De la classe à plus savoir qu'en faire

Note globale


Un tout ch'tit poil répétitif, à cause de la configuration, et puis il faut tuer Stanley Clarke. Non, je ne suis pas jaloux.

Editeur : Eagle Vision
Durée totale : 1 h 42

 - - (PCM)

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Petit livret

C'est bien. C'est coloré (trop même), la définition n'est pas terrible mais la réalisation est intelligente et racée. Tiens, c'est signé Gavin Taylor. Pourquoi ne suis-je pas surpris ?
Un délice. Aussi parfait qu'on puisse imaginer. Je ne mets pas 10 parce que la guitare-synthé de DiMeola est moins spatialisée en DTS qu'en stereo, ce qui est un peu con. Sinon, c'est une perfection.
Ceci n'est pas un DVD musical, c'est un manuel de bricolage : "cent une façons d'utiliser un instrument à cordes". Une complicité, une joie de jouer ensemble qui fait chaud au coeur.
Juste un petit livret qui rappelle que les trois gars sont des génies. C'est sympa mais on l'a bien vu par nous-mêmes...

Il ne faut pas chercher très loin pour être dégouté. Voir quelqu'un jouer du violon c'est déjà assez punitif si comme moi on tente péniblement de faire crin-crin sur trois notes. Voir quelqu'un jouer de la contrebasse est encore plus écoeurant, tant cet instrument fantastique me fait envie (et puis il a la taille et la forme d'une femme, pas vrai ?). Et puis la guitare, là je peux dire : oui, je sais en jouer. Jusqu'à tomber sur Al DiMeola. A partir de là, on peut se la péter Django, répéter dix heures par jour et suer jusqu'à remplir la piscine de Léotard, non, on saura jamais jouer de la guitare. Pas comme lui. Si on rajoute que les deux autres acolytes sont Jean-Luc Ponty et Stanley Clarke (l'un des tous meilleurs bassistes de tous les temps, tous styles confondus, point), la bave commence à couler rien qu'en regardant le DVD dans le rayon. Et c'est exactement ce qui s'est passé : rien que voir la galette dans le rayon, j'ai eu une érection. Confirmée avec cent minutes, non pas pour convaincre, parce que c'est inutile rien qu'en lisant le nom des musiciens, mais pour choper un priapisme que du raisin du Bordelais serait moins violet, moins juteux, moins euarps bröööööök schlurps grôôôt rhãããã...
Quarante Kleenex (pour les larmes, bande de cons !), sept tentatives de suicide et seize visionnages plus tard, quel est le verdict ? Eh bien c'est de la musique comme je n'en ferai jamais, comme beaucoup d'entre vous ne feront jamais, mais ce n'est pas (qu')une question de virtuosité. C'est une question de mental, de créativité, de confiance en soi et en les deux autres. Le crissement du violon, la rondeur de la contrebasse, les multiples sonorités de la guitare (solo ou rythmique) donnent naissance à de la musique limite "concrète" mais jamais ennuyeuse, toujours mélodique. Et feutrée, si feutrée ! Alors même que les musiciens transpirent sur leurs instruments, ça ne s'emballe que rarement, c'est plutôt une musique "en dedans", de l'intérieur (non Francis, tu n'es pas dedans !), mais quand ça groove, ça groove méchamment. Vous voulez une preuve ?
Avez-vous déjà approché une contrebasse ? Si oui, vous savez à quel point cet instrument est barbare. Sinon, vous vous doutez. Eh bien figurez-vous que Stanley Clarke, qui est certainement LE meilleur bassiste du monde (...oui, après mûre réflexion, c'est point à la ligne, aucune discussion possible), se permet de... slapper. Oui, il slappe sa contrebasse. C'est à se taper le croupion sur une banquise en attendant que ça fasse des étincelles. Et ça marche. Un violoniste qui tape sur les cordes avec son archet ? Oui, ça marche aussi. Un guitariste qui joue au-delà du manche, à vide sur la corde brute ? Oui oui, c'est possible, Hassan Cehef. En fait, ce live est le pendant du CD "The rite of strings", jeu de mots mignon sur le fait que nos trois gaillards jouent d'un instrument à cordes, mais jamais les mêmes cordes. Le problème, il n'est pas là. Il est que non seulement ils jouent desdites cordes de manière parfaite, mais en plus s'amusent à trouver le maximum de façons différentes d'en jouer. Et, je me répète mais ça soulage, ça marche. C'en est écoeurant. Mais qu'est-ce que c'est bon.

Le pianiste cubain Monty Alexander est invité sur un titre, et non seulement il ne peut pas prétendre faire partie des Rite of Strings, vu qu'il joue sur synthé et pas sur piano (il n'y a qu'une corde, c'est l'alimentation, gniark !), mais en plus c'est un titre vraiment à part, avec autant de fausses notes que de bonne humeur... et d'improvisation presque absolue. En plus le p'tit gars a greffé sur son Clavinova un synthé "de poche" dont il ne se servira jamais, dommage. Ce titre, joyeux foutoir, mis à part, nous avons une pure démonstration de ce que la musique devrait toujours être : bonne humeur, complicité, technique ahurissante, recherche expérimentale, groove, émotion (cette Cançion de Sofia !!!), seul petit point noir sur scène : les deux minutes de répétition à foison des musiciens et du titre de l'album... Claude, on sait qu'ils sont géniaux, mais après 5 fois on commence à les connaître, quoi... A part ça, eh bien, si vous voulez savoir ce qu'on peut faire avec des cordes, ce concert est à se pendre. C'est aussi, accessoirement, un des meilleurs DVD de jazz existants, et un déclencheur de sourires certifié. Bon, vous avez compris ? Pour résumer ce que vaut ce DVD, rien ne vaut la répétition du premier paragraphe : euarps bröööööök schlurps grôôôt rhãããã. Et plus si affinités.

Juillet 1994 - Festival de Montreux (Suisse)


01. Song to John
02. Memory canyon
03. La Cancion de Sofia
04. Summer country song
05. School days
06. Eulogy to Oscar Romero
07. Renaissance
08. Chilean pipe song
09. Song to John
10. Indigo


Al DiMeola - Guitare   
   Jean-Luc Ponty - Violon
Stanley Clarke - Contrebasse   
   Monty Alexander - Piano