Un groupe soudé et souriant, de très bonnes chansons, un chanteur parfait, une technique enthousiasmante

Note globale


Manque de bonus, mais surtout de ce tonus tourbillonnant qui caractérisait le groupe jusqu'à V

Editeur : Inside Out
Durée totale : 2 h 14

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Image        PAL

Galerie de photos avec extraits des albums (16/9, 13 min)

Une image pas parfaite mais qui fait rudement plaisir à voir ! Les couleurs sont un peu baveuses et lassantes, mais elles sont chaudes. La définition est très agréable, la synchro image/son est parfaite (c'est pas toujours évident), dommage que les caméras soient un peu trop en libertééééé, ouïa ouïa ouïa...
Il manque un côté gros son, une sorte de ciment, mais le son global du groupe est parfaitement respecté. Le 5.1 est un peu étouffé lorsque tout le monde joue, mais les passages acoustiques ou en duo sont délicieusement spatialisés, là aussi ce n'est pas la perfection mais un réel plaisir.
Excellente balance entre anciennetés et nouveautés, très peu de redites avec le DVD précédent, voire avec le CD live de l'année dernière, même les fans de chaque instrumentiste pourra se régaler. Par contre le "flow" des chansons entre elles n'a pas la carrure d'un Dream Theater.
Juste une gallerie photos un peu trop lente et avec peu de photos vraiment inédites. Mais au moins les néophytes auront-ils un medley instrumental de tous les albums, et il y a une photo d'Alan en mode "Jean-Pierre Bacri" qui vaut l'achat à elle seule.

Ce n'est pas pour réveiller subitement l'intérêt pour le site, mais la saison 2007/2008 en matière de DVD musicaux s'est montrée particulièrement prolixe. Et pas qu'en quantité. Quelques jeunes talents nous ont livré un premier DVD bénéfiçiant des progrès naturels dans ce domaine, mais il y a également eu une vague de "remakes" : des artistes confirmés qui ont remis le couvert pour délivrer un DVD supérieur à ses ancêtres, au moins techniquement. Le premier Spock's Beard avait souffert des outrages du temps : budget minimal, 4/3 étriqué, et surtout son mono honteux. Bien des choses ont changé dans leur camp : Neal Morse est parti ailleurs voir s'Il y était ("ça vous épate hein ?"), le batteur D'Virgilio a donc pris sa place, et le groupe a depuis sorti trois albums, beaucoup plus rock'n'roll et jazz-rock que les Morseries d'antan, au grand dam de certains mais aussi pour la joie d'autres voyant ainsi naître un groupe ressemblant beaucoup moins aux habituelles formations de prog ricaines.
Voici donc une nouvelle cuvée censée remplacer l'ancienne mixture : deux fois plus d'albums, une technique deux fois supérieure, avec un public deux fois plus nombreux en théorie. Tout était réuni pour faire un vrai carton... Et pourtant ce n'est pas encore tout à fait ça. C'est fou le nombre de petits détails qui peuvent faire la différence entre excellence et génie. Et il faut vraiment les mettre bout à bout pour qu'ils deviennent compromettants. Si on dissèque la bête, on ne voit rien, la carcasse est magnifique, c'est en l'autopsiant qu'on découvre des choses. Sur le papier, tout va effectivement pour le mieux. Techniquement d'abord, les progrès sont assez stupéfiants. 16/9ème, assez classe, bien défini, aux couleurs un peu baveuses mais ô combien supérieures au bleu monochrome pourrave de 1999 ; la réalisationest un peu chaotique, avec quelques cadrages ratés, mais le montage tente (et réussit souvent) de donner au tout un cachet professionnel. Le son est passé en stéréo, mais oui mais oui, propre en prime, et ce n'est pas tout, le 5.1 est également de la partie ! Un peu décevant lorsque tout le groupe joue, mais isolant les arpèges et percussions chaque fois que l'occasion est trop belle. Le public (voir plus loin, entendre encore plus loin) n'est pour une fois pas terriblement mixé, mais rien que les arpèges Genesisiennes de Nick sur la première chanson procurent de le plaisir à pu savoir qu'en fout'. Un vrai DVD d'un vrai groupe, quoi.
La setlist fait déjà l'objet du premier reproche, et pourtant ce n'est pas faute d'être excellente. Sur 9 albums existants, le groupe a pioché dans 7 d'entre eux, ce qui est déjà beau en soi, et oublie équitablement un album période Morse et un période NDV. Et les anciens titres ne sont pas moins bien joués que les nouveaux. Alleluhia, God be Praised ! Enfin un groupe qui n'a pas honte de son passé ! Et si le dernier album est beaucoup plus représenté, lui qui souffre de terribles longueurs, les morceaux qui en sont extraits font partie des tous meilleurs. Une setlist en or ? Argent seulement, car le groupe s'oriente plus vers des délires jazz-rock qui leur conviennent un peu moins bien que le reste, avec Skeletons... un peu trop bordélique, et deux extraits d'albums solo qui auraient pu être avantageusement remplacés par la version complète de The Water (fuck yooouuuuu !) ou un Thoughts part I en fidèle compagnon de sa suite iconoclaste.

Le son du groupe a forcément changé, et là aussi la théorie était à leur avantage. Le batteur Jimmy Keegan, en plus d'être un peu taré, est d'un excellent niveau (même si honnêtement il ne peut soutenir la comparaison avec D'Virgilio, chaque match entre eux deux se terminant par un KO à la Ivan Drago). La paire Al/Dave n'a pas changé, assurant donc une cohérence parfailte entre passé et présent. Dave est... Dave. Le bassiste de l'enfer. Prof de guitare de son petit frère, Alan Morse peut enfin exploser seul, avec sa technique de jeu aux doigts inimitable et aussi fluide qu'expérimentale, parfois bruitiste. Ryo Okumoto lui n'est pas un peu taré. Il est complètement siphonné. Il n'y a qu'à le voir sur un solo sauter à pieds joints sur le piano derrière lui, faisant le grand écart a la Rick Wakeman mais... à la verticale ! Mais surtout, il est techniquement meilleur pianiste que Neal Morse, à la base : études classiques, presque jamais de fausses notes contrairement au marsouin de bénitier, maîtrise plus poussée de l'orgue Hammond et des vieux synthés.

Enfin Nick, en plus d'être pianiste honnête et très bon guitariste rythmique (et donc occasionnellement second batteur fabuleux), est aussi bien meilleur chanteur que Neal : il a plus de peps, est beaucoup plus juste, plus régulier, et a plus de soul. Et pourtant, il manque un ingrédient. Tout ça est nickel, on ne peut pas dire qu'ils ne mettent pas du cœur à l'ouvrage, il n'y a pas de triche ou si peu, la virtuosité est là, mais on a un léger sentiment de compression, d'un son plus organique, plus chaud, mais cruellement moins rond. Peut-être qu'en partant, Neal Morse a emporté avec lui ces fameuses couches de gros synthé digital qui sonnaient kitsch seules, mais donnaient à l'ensemble des chansons cette couleur sonore si groovy, si pompeuse, si enthousiasmante. Le groupe est meilleur qu'en 1999, mais si on laisse parler le cœur, il est aussi un peu moins bon.

Deux autres microscopiques poils de cul de fourmi sont encore à déplorer. Le DVD est soigné, belle technique, joli fourreau, prix extrêmement honnête, on en est surpris de voir que c'est Inside Out (qui est en train de rattraper leur retard, peut-être consciente qu'augmenter les budgets finira par payer, ne serait-ce que sur DvDreamScape !). Le hic c'est le bonus : juste une gallerie photo, longue, animée, présentant des tas d'extraits de tous les albums, c'est génial mais c'aurait été un bonus fabuleux voilà dix ans. De nos jours, c'est un peu maigre, surtout que niveau émotion c'est loin de valoir l'extraordinaire clip d'adieu présent sur "The making of Snow". Mais un bonus, c'est un bonus. C'est donc en plus. Ce n'est pas vital. En revanche, un live, donc un enregistrement en public, comporte lui un ingrédient essentiel. Ben ouais. Un enregistrement en public, c'est enregistré, mais surtout c'est en public. Et ledit public sur ce DVD est incroyablement laborieux. Déjà, il est peu nombreux, mais alors vraiment peu. Trop peu pour un groupe d'un tel calibre. Ensuite, ça fait la gueule. Allez savoir pourquoi. Enfin, c'est peut-être (sûrement ?) dû au mixage, mais on ne l'entend que quand a) c'est le début de la chanson, b) c'est la toute fin que José Garcia donne le top pour applaudir, ou c) Nick leur hurle un "come on" des familles. Autrement, c'est effrayant ce que ça manque de vie. Ca ne bouge pas d'un poil, ça ne danse pas (à part les filles, mais bon, les filles dans les publics de progressif c'est comme les Prix Nobel dans le lectorat des magazines People), toutes les manifestations bruyantes de la canaille régicide sentent le commandé, ou le coupé (pas le rajouté, c'est déjà çà). Et là non plus, on ne peut pas accuser le groupe de ne pas faire l'unanimité, car ils sont bons, ils plaisent, ils déconnent, ça l'fait. Mais comme rajouterait le grand Eddy ; ça l'fait... mal !

Alors bon, on est triste, on a la larmichette au noenoeil, on ravale sa colère et on se dit que c'est dommage, que Spock's Beard avait tout pour être grand, que des groupes qui peuvent pondre un "Rearranged" trois albums après le départ de leur über-leader ça court pas les rues, que décidément tout cela est fort désobligeant. Ce serait oublier qu'on a comparé génie et excellence, pas génie et génie-fer. Ce serait oublier que le groupe reste à la fois unique et talentueux. Ce serait oublier que la première chanson possède des passages limite pourris, mais également un refrain tuant qui est une parfaite introduction à un album, un live, un best-of, un clafoutis, n'importe quoi. Ce serait oublier que plein de chansons de ce live nous ont carrément mis la patate, que le chanteur est décidément trop doué, qu'un live avec tant d'atouts qui n'a QUE sept est la preuve ultime qu'on est dans l'âge d'or des DVD musicaux. Ce serait, enfin, oublier qu'on attendait ce disque avec impatience, que ça signifie donc qu'on aime ce groupe, et que tous ces petits défauts ne cacheront pas la forêt. Maintenant, le top serait le concert de 1999 avec la technique de 2008, mais si on va par là, tous les DVD de ce site devraient avoir 10/10 car tous devraient être parfaits. Et qu'est-ce qu'on s'ennuierait ! Alors un son pas assez costaud d'un côté, un public amorphe de l'autre, des petits chouïas de ci-de là, des broutilles, et au final, elle n'est pas belle, elle n'est pas top-model, elle n'est pas parfaite. Mais qu'est-ce qu'elle est mignonne, nom de Dieu ! Oh, pardon Neal...


27-06-2008

2007 - De Boerderij (Zoetermeer, Pays-Bas)


01. On a perfect day
02. In the mouth of madness
03. Crack the big sky
04. The slow crash landing man
05. Return to whatever
06. Surfing down the avalanche
07. Thoughts (part II)
08. Drum duel
09. Skeletons at the feast
10. Walking on the wind
11. Hereafter
12. As far as the mind can see
13. Rearranged
14. The water / Go the way you go


Nick D'Virgilio - Chant, batterie, guitare, claviers   
   Alan Morse - Guitare, chant, choeurs
Dave Meros - Basse, guitare, claviers, choeurs   
   Ryo Okumoto - Claviers, choeurs
Jimmy Keegan - Batterie, choeurs