La technique franchement bonne, deux-trois chansons plutôt bien jouées

Note globale


Un live non seulement foiré, mais en plus totalement inutile. Gardez vos sous pour d'autres concerts qui sont "pareil mais bons"

Editeur : Eagle Vision
Durée totale : 2 h 16

 - -

Image        PAL

Un livret condescendant, donc drôle. Après coup.

Ca a été filmé en HD, et ça se sent : la définition est tout simplement exceptionnelle ! Les couleurs sont chaudes et naturelles, la réalisation n'est pas mauvaise. Malheureusement, les arrière-plans souffrent terriblement de la compression excessive dûe au DTS. Dommage, certains plans méritent largement le dix.
Oubliez la piste stéréo à tout prix ! Elle est brouillonne et a autant de pêche qu'Alan White, c'est dire. Préférez la piste 5.1 qui n'est pas spatialisée mais est largement plus chaude et claire. Possesseurs de home cinema, le DTS n'est pas plus spatialisé mais rajoute à cette chaleur des basses profondes et enveloppantes.
Il y a vingt ans, une telle setlist aurait déjà été taxée de facile et passéiste. Que dire maintenant que nous avons YesSpeak, YesSymphonic, House of Yes, Keys to Ascension, YesAcoustic, Songs from Tsongas ?!?
Rhô, y faut qu'je compte le livret, c'est tellement croquignolet, avec tous ces gens qui soutiennent Mordicus qu'ils ont passé un bon moment ce soir-là... Dire que c'était un 14 juillet, cocorico, pour une fois la musique française n'avait pas à rougir.

PARESSEUX, n.m.

Le paresseux est un petit mammifère herbivore provenant d'Amérique tropicale. Vivant principalement dans les grands arbres, son espérance de vie ne dépasse que très rarement les 40 ans. Ainsi un paresseux né en 1967 arrive en 2007 en fin de vie.

Il tient son nom de son mode de vie opulent et nonchalant : passant la majorité de son temps à manger et déféquer, le paresseux est connu dans le monde entier pour ses siestes de 18 heures par jour et l'extrême lenteur de ses pas en avant.

"Ph'nglui mglw'nafh Pro-hgrokh Montreux wgah'nagl fhtagn". La malédiction de Claude Nobs a encore frappé. Et cette fois, ça ne servait à rien : une malédiction sur un mort, c'est futile. L'adage funeste se vérifie une nouvelle fois : quand un groupe non jazz se produit au festival de Montreux, c'est délicat et souvent raté. Pourquoi Yes a-t-il pris le risque ? Par amitié pour Nobs et Montreux en général : ça fait trente ans que Yes et la Suisse connaissent une belle histoire d'amour, et pourtant ils n'avaient jamais eu l'occasion de se produire au festival. Alors, pendant leur tournée européenne, ils se sont dit "pourquoi pas ?". Et le spectateur de se dire... "pourquoi moi ?".
La première chose que l'on remarque dans ce DVD, avant même de l'enfourner sauvagement dans la fente, c'est évidemment le petit livret qui l'accompagne. Où l'on ne tarit pas d'éloges sur ce concert "fabuleux", "pas comme les autres", "mémorable" et j'en passe. Ca, mémorable, ce concert l'est, assurément. C'est qu'on n'en voit pas tous les jours, des morts en direct sur scène. Qu'avons-nous à l'écran ? Deux équipes. D'un côté, 4000 personnes qui applaudissent (enfin, 3999 maximum, de source sûre !), de l'autre, 5 papys croûlants avec leur bavoir et leur GPS pour pas qu'ils se paument dans les coulisses, Spinal Tap way-of-life. A gauche, la vie, les sourires, et sûrement 75 centilitres de vodka en intraveineuse avec du Prozac dilué pour pouvoir supporter autant de molesse (la prochaine fois que vous sortez en boîte, demandez un "JLD", ça fracasse bien). A droite, des millionaires payés pour jouer des notes. Mais quelles notes au juste ? Les leurs. Mais surtout pas celles des voisins.
Est-ce une explication à ce naufrage ? On dirait que les cinq musiciens se foutent complètement de ce que le copain joue. Il n'y a aucune cohésion de groupe, impression renforcée par le mixage curieux de la guitare et des synthés, qui se chevauchent au lieu de se marier harmonieusement comme avant (et avouez que Rick Wakeman qui chevauche Steve Howe, c'est une vision de cauchemar que même Pasolini et Deodato n'ont pas osé). Wakeman justement, c'est bien le seul qui s'en tire encore, et qui force le respect quand sur Awaken il nous refait le coup du grand écart. Les autres sont pathétiques à force d'indigence. Steve Howe est pire que dans Songs from Tsongas, Squire continue de se prendre pour un rocker mais foire impitoyablement toutes ses tentatives de "power chord de la mort" (à la place on a le rôt d'un chaton castré), et ne parlons même pas d'Alan White, parce qu'il a beau être à l'image, je ne peux pas affirmer qu'il était vraiment présent au concert. Non, franchement pas. Et Anderson dans tout ça ? Il tente de sauver les meubles, comme d'habitude, mais on sent que le cœur n'y est plus. Le DVD ayant été censuré, on aura même droit à un odieux biiiip lorsqu'il prononce probablement l'unique "fuck" de toute sa carrière. Et c'est bien regrettable, parce niveau nouveautés, c'était bien la seule de la soirée.

Ah oui, il faut bien aller au fond des choses : non contents de massacrer leurs chansons dans des versions ineptes et brouillonnes (la mise en place, mon Dieu quelle catastrophe !), faisant durer certaines parties instrumentales avec une auto-indulgence qui confine au mépris, ils se permettent de délivrer une setlist à peu près autant burnée que Vincent MacDoom. A part Show Me et deux extraits de Magnification, visez un peu le tas de chansons rabâchées un milliard de fois ! On a l'impression que Yes a sorti trois albums dans sa carrière ! Ce DVD est le septième sorti depuis 1996 et ils trouvent encore le moyen de nous infliger Roundabout, Siberian Khatru, And you and I, All Good People et tout le toutim. Sur le lot, seuls And You and I et Awaken sont jouées de façon satisfaisante pour le plaisir du fan de Yes. J'ai dit : plaisir, pas curiosité. L'ambiance dans le public est bonne, l'image est brillante, le son chaud, mais tout ça est parfaitement vain. Jusque là, le chroniqueur impartial qui sommeille en moi avait été indulgent, mais maintenant la coupe est pleine : encore un DVD de Yes comme celui-là et l'un des groupes les plus mythiques de l'histoire du rock finira sa carrière sur un beau zéro pointé. Quant on pense que dorment dans les cartons deux live télévisés de 1991 et 1994, autrement plus percutants, il y a de quoi pleurer de rage. Mais on n'en fera rien. Ce n'est pas digne de pleurer, à un enterrement.


11-05-2007

14 juillet 2003 - Festival de Montreux (Suisse)


01. Siberian Khatru
02. Magnification
03. Don't kill the whale
04. In the presence of...
05. We have heaven
06. South side of the sky
07. And you and I
08. To be over
09. Clap
10. Show me
11. Rick Wakeman solo medley
12. Heart of the sunrise
13. Long distance runaround
14. The fish
15. Awaken
16. I've seen all good people
17. Roundabout


Jon Anderson - Chant, guitare   
   Steve Howe - Guitare, pedal steel, choeurs
Rick Wakeman - Claviers   
   Alan White - Batterie, choeurs
Chris Squire - Basse, choeurs