Grandiose musique, soin des costumes et paroles, oeuvre fascinante

Note globale


Mise en images parfois douteuse, problème de playback/overdubs affaiblissant l'impact

Editeur : Eastgate Music
Durée totale : 1 h 58

- (PCM)

Image        PAL

Répétitions (9 min non st)
Backstage (3 min non st)
Danse dans les bois (3 min)
Interviews (17 min non st)

Les couleurs sont chaudes, les prises de vue fluides, mais on note de trop grands nombres d'effets "Scoubidou" qui rendent le tout plus kitsch qu'il ne devrait l'être, ainsi qu'un cruel manque de crédibilité. Non-musiciens, vous n'en serez pas gênés, c'est en net progrès par rapport aux DVD précédents.
La stéréo du CD souffrait d'un côté brouillon, pas assez défini, le PCM y est donc fidèle. Si le 5.1 n'apporte pas de définition, il laisse la part belle à quelques effets rares mais précieux et une atmosphère surround générale tout à fait convaincante.
Splendide symphonie d'un autre âge, Inferno malgré une certaine linéarité présente une beauté musicale concrète et intense, dans laquelle il faut le laisser aller sans aucune arrière-pensée. Une grande réussite à la hauteur des attentes immenses que suscitaient un projet aussi colossal.
Une ode à Iris Camaa (arrêtez de baver, c'est crade !), des répétitions, et des interviews non sous-titrées (hélas !) mais qui ont l'intelligence de présenter différents points de vue, y compris Bianca Acquaye, chanteuse, peintre, parolière et pivot du spectacle.

Aux dernières nouvelles (mais j'ai pas regardé la télé depuis la mort de Roger Gicquel), ce serait notre vieux copain Dieu qui aurait créé le Ciel et les Enfers. Mais pourquoi diable (hu hu) LES enfers ? Serions-nous, humains, si profondément mauvais qu'il a eu besoin de plusieurs Enfers pour tout stocker ? Vous connaissez déjà mon opinion sur le sujet : si Dieu pouvait sous-traiter avec les humains pour l'aider un peu, ce 21ème siècle regorge tellement de futurs diablotins fourchus qu'il faudrait rapidement se reconvertir dans le bâtiment. D'ailleurs, dans notre beau pays laïque, on ne parle pas des Enfers mais de le Enfer, que tout seul. Eh ben c'est marrant (sic), mais c'est pas crédible. Peut-être parce que, même sans l'avoir lu, chacun sait à travers les écrits de Dante que si Enfer il y a, multiple il est, formé de cercles concentriques plongeant à chaque niveau de péché plus profond au sein des flammes volcaniques, jusqu'en bas, à la cite de Dité, aux remparts cyclopéens renfermant les plus sordides et abjects assassins et blasphémateurs. C'est un peu comme chez nous en fait : il y a la périphérie, puis la banlieue, et on finit à l'Elysée. Brrrr...
Dante a donc marqué l'histoire de la littérature à travers trois longs poèmes narrant sa recherche de Dame Béatrice à l'aide du poète défunt Virgile, commençant par l'Enfer, pour remonter (à coups de poils de Lucifer) au purgatoire, et finir au paradis. S'attaquer à une telle oeuvre requiert déjà des reins solides, Tangerine Dream a fait bien plus fort en dédicaçant un album à chacun des trois tomes ! Et deux d'entre eux sont des doubles ! C'est donc sur cinq CDs qu'ils ont couché l'odyssée spirituelle de Dante, chaque partie ayant fait l'objet d'un live avec costumes et scène chaque fois plus forts. Et après la vision et surtout l'écoute de cet Enfer, on n'a qu'une envie : que les deux autres sortent, vite.
Musicalement, à quoi s'attendre ? A du très bon. A du très très beau. Mais surtout à de l'original. Ni classique, ni electro, ni opéra, ni minimaliste, mais un peu tout ça à la fois, Inferno est un album à part dans la discographie du groupe : ce n'est ni le TD des années 70 (séquenceur "Phaedraesque" exclus), ni le TD des musiques de film, ni le groupe de neo-techno-prog-metal des années 90 : Tangerine Dream s'est ici réinventé, ne se fixant aucune limite. Inferno est donc une seule longue pièce de 78 minutes, assez contemplative, majoritairement chantée (en diverses langues) par de magnifiques chanteuses dans un style opératique MAIS supportable par n'importe qui, et qui assurent aussi un chœur féminin tout du long. Les mélodies sont rares, et tres lentes. Elles n'en sont que plus magnifiques. Pour être honnête, les jeunes qui de nos jours lisent Dante pour y trouver de l'action et des diables crachant le feu sont forcément déçus, ils doivent entamer une quête spirituelle de par eux-mêmes pour apprécier le génie de cette œuvre. Pour le CD, c'est exactement la même chose. Inferno est une œuvre cérébrale, tripale, intensément magnifique, et elle méritait bien son inclusion dans notre partie "classique" : c'est une véritable symphonie, d'un nouveau genre.
La sortie de cette œuvre majeure en DVD était d'autant plus attendue que le décor avait été soigné : le concert a été enregistré sur deux jours devant les murs d'un ancien château allemand, avec toutes les chanteuses magnifiquement habillées et maquillées, et un parterre de spectateurs médusés devant les jeux de lumière et le décor, ainsi que quelques fumigènes et éclairs qui pètent pendant la partie "volcanique". Débutons par ce qui vous fera plaisir : le son est soit en PCM (avec les mêmes petits soucis que sur le CD), soit dans un 5.1 absolument délicieux. Il est moins démonstratif que prévu, mais vos enceintes arrières seront bel et bien sollicitées ; tout en douceur, tout en finesse, ici des percussions, là les pads de synthé qui partent de devant et terminent leur course langoureusement dans votre dos, un régal. Maintenant, l'image. C'est ici que ça se gâte un peu. Déjà vous avez pas mal d'incrustations video plus ou moins pertinentes, et pas mal kitsch, mais ça, il fallait s'y attendre. Le vrai problème est ailleurs : Inferno est la première inclusion dans Tangerine Dream d'Iris Camaa. Un adorable petit animal qui danse, qui chante (pas très bien), qui joue des percus, qui sourit tout le temps et qui est d'une fraîcheur hallucinante : la regarder trente secondes, c'est prendre une grande bouffée d'oxygène. Le souci, c'est qu'elle a beau se démener, ses percussions ne correspondent pas à ce qu'on entend.

Playback ? Ou overdubs ? Difficile à dire. D'apres les fans de TD, ce seraient des overdubs, et encore, ce serait dû à un mixage pas parfait. Traduisant en langage fan/français, j'en conclus donc que c'est du playback. Mais le vrai souci, c'est que ces désynchros bien voyantes mettent le doute sur le reste : il est plus que clair que Edgar Froese et son fils Jerome ne jouent pas vraiment, il n'y a pas un mouvement de main qui corresponde, ni en mélodie, ni en accompagnement, ni en gros plan, ni en plan large. Du coup, ça jette même le discrédit sur les chanteuses : on ne sait plus ce qui est live, si tant est que quoi que ce soit fût live d'ailleurs. Du coup, ce DVD est très agréable, mais pas pour les musiciens, ce qui est un comble. Quelle est la différence avec des disques comme Enchant ou Van Halen ? Simplement que si vous n'etes pas musicien, il y a de fortes chances que ces soucis de crédibilité vous passent au-dessus, complexité de la musique aidant, et que vous n'ayiez plus qu'à profiter du spectacle qui, même fraudé, même un peu bancal visuellement, est beau et intense. Cher, rare, ce DVD est malheureusement plus propice à être écouté que regardé, ce qui n'etait sûrement pas le but premier recherché par Edgar. Note punitive ? Moui. Il faut dire que c'est l'excellence que nous recherchions. Et nous étions si près de la trouver. Comme Dame Béatrice.


13-04-2007

23 & 24 août 2002 - Castle Nigedden (Cologne, Allemagne)


01. Before the closing of the day
02. The spirit of Virgil
03. Minotaurae hunt at dawn
04. Those once broke the first word
05. Dante in despair
06. Io non mori
07. Vidi tre facce
08. At the deepest point in space
09. L'Omperador del doloroso regno
10. Voices in a starless night
11. Fear and longing
12. Fallen for death
13. Where all light went silent
14. Charon, il barchere
15. La grey de los almas perdidas
16. Justice of the karma law
17. As the sun moves towards heaven
18. Beatrice, l'âme infinie


Edgar Froese, Jerome Froese - Claviers, programmation   
   Iris Camaa - Percussions, chant
Jayney Klimek, Bianca Acquaye - Chant alto   
   Claire Fouquet - Chant mezzosoprano
Barbara Kindermann, Jane Monet, Diane Miller - Chant soprano