Chanteuse très gentille, bonus rigolo et instructif, excellent son plein de chaleur

Note globale


Formule musicale rapidement lassante, pas assez de folie live, rappeur caillera qui a cassé un carreau pour passer sur scène

Editeur : Virgin
Durée totale : 2 h 05

- (PCM)

Image        PAL

Voyage à Pekin (24 min 16/9 st fr uk)
Sous-titres fr uk sur les interventions des musiciens

Techniquement c'est presque parfait. Artistiquement, entre une espèce de flou lissé sur certains plans et des arrêts sur image pas terrible, on a des moments un peu crispants, tandis que d'autres sont simplement épatants.
Un DTS aurait été bienvenu tant le mixage global est réussi : assez chaleureux, surtout sur les guitares, synthés bien posés sur les arrières, ça manque un peu de groove par rapport à la superbe stereo mais on est bien entouré et il n'y a pas de faute de goût. A part le rappeur.
Il y a un peu de tout mais sans réelle saveur, les titres sont bien joués mais se suivent sans âme et même les invités ne créent pas d'immenses surprises. Mignon mais un peu fade.
Un documentaire avec excellents extraits de concerts, sous-titré et qui permet de visiter la Chine "comme si on y était" : plus sympa et intéressant que la moyenne.

Morcheeba est un groupe qui a su capturer l'essence du temps qui passe. Inclassable (pop ? new age ? soul ? funk/rap ?), le trio a trouvé ses marques à grands coups de scratches, de guitares floydiennes (ah si ! ah si !) et de chant soul doucereux. Et le public, très nombreux, a suivi. Si le pa... pivot est bien sûr Skye, adorable chanteuse qui est la gentillesse réincarnée (et qui est mimi comme un coeur avec des cheveux, cf les bonus), on dirait que toute une génération (les jeunes cadres de 25-35 ans, pour être précis) se sont retrouvés dans cette formule musicale douceâtre avec quelques petites touches de rock. Et d'ailleurs, ledit public n'a pas failli puisque l'Académie de Brixton (le second temple du rock Londonien après le Shepherd's Bush Empire de funeste mémoire depuis les attentats) est pleine comme un oeuf (pour une fois qu'un amphi de fac est rempli, faut pas gâcher). Et ledit public est content d'être là, le groupe aussi (Skye avoue même avoir picolé un peu trop, chez elle ça veut dire 5 cl au lieu de 4, et s'excuse pour des fausses notes que d'ailleurs elle ne fait pas), mais il reste que si sur disque Morcheeba est onctueux et voluptueux, sur scène c'est identique, mais pas pareil. Explications.
La scène pour le rock, c'est le défouloir. C'est les guitares acérées, la basse toutes griffes dehors, la voix qui déraille et le reste on s'en branle (copyright Font & Val). Si, comme Morcheeba, on rajoute le côté soul / funk / rap, on peut s'attendre à un énorme foutoir. Or, Morcheeba est sage. Beaucoup trop sage. Ce n'est pas faute de mal faire, c'est faute de faire, là où à la rigueur on aurait préféré ne pas faire mais approximer, approchoire, limitrer et cloisonnir. Or, argent aussi d'ailleurs, Morcheeba a tendance à un peu se la péter sur scène, quand bien même leur musique reste presque désespérément approximative. Il n'y a pas l'ombre d'une fausse note, pas le moindre indice de véritable faute de goût (sauf... cf later), mais on sent bien que les petits gars sont à 110% de leur potentiel, et ça n'a rien à voir avec le trac de la caméra, c'est juste qu'ils s'appliquent beaucoup, trop, et qu'à aucun moment ça ne décolle. Le seul décol qu'on remarque, c'est celui de Skye, qui n'a pas froid (contrairement à... cf later), mais qui aurait mieux fait de chauffer ses cordes vocales plutôt que la salle (car l'audience est désespérément conquise de façon unilatérale) : elle chante parfaitement, mais elle n'aide pas le groupe à sombrer dans la folie.
Le public passe donc une heure quarante à danser gentiment, s'enlaçant puisqu'étant à 99% en couple, des joints se passent un peu partout, les chansons s'enquillent très vite (un peu trop d'ailleurs) et on a l'impression, pas désagréable mais gênante, d'écouter un CD. Ca n'a rien à voir avec du playback car visiblement le groupe joue, et joue assez bien, mais il n'y a pas de folie pure ou de communion, ou s'il y en a, c'est qu'elle a été commandée par Skye qui fait autant chanteuse que chauffeuse de salle. Pour éviter le train-train qui pourtant s'installe au bout de 4 morceaux, des invités viennent de temps en temps pousser la chansonnette, et parmi eux un magnifique spécimen de parodie rappeuse, le bien nommé Pacewon qui se la pète lamentablement à grands coup de yo ! yo ! en beuglant des insanités comme un death metalleux bourré à la Chartreuse (déjà pris une cuite à la Chartreuse ? mytho va, tu pourrais même plus lire ces lignes !), avec ses fringues piquées au drogué du coin et sa capuche alors qu'il fait 35 degrés sur scène. Pathétique.
Pour compenser cette molesse et ce concert donc un peu déconvenant, Virgin nous offre une featurette bien agréable : le voyage de Morcheeba à Pekin. Pardon, à Beijing comme ils disent dans les sous-titres. Déjà que les artistes occidentaux acceptés en Chine sont plutôt rares, alors pensez, 99% des gens qu'ils rencontrent n'ont jamais vu de femme noire de près. Pour compenser, Skye et ses compagnons n'ont eux jamais vu autant de splendeur et de démesure dans l'architecture. Mignon, tranquille et truffé d'extraits de concerts chinois qui hélas ! semblent meilleurs et plus vivants que celui de Brixton (qui est trop académique, ouarf ouarf), ce reportage permet en outre de rigoler un bon coup avec les séances de shopping du groupe : fermez les yeux, on n'est pas en Chine, on est dans un marché à Barbès ! Ca marchande à tout va, les prix varient de un à quatre, ca s'engueule gentiment pour faire baisser les prix de deux centimes, et si les Chinois ont une culture asiatique très ancrée, ils ont une tradition du commerce sous le manteau ahurissante. Drôle, instructif, et Skye a une perruque qui lui va à ravir.

Terminons par la technique : l'image d'abord, elle est aussi lisse que le concert, ce qui en l'occurence est un compliment. Les couleurs sont chaudes, les caméras fluides, les quelques flous sont plus reposants qu'ennuyeux, hélas ! comme avec le rappeux à deux balles, le monteur a voulu avoir l'air djeunz, et le montage est par moments plombé par des effets d'arrêt-reprise inutiles au possible. C'est consternant parce que ce genre d'effet n'est strictement possible qu'avec l'aide du montage sur ordinateur, or celui-ci était au départ censé aider les monteurs à faire aussi bien qu'avant mais plus vite, pas à faire moche pour faire nouveau. Le son, maintenant. C'est le gros point fort : c'est doux, cool, très chaud et précis, aucun instrument n'est mal mixé (que ce soit la batterie, la voix ou les platines), en fait le seul problème principal vient du manque de bande passant car moi qui d'habitude hurle quand il y a du DTS et pas de 5.1, ici j'aurais volontiers fait l'inverse. C'est d'ailleurs le son qui permet, si vous regardez ce film sur une bonne télé avec un ensemble surround de qualité, d'aller jusqu'au bout sans bailler une seule fois. Pour les autres, difficile de dire du mal en étant méchant, tant tout l'ensemble est gentil; seulement voilà, dans le monde impitoyable du DVD musical, être gentil ne suffit pas, ne suffit plus. La note est donc un point plus basse que prévue, simplement pour éviter aux gens ne connaissant pas Skye & Cie d'être cruellement déçus, tant pour apprécier à sa juste valeur cette galette, il faut aligner un certain nombre de critères, fumage de joints et ouverture d'esprit limite courant-d'air inside. Dommage mais joli. Joli mais dommage. La musique radiophonique des années 2000, quoi.

Novembre 2002 - Brixton Academy (Londres, Royaume-Uni)


01. The sea
02. Friction
03. Tape loop
04. Otherwise
05. Part of the process
06. Aqualung
07. Love sweet love
08. Be yourself
09. Slow down
10. Trigger hippie
11. What New-York couples fight about
12. Moog island (the music that we hear)
13. Way beyond
14. Get along
15. Public displays of affection
16. Jolene
17. Blindfold
18. Undress me now
19. Over and over
20. Charango
21. Rome wasn't built in a day


Skye - Chant   
   Dan Goldman - Claviers
Scott Firth - Basse, choeurs   
   Martin Carling - Batterie
Paul Godfrey - Platines   
   Ross Godfrey - Guitare
Spikey Tee, Pacewon, Kurt Wagner, Graham Kyle - Chant