des médias du monde entier vers ce groupe qu'est Marillion et qui, ils le répètent à satiété depuis quatre ans, n'est * PAS * ce que vous croyez. C'est vrai. Moi, je croyais que c'était un groupe qui niveau marketing s'améliorait. Ils ont raison...et j'avais tort.

Vendu au même prix que son grand frère Brave 2002 dont il aurait dû être le pendant absolu, que vaut ce Before First Light techniquement ? Soniquement, on a exactement le même son que Brave, sauf que les synthés sonnent plus "proches", ce qui est normal vu la différence entre les deux albums. Picturalement, il y a du mieux, même si un défaut énorme subsiste : on a toujours l'impression de regarder des tâches de couleur plutôt que des gens, et désormais on sait que c'est un défaut récurrent chez eux (Marbles on the Road et Wish You Were Here ont exactement le même problème, on peut donc en conclure que pour les Boom Boom Boys, la définition est ce qu'on trouve dans un dictionnaire). Le 16/9 est toujours aussi appréciable et vous n'apprendrez toujours rien concernant aucun instrument (surtout pas avec ce Beyond You où l'on reste pendant quinze bonnes secondes sur Mark Kelly qui lance l'intro de piano sans jouer une note, bien vu l'aveugle). Peut-on dire du mal de ce disque ? Difficilement. Franchement, même avec un batteur épouvantable (Marillion doit absolument le virer, il en va de la survie du groupe), même avec une chanson culte jouée au tiers faux et même avec un DVD plus bare-bones c'est un pirate, il faut avouer que retrouver ces 8 titres joués dans l'ordre procure un frisson de plaisir difficilement dissimulable. Marillion rejoint le clan très discret des groupes qui, avec Dream Theater, Yes ou Pink Floyd, a réussi à enquiller deux classiques absolus en deux ans. Ils nous les ont offert (non, vendu, faut pas déconner) en live intégral et si la perfection n'est décidément pas de ce monde, comme on a pu amèrement le constater, ne pas oublier que le manque de bons disques est lui cruellement présent. Ce serait dommage de le laisser gagner la partie.

14 mars 2003 - Minehead (Royaume-Uni)


01. Gazpacho
02. Cannibal surf babe
03. Beautiful
04. Afraid of sunrise
05. Out of this world
06. Afraid of sunlight
07. Beyond you
08. King
09. Faith - Bonus
10. Easter - Bonus (NDBker : Sûrement un inédit, car je ne connais pas cette chanson...)


Steve Hogarth - Chant, claviers, guitare   
   Steve Rothery - Guitare, choeurs
Pete Trewavas - Basse, choeurs   
   Mark Kelly - Claviers
Ian Mosley - "Batterie"