Film incroyablement maîtrisé, image et son parfaits, édition relativement géniale

Note globale


Best-of un peu bordélique, version longue non anamorphique

Editeur : Pathé
Durée totale : 4 h 14
(Version longue uniquement)

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Image      (4/3 version longue)   PAL

Commentaire audio du réalisateur
Teaser et bandes-annonces (4 min)
Featurette sur Benoit Poolevorde (25 min)
Making-of (1 h 20)
"Visite du fan" (9 min)
Duo original Clark / François (3 min)
Karaoke Alexandrie (avec chant !) (4 min)
Connardier (12 min)
Galerie de photos (1 min)
Affiches originales (2 min)

Je me fous qu'il y ait un poil de zob de mouche à la 64097ème image, et que ça fourmille un peu sur les arrières-plans : c'est coloré, la définition est parfaite, le format est respecté et les différents grains sont fabuleusement rendus. Miam. Le zoom de la version longue ne fait pas trop de dégâts.
Stereo parfaite, simplement. Surround un peu chiche côté ambiances lorsqu'il s'agit de scènes intimes ou de dialogues, mais dès qu'il y a de la musique c'est carnaval à tous les étages. Un (petit) régal.
Malgré quelques défauts, franchement menus, un film jouissif de bout en bout. La version longue, encore meilleure surtout visionnée à posteriori, rajoute de la folie et un côté culte. Le public se trompe souvent. Mais pas là.
Un commentaire audio sans langue de bois, un making-of pas inoubliable mais gentil, un très intéressant documentaire sur l'implication de l'acteur principal. Du bon, pas parfait mais sympa.

On peut légitiment douter de l'avenir de Yann Moix, en ce qui concerne son statut de réalisateur. Franchement, en voyant Podium, version courte, sur grand écran ou sur une télé de qualité, on peut se poser des questions sur les chances qu'a le gars Moix de mener à bout et réussir son second long-métrage. Car après un roman déjà bien troussé et succès de librairie, Yann s'est foutu sur les épaules une pression monstre en réussissant ce premier jet cinématographique. Par réussir, j'entends tout ce qu'on peut imaginer : ce film a rapporté. Beaucoup. Ce film a plu aux gens qui ont été le voir. Ressortez-le dans dix ans, il plaira encore. Ce film est intelligent. Il est drôle. Et, surtout, mais c'est pour moi complémentaire et même indispensable : ce film est beau. Le cadrage, la photo, le son (sortez l'ampli DTS), la direction d'acteurs, mais surtout le montage, putain, le montaaage, tout est millimétré pour rendre le spectateur conquis, heureux. Facile ? Retro ? Allez voir ailleurs si Cloclo y est. Ce film, c'est une pure bombe d'efficacité qui a de quoi laisser pantois n'importe quel réalisateur. Pas que Moix soit meilleur que des grands faiseurs de public ravi, genre Spielberg ou Veber. Non, il n'est évidemment pas meilleur. Mais bordel, il est vachement proche.
Le film est ancré et bloqué dans les années 70, dit Moix. Comme moi, dit Moix (qui a de la Mana). Et un peu comme moi, dit Baker. Vous suivez, là ? Yann Moix a voulu rendre hommage à une décennie magique autant que contestée : les seventies. Et il y arrive, charleston génocidé, clavinet massacré et veste à paillettes en tête. Mais surtout, il a voulu jouer sur la corde sensible de millions de Français : le mythe de Claude François. Et là, il y a déjà une vérité absolue que ce film va vous asséner sans pitié possible : Claude François était un grand, un très grand, un ENORME chanteur. Aussi kitsch, desuet et... mort (eh oui) que soit son héritage, son legs disons, Cloclo a marqué les esprits à jamais et continue de le faire. Ainsi, l'auteur de ces lignes, qui actuellement travaille sur les chroniques de Machine Head et In Flames (eh oui), n'arrive pas à réprimer un frisson devant "Le Chanteur Malheureux" et son couplet absolument tuant (au sens premier du terme) de douleur et de mémoires enfouies qui sortent de terre plus vite qu'un électeur de Tibéri.
Bernard Frédéric, Claude François officiel, s'évertue à faire perdurer cet héritage, c'est son métier à temps partiel, sa passion, sa vocation, sa vie. Même s'il est très trou-du-cutal par moments. Et c'est là que le film fait très fort : non, l'histoire n'est pas celle d'un sosie. Pas du tout. C'est l'équivalent de ce qu'est le Cosplay de nos jours : on joue à. Mais on joue bien, avec le maximum de cartes en mains, car le but n'est pas seulement de se la péter, le but principal, qui doit être impérativement atteint, à tout prix, c'est de divertir le public. Du coup le film n'est pas une comédie sur les sosies, mais une prodigieuse mise en abîme doublée d'une prestation exceptionnelle des acteurs : Poolevorde bien sûr, hallucinant en beauf passionné, mais également Rouve, extraordinaire faux Polnareff, qui passe son temps à bouffer et se la claquer rock star au rabais. Ce duo est incroyable de bouffonnerie, mais également de sensibilité. Et si le côté comédie est finalement peu présent, l'émotion est bel et bien palpable tout le long de ce film. Question film musical, nous avons de grands tubes chantés par Poolevorde (très très bien d'ailleurs, nous allons y revenir), mixés de façon stupéfiante (à mort le caisson de baaaaaaaaasssse !!!), mis en scène dans une tradition 70s totalement maîtrisée (le côté kitsch sans le côté con), et puis vous avez un moment de bravoure absolu : la reconstitution d'un live TV de Cloclo avec Poolevorde qui prend la place de Petula Clark par le truchement des CGI. Ce n'est pas parfait (comme dans un jeu vidéo vous avez des bouts de costumes qui s'entrechevauchent) mais c'est simplement bluffant, beau, plein de tendresse et de respect. Et couillu comme un Tapie sous Viagra.
Les critiques ont été virulentes. En fait le film est sorti la même année que Dédales de René Manzor, et Monsieur N., filmé par De Caunes et scénarisé par le même Manzor. Les trois films ont pour point commun d'être les trois meilleurs films français depuis des lustres, mais également d'avoir été massacrés par la critique, et comme par hasard largement mieux acceptés par le plus important : le public (on y revient toujours). Et franchement, quand on sait que Libé, Le Nouvel Obs, Les Inrocks et Telerama ont conspué ce film, ça ne peut qu'être de bonne augure. Certains ont même déclaré que le film était mauvais car Cloclo était surestimé : putain, y z'ont tout compris au film, eux. Heureusement pour eux, on les laissera dans leur médiocrité (Podium n'étant pas un film asiatique, il est forcément inintéressant, mmmvoyez ?) et ils n'auront pas besoin de regarder la version longue présentée dans le collector ci-chroniqué. Version longue qui, on va pas tergiverser cent sept ans, est encore meilleure que l'originale et développe le côté comique sans faire perdre l'énorme émotion (même si le final a un problème de rythme dans les deux versions, qui empêche le film d'obtenir le 9/10). 25 minutes de bonheur pour ceux qui ont aimé le film. 25 et pas 35 comme indiqué sur la jaquette mais que l'éditeur qui n'a jamais menti me jette la première pierre. Comme dirait Bigard : même pas un gravillon !

Le traitement en deuveudeu de ce mineur bijou a été à la hauteur : une édition collector, à mon humble avis la seule valable, avec version courte et longue séparées. Hélas ! Parlons des choses qui fâchent (ce sera rapide) : le commentaire audio est le même sur les deux versions, il y a simplement des commentaires rajoutés sur la VL, et ladite VL, donc supérieure à la version cinéma, est parfaitement mixée et encodée, mais en 4/3 seulement. Dommage. Dans la série coupage de poils en quatre, rajoutons des menus en 5.1 impressionnants mais avec le petit détail qui tue : le 45 tourne à l'envers ! ^^ Sinon, nous avons aussi un making-of un peu trop bordélique, avec beaucoup de bonnes choses mais qui n'arrive pas à passionner faute de pivot dramatique inhérent à tout bon making-of. On pourra cependant voir les différents protagonistes, notamment Jean-Claude Petit qui montre ici une antipathie destabilisante et assez vaniteuse, clashant avec le reste de l'équipe. Mais surtout, vous avez une grosse featurette sur le travail qu'a dû fournir Poolevorde : un travail de titan, colossal, et si le résultat est là, on a mal pour le Benoit qui souffre eau et sang, devient rouge écrevisse dès qu'il s'entend chanter et perd deux litres de sueur au moindre pas de danse. Un documentaire pas passionnant dans la meilleure des traditions, mais qui fait réaliser l'ampleur des efforts déployés pour livrer un "divertissement". Pour faire une bonne comédie, il faut y mettre les moyens : Moix, Poolevorde et toute l'équipe n'en ont pas été avares, et en plus ce n'est pas qu'une comédie. Que demander de plus ? Pas grand chose, ce film est une excellente surprise et un modèle de première oeuvre, l'édition collector est bonne, l'image sublime, le son spectaculaire, tout pour plaire : achat très conseillé. Et si vous l'offrez, achetez plusieurs copies, ça fera ton sur ton.