Joli spectacle très bien rendu, technique à la hauteur de l'attente, spectacle assez gentil pour vos têtes blondes

Note globale


Quelques prestations vocales et/ou chansons très représentatives de notre chère Nouvelle Scène, musiciens excellents hélas passés au second plan

Editeur : Universal / Barclay
Durée totale : 2 h 35

- - (PCM)

Image        PAL

Paroles en sous-titres
Making-of de l'album (52 min)
Backstage (24 min)
Clip de Le Soldat Rose (3 min)

La définition et la compression sont des modèles du genre. Même en mode zoomé, tout est superbe, sans aliasing, avec des couleurs hyper-chaudes. La réalisation est un poil plan-plan (petit, le poil) et les rajouts animés pas toujours heureux, mais dans le genre c'est bien plus qu'efficace, ou fonctionnel : c'est très joli, simplement.
Oubliez immédiatement la piste Dolby Digital 5.1 totalement ratée de A à Z. La stéréo est chaleureuse et précise, et la DTS, sans casser des briques par paquets de douze, se montre parfaitement à l'aise dans l'exercice : public très présent, quelques spatialisations, réverb magnifique.
La succession de tableaux est tributaire du talent de ses interprètes. Dans ce domaine, c'est très hétéroclite, et vous passerez de la bonne surprise à la mauvaise blague. Mais pour les enfants, il n'y a pas grand-chose à retirer, ce qui est déjà un exploit en soi.
Des documentaires gentils, sympathiques, intéressants. Et donc appréciables. Mais il leur manque l'essentiel, heureusement que l'humour les sauve. Les paroles en option sont un gros plus, félicitations.

Voilà comment ne pas se fouler. Comment ne pas prendre de risques. Comment faire du typique à la française : du très tiède pour enlever le goût sans heurter qui que ce soit. On donne des victoires au Soldat Rose en 2007 car il est sorti fin 2006, rentrant donc in extremis dans le créneau ; puis en 2008 on en redonne une au DVD sorti le DEUX JANVIER 2007. Ca c'est courageux. Ca c'est de l'éclectisme, coco. Ceci voudrait insinuer que le Soldat Rose est le meilleur DVD de l'année, donc qu'il est meilleur que le Eddy Mitchell, que le Jean-Michel Jarre, que le Michel Polnareff et que le Ange... Ah excusez-moi, on me souffle en régie qu'iceux n'ont même pas été nominés ! Mais il est vrai, qu'attendre d'une institution qui glorifie un DVD de Noir Désir au détriment des DVD somptueux de, excusez du peu, Zazie (pas encore noté), Calogero (9/10) et Alain Chamfort (9/10) ? C'est à désespérer de la culture musicale de ce pays, mais, croyez-moi, nous n'allons pas en rester là sur ce sujet. Bon, ce coup de gueule passé, reste donc le cas de ce Soldat Rose, conte musical signé Louis Chédid, réunissant moults chanteurs de l'ancienne et nouvelle générations, et qui est clairement vu comme le successeur officiel d'Emilie Jolie. Pas seulement de par leurs similitudes, mais aussi parce qu'au niveau du grand public, rien de tel n'avait été proposé en 26 ans. Et donc, malgré nos préjugés plutôt négatifs (une surmédiatisation n'est jamais favorable), qu'en est-il de ce conte ?
Eh bien c'est plutôt pas mal. Déjà, il faut bien se rappeler qu'il s'agit d'un conte pour enfants, à prendre tel quel. Si l'histoire semble bateau (un petit garçon la veille de Noël se cache parmi les jouets d'un grand magasin pour échapper à ses parents), il faut avouer qu'elle correspond parfaitement au cœur de cible : les jouets devenant animés, ils dressent une série de portraits musicaux, un par chanteur. Emilie Jolie, vous avez dit ? Oui, clairement, mais le principe est assez sympathique, les enfants pouvant s'émerveiller tour à tour, le lieu d'action leur étant aussi familier qu'âprement désiré (fantasme de gosse : tous les jouets à-moi-tout-seul), tandis que les parents savoureront plutôt les prestations diverses d'artistes hétéroclites.
Evidemment, chaque personnage a été calqué sur le chanteur. Ainsi Cabrel fait du Cabrel, Souchon fait du Souchon et ainsi de suite, pas avec une réussite totale mais de relatives ressemblances. Même Chédid se glisse dans la peau d'une panthère noire, lui qui avait déjà incarné un raton laveur 26 ans auparavant. Sur ce principe, nous avons quelques surprises bienvenues : par exemple, l'idée de transformer les guitares manouches de Sansévérino en tchou-tchou de locomotive est simplement géniale (et fonctionne du feu de Dieu), de même Bénabar apporte au personnage du chimiste son côté distant et clownesque qui pouvait le rendre si insupportable sur album, et si attachant ici. Vanessa Paradis campe une poupée de chiffon, nous dévoilant ses adorables gambettes sur fond de texte polémiste (peut-être un poil déplacé dans un tel spectacle, ou plutot angéliste : à huit ans, l'idée d'un boycott altermondialiste ne survit pas plus de deux heures après le spectacle. De toutes façons c'est Vanessa Paradis, vous comprendrez pas la moitié des phrases.)... Jusqu'à l'inévitable gamin héros de la comédie qui s'en sort bien, étant même trop peu présent (un duo supplémentaire n'aurait pas fait de mal).
Pas mal de moments sympathiques donc (surtout pour les enfants qui trouveront ici un spectacle plus coloré, plus vivant et plus équilibré que le Emilie Jolie version 2000), et bien sûr les inévitables grincements de dents : quelques représentants de la Nouvelle Scène Française typiques ("plus on chante mal et plus c'est authentique"), Matthieu Chédid dont la voix est à la limite du supportable sur bien des phrases (Messieurs les bergers Corses, pitié, arretez d'apprendre la soul music à des brebis, ça inspire nos jeunes chanteurs !), et Shirley, oui, ZEU Shirley, qui ne devrait plus jamais approcher un micro de chant de toute sa vie - c'est à la limite de la pire prestation vocale de TOUT ce site, tous genres inclus. Si on veut rester dans le négatif (vous ne croyiez tout de même pas qu'il n'y aurait que du parfait ?), il faut avouer que la fin est en-deça des possibilités, avec un triple rappel un poil redondant (mais sauvé par une idée de mise en scène ultra-sympa), et côté histoire des "retrouvailles-minute" qui sont totalement Not Credible pour reprendre un pote. Bienheureusement, l'idée de la voix de magasin (très bonne Catherine Jacob) est si astucieuse qu'elle ferait passer un éléphant entier en mode coloscopie.
Un bon travail sur un DVD peut-il faire naître un élément perturbateur ? La réponse est oui et nous ne pouvons pas passer à l'inévitable technique sans soulever un dernier, incontrôlable mais bien réel point négatif. Le son en DTS est très réussi. Non seulement quelques notes et effets réussissent à passer sur l'arrière, mais la clarté du son est exceptionnelle (surtout la batterie). Et donc on entend parfaitement le public. Qui est une plaie. Et je ne parle pas des enfants, là, mais bien des parents qui représentent le parfait public Français typique : ça applaudit TOUT LE TEMPS, toujours de la MEME FACON, et bien plus grave, JAMAIS SUR LE BON TEMPS ! C'est catastrophique au point de donner des envies d'attentat kamikaze au bout de la troisième chanson, d'autant qu'ils montrent le mauvais exemple à leurs rejetons. Incroyable qu'une salle ENTIERE ne soit pas foutue de compter jusqu'à DEUX pour taper bêtement dans leurs mains. Les chanteurs sur scène en sont gênés et ne peuvent plus compter que sur les musiciens (très bons, très capables, et tous grimés, y compris le bassiste déguisé en... Leland Sklar !). Une seule chanson est correctement portée par le public : celle où le jeune héros applaudit sur le contre-temps pour "chauffer la salle". C'est là un raccourci terriblement représentatif de l'état de la musique en France : gosse de onze ans contre salle de mille personnes, gamin wins.
Cela mis à part, soyons réalistes : la victoire de la musique n'était peut-être pas méritée mais image et son n'ont pas à rougir. Le DTS est comme on l'a vu très immersif, la stereo très propre, seul le Dolby 5.1 est raté dans les grandes largeurs (le contraste avec le DTS est hallucinant). La mise en images, sobrement effectuée par "Aouicap", bénéficie de couleurs superbes, d'une définition à tomber, et le format 4/3 ne m'a pas plus choqué que ça (c'est au départ un programme enfantin destiné à la télé !). Petit plus : les paroles peuvent être affichées en sous-titres, ce qui est particulièrement bien vu. Mais cela n'est pas le seul bonus : ces derniers durent plus longtemps que le programme principal ! Outre un clip, mignon mais tiré d'une chanson relativement faible, on trouve aussi deux making-of totalisant 75 minutes. Et encore une occasion de gueuler !

Non pas qu'ils soient ennuyeux. Ils n'ont rien de sensationnel, mais se laissent gentiment regarder, il y a de la bonne humeur, on apprend des choses, et Vanessa Paradis commet une gaffe monumentale franchement hilarante (pour résumer : "eh, t'as même mis dans le costume un ballon pour paraître plus gros !" "euh... non non..."). Et quasiment tous les chanteurs sont interviewés. Et c'est bien ça le problème, encore une fois carrément typique de notre pays. Les chanteurs. L'auteur. Le compositeur. Le metteur en scène. Le décorateur. Le concepteur graphique. Tous parlent. Sauf les musiciens. 75 minutes de making-of et vous n'entendrez pas un seul musicien, que ce soit studio ou live, s'exprimer ne serait-ce que dix secondes. Alors que ce sont pourtant EUX qui font le plus gros boulot du spectacle ! Pour eux, pas de pause, c'est 75 minutes non stop, et pas le droit de se planter. C'est navrant. D'autant plus que pour une rare fois, ils sont présents sur scène ! Une dernière preuve de notre manque chronique de culture musicale, dont ce DVD regorge. Et pourtant, le résultat final n'arrive pas à m'énerver : vos gamins seront enchantés, le DVD a été soigné, les textes de Pierre-Dominique Burgeaud regorgent de malignes trouvailles, la mise en scène est sympatoche... Le seul problème qui pointe à l'horizon est que nos têtes blondes vont être confrontées très jeunes à notre Nouvelle Scène Française tant abhorrée, mais ne vous inquiétez pas : de mon temps, Emilie Jolie ne m'avait pas donné envie de découvrir Mitchell ou Voulzy. Et pourtant... Si nos yeux d'enfants disparaissent toujours trop tôt, le bon goût ne se développe que bien plus tard. De là à dire que c'est lié, je n'aurai pas la cruauté...


25-03-2008

12 novembre 2006 - Le Grand Rex (Paris)


   Catherine Jacob
01. La voix de grand magasin
   Jeanne Cherhal
02. La valse des étiquettes
   Raoul Le Pennec
03. Le monde des grands est trop petit
   M
04. Le soldat rose
   Sanseverino
05. Tout le monde se presse
   Shirley & Dino
06. Chien et chat
   Albin de la Simone
07. Comme les pièces d'un puzzle
   Francis Cabrel
08. Gardien de nuit
   Vanessa Paradis
09. Made in Asia
   M
10. A demi-mot
   Bénabar
11. Pour faire la colle à coeur brisé
   Louis Chédid
12. La panthère noire en peluche
   Alain Souchon
13. Lunettes bleues, lunettes roses
   Cherhal, Bénabar, Paradis, Sanseverino, Chédid
14. Un papa, une maman
   M, Céline Bary
15. Love, love, love
   Collectif
16. Love, love, love - final
17. Love, love, love - rappel (!)


(et eux uniquement, histoire de rétablir l'équilibre)

Patrice Renson - Batterie, choeurs   
   Antoine Dijol, Bertrand Commere - Guitare, choeurs
Hervé Legeay, Hervé Pouliquen - Guitares manouche (chapeau les gars !)   
   Dominique 'Gandalf' Grimaldi - Basse, choeurs
Xavier Tribolet - Claviers, choeurs   
   Emma Chédid, Anna Chédid, Céline Bary - Jolies choristes