Un concert du tonnerre, plein de bonnes chansons, bon son, excellents musiciens

Note globale


Les remarques désobligeantes de Monsieur Patron, l'image embuée, et la première partie absolument infecte

Editeur : Universal
Durée totale : 2 h 39

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Image        PAL

Retrospective de l'année 2004 pour Sardou (25 min)

Je ne sais pas quoi mettre. Côté réalisation c'est très bon, le montage n'est pas idiot, mais qu'est-ce que c'est que cet espèce de flou artistique qui forme de gros halos autour de tout ce qui bouge ? Ca plus le format non anamorphique comme d'habitude chez les français...
Je ne parlerai pas de la première partie absolument nulle. Le vrai concert possède un son très ample, très chaud, avec un son rock puissant, on regrettera juste un peu trop d'écho cathédrale sur la voix, surtout en DTS, mais les trois formats sont plus ou moins excellents.
On passe un très bon moment. Ca chante bien, ça joue bien, on tape du pied, on chante, il y a de grands moments d'émotion et quelques bêtises... Bref tout ce à quoi on ne s'attendait pas.
Un bonus "backstage" comme très souvent hétéroclite et inégal, mais ici plus intéressant que d'habitude, même - et surtout - pour les côtés négatifs - mais très intéressants - qu'il présente. Et une chanson en bonus. Signée Barbelivien.

Michel Sardou est un sacré animal qui jusqu'à présent manquait à notre tableau de chasse. Artiste culte fortement controversé, dont le fonds de commerce extrêmement fructifiant ne repose que sur sa voix veloutée et ses coups de gueule, il a sorti des DVDs live plus vite que la lumière, tous à Bercy, tous avec une setlist... Sardouesque, tous à un prix et avec un soin apparent qui ont fait fuir la rédaction. Mais franchement, un site de DVDs musicaux qui ne possède pas un seul DVD de Michel Sardou, ça la fout mal. Qu'il soit bon ou pas, légitime ou pas, en tous cas lui sort des live (hein Pink Floyd ?). Ce Palais des Sports (tiens ? c'est plus Bercy ?) 2005 était l'occasion rêvée pour nous de découvrir comment ce gros poisson se débrouillait dans le bocal des salles de spectacles - vous savez, là où vous n'avez pas le droit de remonter à la surface pour chercher de l'oxygène. Et comme "par hasard", et là Kaworu ne pourra qu'acquiescer, on a le plus parfait exemple du fameux théorème de Dédéaisse : plus le album il est bien, et plus le live il est bon. Et vice (!!) et versa. On a du pot, l'album précédant la tournée est tout simplement le meilleur album de Sardou depuis son premier. Et de très loin.
Alas ! Poor Yorrick... Michou, visiblement le cul entre deux chaises, a dû choisir entre une setlist courageuse, et les sempiternels classiques pour lesquels, il en est bien conscient, 85% du public est venu. Lassé par des rengaines des années 70 qu'il a 1500 fois trop chantées, Doudou décide de faire... sa propre première partie. En enquillant les grands classiques incontournables qu'il n'a plus envie de chanter mais dont il doit se débarasser à tout prix. Et par tout prix, ça inclut, hélas, sacrifier ladite première partie sur l'autel du mauvais goût. Le premier contact live de la rédaction avec Sardou a donc été fidèle, voire pire, à (que) ce qu'on pouvait redouter : nous avons Mimi qui chante. Très fort. Sa voix est mixée ultra-ultra-ultra-fort, complètement en avant. C'en est très franchement gênant. C'est la première fois de ma vie que je baisse le son du casque dans le métro par respect et aussi par honte. Il chante en prime des chansons qu'il est fatigué d'interpréter, et que nous, eh ben, on n'était pas pressés d'entendre. Car les Rire du Sergent, les Java comme à Meudon et les En Chantant, eh ben pour être franc, on s'en serait volontiers passé. S'ajoute, ou plutôt se retranche à celà le groupe. Il est nul. Ca joue très mal, ça ne rend pas du tout. Et pire, pour vous en rendre compte, il faudra monter le volume jusqu'à 11. Bref, une catastrophe qui ressemble à du swing-gum.
Et puis on passe à la seconde partie et hop ! magie, tout change. On débute par le titre phare du dernier album et là, ça ne rigole plus. Le groupe, un peu plus étoffé, joue carré, très carré, les gratteux et le bassiste viennent sans conteste possible du giron metal/prog/FM et si ça dérape par moments ("Je dors", qui n'est pas une chanson sur Jospin, et son solo de synthé d'un mauvais goût digne de Clive Nolan !), on a devant nous un sacré parterre de bons musiciens, et un chanteur non seulement impérial comme toujours (très très peu de fautes) mais en plus bien mieux mixé que la première partie. Quand on pense qu'on gueule après les groupes de hard qui sabotent le son de leurs premières parties, on se pose la question qui tue : Sardou aurait-il poussé le vice jusqu'à pourrir la sono de sa propre première partie, qui n'est autre que lui-même ? C'est à croire. Et ça marche puisque le show principal se laisse dévorer à pleines oreilles. Merci à qui ? Simplement à Jacques Veneruso (que je n'avais pas reconnu, honte à moi), qu'on pourra continuer d'appeler le Goldman du pauvre, mais qui est toujours mille fois meilleur que le Barbelivien du riche.
La setlist se passe sans accrocs, peu de choses gênantes ou ennuyeuses, voire pas du tout, la plupart des titres du dernier album sont magnifiquement rendus (sauf la plus belle, "J'aurai voulu t'aimer", mais les "Non merci" et autres "La vie la mort etc" feront largement l'affaire, je vous rassure), et puis il y a quelques éléments vraiment drôles et accrocheurs. Par exemple un monologue de Sardou qui se moque gentiment de ses copains en disant "ils m'ont dit de me fringuer en cuir... et de me mettre au metal...". Pauvre hère qui n'y connait pas grand chose, du metal déjà tu fais ! Puisque cinq minutes plus tard tu te pâmes devant un solo de ton jeune gratteux qui se la pète Maiden/Petrouche/Rondat à fond les gamelles ! On ne t'en veux pas Michou, l'important c'est que ces solos-là soient présents, et bien présents, avec le gros son qui tâche (et ce même si le solo final du concert ressemble plus à une boulangerie qu'à autre chose). L'autre atout qui hisse le concert au-dessus du lot, c'est la désormais incontournable formation de cordes. Sardou nous les présente malicieusement en vantant leur beauté, c'est surtout leur homogénéité et la présence musicale qu'on retiendra au final : très rarement sirupeux (il en faut toujours un peu), le mini-orchestre délivre des parties dynamiques, parfois même à contre-courant des sempiternelles nappes faciles qu'on aurait pu craindre, et se sent aussi impliqué que les rockeurs. Aucune raison donc de bouder son plaisir puisque musiciens "rock" et "classique" sont pour une fois en vraie osmose et pas seulement greffés l'un sur l'autre. En fait c'est le genre de double-formation qu'on aimerait revoir à l'occasion d'un autre concert... Voulzy par exemple ? Ce ne serait pas génial ça, hm ?)
Bref, ce concert d'une durée presque parfaite (on regrettera que Musulmanes ne soit que bien, et pas excellente... je pinaille), il est bon, vraiment bon, et soyons clair : si vous voulez un live de Sardou, autant que ce soit celui-là. L'image est à mi-chemin entre parfaite et nulle (mais moyenne n'est pourtant pas le bon adjectif), le son est assez lourd (trop pour certains), mais on passe un moment vraiment chouette, tout celà étant dû à Veneruso, certes, mais aussi à l'enthousiasme retrouvé de Sardou pendant son dernier album, car si icelui était réussi, c'est simplement parce que pour une fois, et là je le cite quasiment, Mich' voulait faire les choses bien parce qu'il en avait envie. C'est ce qu'il nous apprend dans le documentaire inclus ici, 25 minutes plus intéressantes que la moyenne, avec des passages drôles (notamment Eddy Mitchell qui nous confirme ses récents penchants pour le chant en chewing-gum), et puis aussi avec son nouveau patron, Pascal Nègre. Et cet ersatz d'homme important de nous attrister une fois de plus. Tentant par tous les moyens de ramener son métier au fric, aux pirates, aux ventes, aux pirates, aux millions, aux pirates, et à VOUS, car oui, VOUS qui lisez ce site, vous êtes sûrement un PIRATE, il réussit à se plaindre de ne plus vendre des millions d'albums. Je le cite (texto, lui) : "Un million d'albums... ah ça on en verra de moins en moins, ca va devenir rare". Cette phrase unique, avec le ton qui va "bien", a failli me faire sortir le DVD pour le balancer par la fenêtre. Alors non, désolé, mais vous avez tout faux cher monsieur (enfin... pas tout à fait hélas, les meours n'évoluant pas toujours commeil le faudrait). Les gens qui lisent ce site ACHETENT leurs DVDs. Plein pot. Et ils doivent se taper d'interminables écrans anti-piratage que, je le répète à satiété, les vrais pirates RETIRENT de leurs copies. Moi, quand j'ai le choix entre un truc chiant à 25 euros et un truc pareil mais mieux et moins cher, je choisis quoi ? Ben le truc chiant. Parce que j'ai mes valeurs morales. Parce que plein de nos lecteurs les partagent. Et parce qu'à l'entendre, il en aurait presque le monopole ! La question est : les patrons de maisons de disques paient-ils leurs propres produits ?

Mais cessons de palabrer sur de telles futilités. Sardou a attendu 35 ans pour parler d'autre chose que de cul, désormais il parle d'amour. Alors on pourra toujours trouver qu'il s'est assagi, que les nouvelles chansons sont gnangnan et moins identitaires que par le passé; c'est possible, mais en attendant, 80% des chansons de "Du plaisir" s'écoutent à l'air libre sans honte aucune, ce qui était loin d'être le cas des autres albums. Vous échapperez même à la baveuse "Rivière de notre enfance" reléguée au rang de bonus anecdotique. Bref, peu de raisons de ne pas oser franchir le pas. Surtout que la première partie étant mise à part dans l'authoring, vous pouvez vous permettre de l'ignorer royalement d'un mouvement du pouce. Et quand on pense que l'un des inoubliables temps forts du concert est la magnifique rendition d'"Espérer" (encore une nouvelle chanson, eh oui), écrite par le fiston Sardou avec cordes à frissonner et refrain imparable, on peut penser que la carrière musicale de la famille n'est peut-être pas terminée, loin de là. Sauf si Pascal Nègre s'en mêle, bien évidemment. Parce que oui, j'ai oublié de vous dire : l'album était fini avant que Mr Excel n'appose une signature sur le moindre contrat. La réussite du DVD n'est donc dûe qu'aux artistes jouant dessus, ce qui est la moindre des choses. Achetez ce disque, vous n'enrichirez peut-être pas les bonnes personnes, c'est vrai, mais au moins, vous puerez le bonheur à trois concerts à la ronde.

18 & 19 février 2005 - Palais des Sports (Paris)


01. Les bals populaires
02. Les ricains
03. En chantant
04. Le rire du sergent
05. Le temps des colonies
06. La java de Broadway

07. Du plaisir
08. Marie-Jeanne
09. Chanteur de jazz
10. Je ne suis pas mort, je dors !
11. Les hommes du vent
12. Je vais t'aimer
13. J'accuse
14. Je n'oublie pas
15. Non merci
16. La vie, la mort etc
17. Le privilège
18. Un accident
19. L'aigle noir
20. Une fille aux yeux clairs
21. Je m'en souviendrai sûrement
22. Les villes de solitude
23. Espérer
24. Loin
25. Musulmanes
26. Les lacs du Connemara
27. Salut
28. Dis-moi
29. La rivière de notre enfance - Bonus


Michel Sardou - Chant   
   Laurent Coppola - Batterie
Jean-Philippe Hann, André Hampartzoumian - Guitare   
   Jacques Vénéruso - Guitare et docteur prod'
Jean-Marc Haroutiounian - Basse   
   Emmanuel Guerrero, Jean-Marie Negozio - Claviers
Angéline Annonier, Virginie Constantin, Delphine Elbe - Choeurs   
   Caroline Collombel, Iglika Pandjarova - Strings
Gwenaelle Chouquet, Claire Lisiecki, Cécile Brillard, Nathalie Carlucci - Strings
Audrey Bocahut-Blanchet, Florence Hennequin - Strings